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L'idée de bannir les voitures polluantes des villes a du mal à démarrer


L'idée de bannir les voitures polluantes des villes a du mal à démarrer
PARIS, 13 juil 2012 (AFP) - L'idée de bannir les véhicules les plus polluants des centres-villes, prônée par le Grenelle de l'Environnement, a du mal à démarrer alors que la nouvelle ministre de l'Ecologie veut revoir les modalités du dispositif jugé "trop rigide et socialement injuste".

Les "Zapa" pour "zones d'actions prioritaires pour l'air" avec interdiction d'entrer en centre-ville pour les camions, camionnettes, bus, voitures et motos, les plus vieux et donc les plus polluants, avaient été annoncées en avril 2011 par le précédent gouvernement. Elles devaient être mises en place cet été.

"C'était sorti un peu à la hussarde, il fallait faire vite vis-à-vis des particules et de l'Europe", a souligné à l'AFP Michel Reppelin, vice-président du Grand Lyon chargé de l'amélioration de la qualité de l'air.

Lyon s'était portée volontaire avec Paris, Bordeaux, Grenoble, Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand et Saint-Denis en région parisienne. La plupart ont demandé des délais supplémentaires pour mettre le projet en oeuvre, alors que plane la menace de lourdes sanctions européennes contre la France pour ses nombreux dépassements des limites d'émissions de particules fines dans les villes.

Les villes tests devaient rendre vendredi un premier rapport au ministère. Mais après l'annonce jeudi par la nouvelle ministre Delphine Batho de la révision des critères du dispositif, Bordeaux a renoncé à envoyer un document en soulignant que des "études étaient encore en cours". Lyon n'a envoyé qu'un rapport intermédiaire et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a adressé une lettre à la ministre avec des propositions.

On pourrait ainsi "accorder deux ans de gratuité de transport collectif à quelqu'un qui abandonne un véhicule jugé trop polluant de façon définitive ou autoriser temporairement un véhicule polluant s'il y a trois personnes à l'intérieur" a suggéré à l'AFP Denis Baupin, ex-adjoint au maire de Paris en charge de l'écologie.

Modélisations

A Aix-en-Provence on planche sur des modélisations de scénarios incluant le covoiturage et la piétonisation de certains quartiers. Pour Lyon il existe déjà un plan de protection de l'atmosphère limitant la circulation des poids lourds au coeur de l'agglomération.

"On voudrait du sur-mesure qui tienne compte des différences locales", a insisté le responsable lyonnais qui a dénoncé, avec les autres acteurs volontaires du projet, la discrimination sociale du classement des véhicules visés, fixé par décret.

Les véhicules les plus anciens appartiennent souvent à des jeunes ou à des artisans de PME-PMI qui n'ont pas les moyens pour les renouveler.

En Allemagne, où 56 villes appliquent déjà des restrictions de circulation, "l'acceptabilité sociale a été réglée en accordant des délais supplémentaires de six mois à deux ans pour les personnes au chômage, à la recherche d'un emploi et qui n'ont pas les moyens d'acheter une voiture neuve", a expliqué à l'AFP Joëlle Colosio, chef du service qualité de l'air de l'Agence pour l'environnement (Ademe).

Plus de 180 villes dans 9 pays de l'Union européenne ont mis, certains depuis 2006, des dispositifs en oeuvre et "cela a permis de baisser le nombre de jours de dépassement de la valeur limite des émissions de particules", a-t-elle ajouté.

En France, ce type de pollution est responsable de 40.000 décès prématurés par an, selon le ministère de l'Ecologie.

"Les problèmes de santé publique devront aussi être abordés dans le groupe de travail que va constituer le ministère et auquel je demanderai à participer" a noté Michel Reppelin, "car il ne faudrait pas que cela se fasse uniquement entre techniciens".

Rédigé par AFP le Vendredi 13 Juillet 2012 à 05:52 | Lu 491 fois