L'hypnose de plus en plus utilisée comme outil thérapeutique


PARIS, 16 avril 2011 (AFP) - "Je n'y crois pas", "je veux garder le contrôle", "ça ne marche pas pour moi" : l'hypnose, qui emmène entre veille et sommeil, fait encore un peu peur, mais elle est aujourd'hui de plus en plus utilisée comme outil thérapeutique.

En France, la forme dominante est l'hypnose ericksonienne, du nom du psychiatre américain Milton Erickson, qui est souple, non directive, et se définit comme "un état de conscience naturel" qui respecte le patient et s'adapte à lui.

Traditionnellement l'hypnose s'adresse à des gens en difficulté psychologique ou émotionnelle (dépression, troubles du sommeil, phobies, addictions), rappelle le docteur Claude Virot, qui dirige le centre de formation Emergences, à Rennes.

Mais elle sert aussi à ceux qui souffrent de douleur chronique ou aiguë, les aidant à "modifier le vécu de la douleur", comme dit la psychologue Isabelle Ignace. La branche douleur aiguë s'est beaucoup développée récemment, selon Claude Virot.

Elle est ainsi de plus en plus utilisée par les dentistes, au bloc opératoire en complément d'anesthésies locales, dans des maternités comme celle de l'hôpital Robert Debré, voire par les services d'urgence.

Franck Garden-Brèche, médecin urgentiste pendant 15 ans, s'est formé à l'hypnose pour "limiter l'absorption de drogues morphiniques ou sédatives" ou contrôler le stress.

Il cite l'exemple d'une personne accidentée, incarcérée dans sa voiture. "On introduit une transe hypnotique pour gérer la douleur pendant le geste technique", dit-il. On accompagne ensuite la personne pendant le temps de la désincarcération. "Dans la transe hypnotique il y a une distorsion du temps : la personne va vivre un événement de deux heures comme s'il ne durait qu'une demi-heure".

Après cette phase aiguë, l'hypnose peut être utilisée pour prévenir l'apparition du syndrome de stress post-traumatique ou pour le traiter, "comme une psychothérapie".

Dans l'hypnose, le choix des mots est essentiel. Ne pas dire avant une piqûre "ça ne va pas faire mal", ce qui fait penser à la douleur, mais "parler d'autre chose", dit Franck Garden-Brèche. "Ca crée une confusion : pendant ce temps l'aiguille pique, et comme le patient était focalisé sur le mot décalé, il n'a rien senti".

Pour les douleurs plus fortes, on détourne l'attention en emmenant le patient "dans un endroit où il se sent en parfaite sécurité, qu'on appelle un lieu sûr". On induit "un état de conscience modifié, entre l'état de veille et l'état de sommeil, où l'esprit décroche", dit l'urgentiste.

Ainsi l'Antillaise Darina, maman depuis peu, raconte que la sage-femme formée à l'hypnose qui l'accompagnait lors de l'accouchement l'a "fait partir sur quelque chose qu'(elle) aimait", en l'occurrence "la plage, chez moi". "J'étais heureuse", dit-elle. "L'hypnose, c'est le muscle de l'imagination", dit joliment Isabelle Ignace.

Selon Claude Virot, l'hypnose se développe notamment dans le champ des fécondations in vitro, où elle augmenterait les taux de réussite.

Mais elle fait encore peur : la transe est assimilée à celle des vaudous, on pense qu'on va être sous l'emprise de l'hypnothérapeute, qu'on va être manipulé.

Au contraire, il s'agit d'aider à "retrouver le contrôle sur soi, retrouver de la liberté", dit Isabelle Ignace. L'hypnose est fondamentalement de l'autohypnose, puisque, soulignent des hypno-thérapeutes, "la personne se met elle-même dans cet état, sans être forcée à rien".

Le thème du forum de la Confédération francophone d'hypnose, en juin, est : "Osez une mixité thérapeutique, osez faire entrer l'hypnose dans votre pratique quotidienne".

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Rédigé par Par Christine COURCOL le Samedi 16 Avril 2011 à 06:23 | Lu 1067 fois