PIRAE, mercredi 10 avril 2013. En déménageant en 2010 de Mamao vers le Taaone, les 1695 personnes qui y travaillent et les patients qui y séjournent ont gagné en espace et en modernité. Le Centre hospitalier du Taaone est clairement un établissement du XXIe siècle avec un équipement de haute technicité, mais ce bond en avant présente un revers bien embarrassant. Ainsi, les coûts de fonctionnement du bâtiment ont été clairement sous-évalués : 300 millions de Fcfp de coûts électriques supplémentaires et près de 50 millions de Fcfp de coût de maintenance en plus qu’il a fallu sous-traiter à des entreprises spécialisées. Après deux années d’exercice, les responsables de la gestion de cette «cathédrale» de béton, de verre et de métal, symbolisée par sa nef monumentale en guise de hall principal, savent précisément quels sont les besoins financiers d’un tel établissement à la fois sur le plan matériel et humain face à la mission de santé publique qu’il assure. Or, alors que le Centre hospitalier a vu ses coûts d’exploitation exploser, son activité progresser de 25% entre 2010 et 2012, dans le même temps, la dotation globale de fonctionnement versée par le Pays pour l’hôpital a fait la culbute inverse. Sur un budget annuel d’environ 20 milliards de Fcfp, la dotation du Pays qui avait déjà été rognée de 865 millions en 2012 est de nouveau rabotée de 500 millions de Fcfp en 2013. «La dotation globale de fonctionnement budgétée par le Pays pour le CHPF est de 13,2 milliards en 2013 soit 500 millions de moins qu’en 2012. Cette dotation est équivalente à celle obtenue en 2009» précise Jean-Marie Savio, secrétaire général du CHPF.
La quadrature d’un cercle vicieux
Un retour en arrière, au temps du site de Mamao qui inquiète d’autant plus quand on sait que le bâtiment vaste et clair, qui ne propose en fait que 40 lits supplémentaires, est extrêmement dépensier en énergie notamment : la facture électrique du Taaone est de 85 millions de Fcfp par mois. Cette facture ne se réduira de manière significative qu’avec la mise en service du SWAC (sea water air conditionning) prévue pour 2015.
Pour éviter les déficits accumulés et autres cessations de paiement du CHPF qui ont émaillé l’actualité en 2012, il a fallu resserrer toutes les vis et prévoir des économies. Pas sur le volume de personnel qui a très peu évolué de Mamao au Taaone : à peine une trentaine de recrutements d’un site à l’autre pour assurer les nouvelles activités médicales du nouveau CHPF ; mais sur le reste, à savoir une réduction des consommations d’énergie, la fourniture en oxygène (assurée désormais sur place) ou le traitement des déchets de soins. Au total, le budget 2013 a prévu environ 270 millions de Fcfp d’économie. Enfin, l’équilibre budgétaire du CHPF en 2013 s’appuie sur une mesure radicale : l’augmentation des tarifs des soins envers les non ressortissants de la CPS qui progressent de 49%. Dans le même temps, l’investissement est à zéro, l’ouverture de nouveaux services de soins est nulle alors que la demande existe.
Pour éviter les déficits accumulés et autres cessations de paiement du CHPF qui ont émaillé l’actualité en 2012, il a fallu resserrer toutes les vis et prévoir des économies. Pas sur le volume de personnel qui a très peu évolué de Mamao au Taaone : à peine une trentaine de recrutements d’un site à l’autre pour assurer les nouvelles activités médicales du nouveau CHPF ; mais sur le reste, à savoir une réduction des consommations d’énergie, la fourniture en oxygène (assurée désormais sur place) ou le traitement des déchets de soins. Au total, le budget 2013 a prévu environ 270 millions de Fcfp d’économie. Enfin, l’équilibre budgétaire du CHPF en 2013 s’appuie sur une mesure radicale : l’augmentation des tarifs des soins envers les non ressortissants de la CPS qui progressent de 49%. Dans le même temps, l’investissement est à zéro, l’ouverture de nouveaux services de soins est nulle alors que la demande existe.
Le RSPF grippe la machine
Mais un budget reste un document financier théorique. Tout ce travail d’équilibriste n’aura servi à rien si les versements d’argent prévus par les dotations ne suivent pas. A ce titre, les versements liés au RSPF (régime de solidarité de Polynésie française) sont les plus cruciaux. En 2012, les retards de paiement de l’hôpital vers certains fournisseurs étaient liés à l’arrêt du financement par le Pays du RSPF. D’autant que le nombre des ressortissants du fait de la crise ne cesse de s’accentuer. Au point que les financements du RSPF représenteraient désormais près de 20% du budget total du CHPF. Au 2nd semestre 2012, il y a eu jusqu’à près de 3 milliards de Fcfp d’arriérés de paiement. «Toutes les dettes de 2012 ont été soldées en ce début d’année 2013 grâce à une avance de trésorerie de 1 milliard accordée par le Pays en fin d’année dernière. Actuellement les délais de paiement du CHPF sont normaux. La volonté de la direction est que ce budget 2013 soit un budget de transition avec un gros effort de maitrise des coûts afin de repartir sur des bases assainies en 2014» détaille encore Jean-Marie Savio.
Les agents du CHPF sont beaucoup moins optimistes, à l’image du docteur Gilles Soubiran, représentant syndical du personnel : «l’hôpital du Taaone souffre de deux maux conjoints : le sous-financement chronique et le rythme de trésorerie lié au paiement du RSPF». Ce régime de solidarité est en déficit : au moins 1 milliard de Fcfp atteint à la fin de l’année 2011 (les derniers chiffres officiels publiés), peut-être le double en 2012. Aussi le représentant syndical redoute une redite des difficultés de l’an dernier. Fin 2012, la trésorerie de l’hôpital a été sauvée in extremis par une avance de trésorerie versée par le Pays via une aide exceptionnelle de l’Etat. Qu’en sera-t-il en 2013 ?
Les agents du CHPF sont beaucoup moins optimistes, à l’image du docteur Gilles Soubiran, représentant syndical du personnel : «l’hôpital du Taaone souffre de deux maux conjoints : le sous-financement chronique et le rythme de trésorerie lié au paiement du RSPF». Ce régime de solidarité est en déficit : au moins 1 milliard de Fcfp atteint à la fin de l’année 2011 (les derniers chiffres officiels publiés), peut-être le double en 2012. Aussi le représentant syndical redoute une redite des difficultés de l’an dernier. Fin 2012, la trésorerie de l’hôpital a été sauvée in extremis par une avance de trésorerie versée par le Pays via une aide exceptionnelle de l’Etat. Qu’en sera-t-il en 2013 ?
Le SWAC pour 2015 ?
Le sea water air conditionning (SWAC) est la promesse d’une baisse drastique de la facture électrique du CHPF du Taaone. Ce système de climatisation par l’eau froide, puisée en profondeur de l’océan, est un projet important. L’investissement évalué à près de 3 milliards de Fcfp sera réalisé par le Pays qui a obtenu en décembre dernier deux prêts de 900 millions de Fcfp chacun de l’AFD (agence française du développement) et de la BEI (banque européenne d’investissement). Le financement est complété d’une subvention de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) de 357 millions de Fcfp. La part restante environ 700 millions de Fcfp viendra des ressources financières du Pays. Avec la mise en service de ce SWAC, dès la première année d’exploitation, le CHPF devrait obtenir 250 millions de Fcfp d’économie nette sur ses factures électriques, tout en remboursant sur 15 ans, les prêts accordés pour le financer. Les études de maitrise d’ouvrage devraient être lancées prochainement. Le SWAC pourrait être mis en service dès 2015 car les grosses infrastructures ont été réalisées au moment même de la construction du CHPF.
Le sea water air conditionning (SWAC) est la promesse d’une baisse drastique de la facture électrique du CHPF du Taaone. Ce système de climatisation par l’eau froide, puisée en profondeur de l’océan, est un projet important. L’investissement évalué à près de 3 milliards de Fcfp sera réalisé par le Pays qui a obtenu en décembre dernier deux prêts de 900 millions de Fcfp chacun de l’AFD (agence française du développement) et de la BEI (banque européenne d’investissement). Le financement est complété d’une subvention de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) de 357 millions de Fcfp. La part restante environ 700 millions de Fcfp viendra des ressources financières du Pays. Avec la mise en service de ce SWAC, dès la première année d’exploitation, le CHPF devrait obtenir 250 millions de Fcfp d’économie nette sur ses factures électriques, tout en remboursant sur 15 ans, les prêts accordés pour le financer. Les études de maitrise d’ouvrage devraient être lancées prochainement. Le SWAC pourrait être mis en service dès 2015 car les grosses infrastructures ont été réalisées au moment même de la construction du CHPF.