L'ex-huissier de Moorea avait spolié la fortune de sa vieille tante


PAPEETE, le 26 septembre 2017 - Le procureur de la République a requis 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis, ce mardi, contre Patrick Rey, 57 ans, cet ancien officier de justice renvoyé en correctionnelle pour abus de confiance aggravé.

Le préjudice de la victime, une tante de 77 ans qu'il connaissait depuis l'enfance et dont il était très proche, est estimé à 52 millions de francs. L'argent provenait de la vente d'un terrain appartenant à la vieille dame, à Moorea. En 2010, après la perte subite de son mari, la matahiapo s'était retrouvée à la tête de ses affaires. Incapable d'assurer la gestion de l'entreprise, qui assurait la distribution de carburant sur l'île sœur pour le compte de la société Total, la retraitée s'était retrouvée en situation de liquidation judiciaire. Un terrain avait été vendu 131 millions de francs pour rembourser les créanciers à la demande de l'administrateur judiciaire de l'époque. Le reliquat, 83 millions de francs, lui revenant intégralement.

Débarrassée de ses dettes mais dépassée par tant d'argent à gérer, la vieille dame s'était naturellement tournée vers son jeune neveu, devenu homme de loi, et en qui elle avait toute confiance. L'argent avait fini sur le compte bancaire de l'huissier de justice, à la demande de la victime, s'est-il défendu, qui n'aurait pas voulu encaisser tant d'argent sur son propre compte de peur que sa progéniture en profite.

Détenu dans une affaire d'ice

Pendant quatre ans, Patrick Rey utilisera une grande partie de ces fonds pour ses dépenses quotidiennes mais aussi pour réaliser des travaux de viabilisation et d'aménagement sur ses propres terrains, du côté d'Opunohu. L'affaire avait éclaté en 2014 quand la matahiapo, pourtant censée être à l'abri du besoin, s'était présentée avec sa fille à la direction des affaires sociales pour s'inscrire au régime de solidarité. Une enquête de gendarmerie avait été ouverte pour découvrir comment la fortune de la septuagénaire, pourtant très peu dépensière, avait été dilapidée.

Les enquêteurs découvriront que non content de s'être fait remettre 25 millions de francs de gratification par son aînée pour s'occuper de la gestion de son pactole, l'huissier indélicat avait utilisé le solde du compte pour vivre et investir sur ses terrains. "Aujourd'hui ma cliente est entretenue comme elle le peut par sa fille, sa maison sur le terrain familial est en ruine, elle n'a plus de quoi se payer une baguette de pain", s'est offusqué son avocat, Me Usang. "S'il voulait gérer les intérêts de ma cliente, il aurait au moins pu rénover sa maison". Pour l'avocat de Patrick Rey, Me Quinquis, l'ancien huissier, en valorisant ses propres biens avec la fortune de sa tante, avait bien l'intention de la rembourser le temps venu : "Il y n'avait pas de papiers, pas de terme prévu de remboursement, c'était une relation de confiance".

L'ex-auxiliaire de justice avait curieusement attendu l'ouverture de l'enquête de gendarmerie, en 2014, pour tenter de faire signer à sa tante une attestation de garantie hypothécaire sur ses propres biens. Une manœuvre de plus pour le procureur de la République qui a requis 36 mois de prison dont 18 mois avec sursis contre le quinquagénaire, avec obligation de rembourser la victime. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 24 octobre prochain. A noter que Patrick Rey n'en a pas fini avec la justice. Il comparaissait détenu dans le cadre d'une autre affaire ce mardi, mis en examen et écroué début septembre dans un dossier d'importation d'1,2 kilo d'ice.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 26 Septembre 2017 à 18:45 | Lu 6536 fois