Crédit Theo Rouby / AFP
Nouméa, France | AFP | lundi 27/05/2024 - L'exécutif a fait un geste supplémentaire en Nouvelle-Calédonie, en programmant une levée de l'état d'urgence mais le calme reste très relatif après deux semaines d'émeutes, le couvre-feu maintenu et l'arrivée de nouveaux renforts de gendarmerie.
L'état d'urgence, instauré le 15 mai, sera levé mardi à 05h00 du matin (20h00 lundi à Paris), a annoncé l'Elysée.
La levée de ces mesures d'exception doit "permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS (principal mouvement indépendantiste, ndlr) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d'appeler à leur levée", a précisé la présidence dans un communiqué.
Parallèlement, l'envoi est annoncé "dans les prochaines heures" de "sept unités de forces mobiles supplémentaires, soit 480 gendarmes mobiles".
Sur place, le Haut-Commissariat de la République pour la Nouvelle-Calédonie a annoncé "le maintien des mesures à portée générale, notamment l'interdiction de tout déplacement sur la voie et dans les lieux publics sur l'ensemble du territoire de 18h00 à 06h00".
- Détonateur -
Des exceptions sont consenties pour les motifs de santé ou missions de service public, mais la vente d'alcool reste interdite, tout comme le transport et port d'armes - estimées à environ 100.000 dans l'archipel - et le Haut-Commissartiat signale 460 interpellations.
Au total, quelque 3.500 effectifs de forces de sécurité seront déployés sur cet archipel de quelque 270.000 habitants engagé depuis 1998 dans un processus d'émancipation de la tutelle française, et où des émeutes ont fait sept morts, dont deux gendarmes.
Le détonateur des troubles a été le vote à Paris d'une réforme prévoyant d'élargir le corps électoral local à environ 25.000 personnes établies depuis au moins dix ans en Nouvelle-Calédonie, un casus belli pour les indépendantistes qui demandent le retrait du texte.
Jeudi, le chef de l'Etat, en déplacement sur place, a annoncé qu'il n'y aurait "pas de passage en force" mais "pas de retour en arrière". Il avait conditionné la fin de l'état d'urgence à une levée des barrages sur les routes, ce qui n'est pas encore le cas partout.
En déplacement à Berlin dimanche, Emmanuel Macron a été amené à nuancer ses propos au Parisien publiés la veille sur la possibilité d'organiser un référendum national sur le dégel du corps électoral, qui ont suscité de nouvelles crispations dans l'île. Cette possibilité relève d'une simple "lecture de la Constitution" et n'est "pas une intention", a-t-il assuré.
Le chef de l'Etat veut donner priorité à un "accord global", incluant notamment l'avenir de la filière nickel. Il a donné jusqu'à fin juin aux indépendantistes et loyalistes pour esquisser le début d'une entente.
La nuit de dimanche à lundi dans Nouméa et son agglomération a été relativement calme, malgré des traces d'échauffourées visibles dans le quartier pauvre de la Vallée-du-Tir, a constaté une journaliste de l'AFP. Dans Nouméa, où les ordures s'amoncellent depuis deux semaines, le trafic a repris lundi avec de longs embouteillages, signe d'un certain retour à la normale.
"Le contrôle a été repris dans les quartiers du Médipôle (abritant l'hôpital, ndlr) et de Boulari dans la commune du Mont-Dore", au nord-ouest de Nouméa, a indiqué le Haut-Commissariat qui signale que 120 carcasses de voitures ont été enlevées sur cette zone et 600 gendarmes sont chargés de sécuriser l'accès à l'hôpital.
La route qui mène à l'aéroport international de Nouméa - La Tontouta, très dégradée par endroits, reste jonchée de carcasses de véhicules et l'aéroport, fermé aux vols commerciaux depuis le 14 mai, va le rester au moins jusqu'au 2 juin.
- "Sans ravitaillement" -
Le quotidien reste compliqué pour beaucoup d'habitants, avec notamment des écoles qui ne rouvriront pas avant mi-juin. "On travaille mais sans ravitaillement, il n'y a rien à faire", dit à l'AFP Kila Thomas, un employé de supermarché de 58 ans à La Tontouta, à 50 kilomètres au nord de Nouméa, ajoutant que sa famille survit grâce à leurs réserves alimentaires et se déplace à pied en raison des pénuries de carburant et des barrages.
Français et touristes étrangers coincés sur l'archipel doivent continuer à être évacués. Depuis le début de la crise, il y a eu plus de 1.200 personnes évacuées par avion, et 270 résidents calédoniens qui ont pu rentrer, selon le Haut-Commissariat.
"Des opérations de regroupement en interne" vers Nouméa ont été coordonnées par l'Etat français par avion ou bateau, depuis les îles Loyauté, l'île des Pins et Bourail, hauts lieux de tourisme au bord de lagons de rêve.
Lundi, ce sont les Polynésiens coincés en Nouvelle-Calédonie depuis deux semaines qui devraient pouvoir rentrer chez eux. Un premier retour de Calédoniens bloqués à Singapour est aussi prévu, selon la même source.
Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a admis samedi qu'"aujourd'hui, l'objectif principal du mouvement indépendantiste est d'apaiser les tensions et de trouver des solutions durables pour notre pays".
Les indépendantistes réclament toujours le retrait de la réforme constitutionnelle, qui a provoqué les pires violences en 40 ans et réveillé le spectre des "Événements" qui, de 1984 à 1988, avaient fait près de 80 morts et craindre la plongée de la Nouvelle-Calédonie dans la guerre civile.
L'état d'urgence, instauré le 15 mai, sera levé mardi à 05h00 du matin (20h00 lundi à Paris), a annoncé l'Elysée.
La levée de ces mesures d'exception doit "permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS (principal mouvement indépendantiste, ndlr) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d'appeler à leur levée", a précisé la présidence dans un communiqué.
Parallèlement, l'envoi est annoncé "dans les prochaines heures" de "sept unités de forces mobiles supplémentaires, soit 480 gendarmes mobiles".
Sur place, le Haut-Commissariat de la République pour la Nouvelle-Calédonie a annoncé "le maintien des mesures à portée générale, notamment l'interdiction de tout déplacement sur la voie et dans les lieux publics sur l'ensemble du territoire de 18h00 à 06h00".
- Détonateur -
Des exceptions sont consenties pour les motifs de santé ou missions de service public, mais la vente d'alcool reste interdite, tout comme le transport et port d'armes - estimées à environ 100.000 dans l'archipel - et le Haut-Commissartiat signale 460 interpellations.
Au total, quelque 3.500 effectifs de forces de sécurité seront déployés sur cet archipel de quelque 270.000 habitants engagé depuis 1998 dans un processus d'émancipation de la tutelle française, et où des émeutes ont fait sept morts, dont deux gendarmes.
Le détonateur des troubles a été le vote à Paris d'une réforme prévoyant d'élargir le corps électoral local à environ 25.000 personnes établies depuis au moins dix ans en Nouvelle-Calédonie, un casus belli pour les indépendantistes qui demandent le retrait du texte.
Jeudi, le chef de l'Etat, en déplacement sur place, a annoncé qu'il n'y aurait "pas de passage en force" mais "pas de retour en arrière". Il avait conditionné la fin de l'état d'urgence à une levée des barrages sur les routes, ce qui n'est pas encore le cas partout.
En déplacement à Berlin dimanche, Emmanuel Macron a été amené à nuancer ses propos au Parisien publiés la veille sur la possibilité d'organiser un référendum national sur le dégel du corps électoral, qui ont suscité de nouvelles crispations dans l'île. Cette possibilité relève d'une simple "lecture de la Constitution" et n'est "pas une intention", a-t-il assuré.
Le chef de l'Etat veut donner priorité à un "accord global", incluant notamment l'avenir de la filière nickel. Il a donné jusqu'à fin juin aux indépendantistes et loyalistes pour esquisser le début d'une entente.
La nuit de dimanche à lundi dans Nouméa et son agglomération a été relativement calme, malgré des traces d'échauffourées visibles dans le quartier pauvre de la Vallée-du-Tir, a constaté une journaliste de l'AFP. Dans Nouméa, où les ordures s'amoncellent depuis deux semaines, le trafic a repris lundi avec de longs embouteillages, signe d'un certain retour à la normale.
"Le contrôle a été repris dans les quartiers du Médipôle (abritant l'hôpital, ndlr) et de Boulari dans la commune du Mont-Dore", au nord-ouest de Nouméa, a indiqué le Haut-Commissariat qui signale que 120 carcasses de voitures ont été enlevées sur cette zone et 600 gendarmes sont chargés de sécuriser l'accès à l'hôpital.
La route qui mène à l'aéroport international de Nouméa - La Tontouta, très dégradée par endroits, reste jonchée de carcasses de véhicules et l'aéroport, fermé aux vols commerciaux depuis le 14 mai, va le rester au moins jusqu'au 2 juin.
- "Sans ravitaillement" -
Le quotidien reste compliqué pour beaucoup d'habitants, avec notamment des écoles qui ne rouvriront pas avant mi-juin. "On travaille mais sans ravitaillement, il n'y a rien à faire", dit à l'AFP Kila Thomas, un employé de supermarché de 58 ans à La Tontouta, à 50 kilomètres au nord de Nouméa, ajoutant que sa famille survit grâce à leurs réserves alimentaires et se déplace à pied en raison des pénuries de carburant et des barrages.
Français et touristes étrangers coincés sur l'archipel doivent continuer à être évacués. Depuis le début de la crise, il y a eu plus de 1.200 personnes évacuées par avion, et 270 résidents calédoniens qui ont pu rentrer, selon le Haut-Commissariat.
"Des opérations de regroupement en interne" vers Nouméa ont été coordonnées par l'Etat français par avion ou bateau, depuis les îles Loyauté, l'île des Pins et Bourail, hauts lieux de tourisme au bord de lagons de rêve.
Lundi, ce sont les Polynésiens coincés en Nouvelle-Calédonie depuis deux semaines qui devraient pouvoir rentrer chez eux. Un premier retour de Calédoniens bloqués à Singapour est aussi prévu, selon la même source.
Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a admis samedi qu'"aujourd'hui, l'objectif principal du mouvement indépendantiste est d'apaiser les tensions et de trouver des solutions durables pour notre pays".
Les indépendantistes réclament toujours le retrait de la réforme constitutionnelle, qui a provoqué les pires violences en 40 ans et réveillé le spectre des "Événements" qui, de 1984 à 1988, avaient fait près de 80 morts et craindre la plongée de la Nouvelle-Calédonie dans la guerre civile.