L'escalade des taux de crédit continue


Tahiti, le 12 juin 2024 – À l'occasion de sa dernière étude sur la conjoncture économique locale, l'Institut d'émission d'outre-mer rend compte d'une contraction de la production de crédits au 1er trimestre 2024.  Un coup de frein qui s'explique notamment par une hausse continue des taux moyens des crédits infligés aux particuliers et aux entreprises.
 
L'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM) est catégorique : au premier trimestre 2024, l'ensemble de la production de crédits en Polynésie française est en baisse. Une situation manifestée notamment par une production de crédits hors découvert en contraction de 22,6% en rythme annuel. Plus concrètement, cette conjoncture s'explique par un décroît conséquent de 19,5% de la production de crédits aux particuliers, principalement affectée par une baisse significative des crédits à l'habitat, soit -38,7% sur un an. Un phénomène qui trouve son origine dans un contexte de renchérissement du coût des projets immobiliers et de la hausse des taux d'intérêt. En revanche, il est à noter que les prêts personnels à la consommation reprennent : +4,8% après -5,2%.
 
Du côté des entreprises, et notamment des sociétés non financières, même son de cloche avec un repli de 25,3% de la production des crédits sur un an. Toutes les catégories de crédits contribuent d'ailleurs à ce mouvement : -42,8% pour les crédits à l'équipement, -41,1% pour les crédits immobiliers et -17,7% pour les crédits de trésorerie échéancée. Même si ces données sont à relativiser puisqu'elles s'avèrent néanmoins supérieures à la moyenne de la production des crédits des trois dernières années : 18,8 milliards de francs générés cette année contre une moyenne de 15,6 milliards de francs les trois années précédentes. Pour ce qui est des entreprises individuelles, le recul des crédits d'équipement (-19,6%) et des crédits de trésorerie échéancée (-50,3%) entraîne une diminution globale de la production de crédits à ces entreprises de 13,4% sur un an.
 
La hausse des taux moyens de crédit en cause
 
Si la production de crédits en Polynésie française est en baisse, la hausse des taux des crédits aux particuliers et aux entreprises joue un rôle non négligeable. En témoigne une hausse des taux moyens des crédits aux particuliers, notamment sur les découverts, qui progressent de 59 points de base sur trois mois pour atteindre un niveau record de 11,9%, contre 6,97% pour la France métropolitaine. Tout aussi important, le taux moyen des prêts personnels qui augmente à 6,34% et le taux moyen des crédits à l'habitat à 3,72%, soit les taux les plus élevés pour chaque catégorie ces cinq dernières années.
 
Une augmentation des taux moyens des crédits qui se retrouve également chez les entreprises en ce premier trimestre 2024. En effet, même si sa progression ralentit (+7 points de base sur trois mois, contre +22 points de base le trimestre précédent), le taux moyen des découverts atteint un point haut de 5,94%. De son côté, le taux moyen des crédits à l'équipement franchit la barre des 4%, ce qui représente un montant moyen de 49,7 millions de francs qui s'amortissent en moyenne sur onze ans. Le taux moyen des crédits de trésorerie échéancée, quant à lui, repart à la hausse pour s'établir à 5,10%. Pour ce qui est du taux moyen des crédits immobiliers, il augmente sensiblement pour atteindre 4,34%. À taux fixe dans leur très grande majorité, ils sont mis en place pour un montant moyen de 49 millions de francs sur une durée moyenne de 16 ans. Mais si l'augmentation des taux moyens des crédits aux entreprises est avérée en Polynésie française, il reste important de souligner qu'ils demeurent plus favorables qu'en Nouvelle-Calédonie et dans la France entière, sauf pour la trésorerie échéancée.
 
L'IEOM sur le coup
 
Alerté par une conjoncture économique au ralenti au premier trimestre 2024, le Conseil de surveillance de l'IEOM, qui s'est réuni le 30 mai dernier, a décidé d'abaisser les taux directeurs en application dans la zone franc Pacifique de 25 points de base à compter du 17 juin afin de doper l'activité économique. Concrètement, ce dernier a décidé d'établir le taux de réescompte à 3,85%, le taux de la facilité de dépôt à 3,75%, le taux des lignes de refinancement à 6 mois à 3,95% et le taux de la facilité de prêt marginal à 4,50%. L'objectif : baisser les taux d'intérêt pratiqués lors des prêts aux banques commerciales pour influencer le coût des prêts accordés par ces dernières aux emprunteurs.

le Mercredi 12 Juin 2024 à 16:09 | Lu 4356 fois