L'équipe de Radio Maohi était choisie et payée par la Présidence


La deuxième semaine du procès des emplois dits fictifs de la Présidence s’est achevée avec l’audition des « contrats-cabinet » mis à la disposition de Radio Maohi de 1998 à 2003. Directement rattachées au cabinet de Gaston Flosse, ces personnes travaillaient en fait pour l’association Radio Maohi, qui gérait la radio. Son ancien président, Jean-Christophe Bouissou, l’ancien directeur de la station, Franck Levaudi, ainsi que les journalistes et les techniciens employés à l’époque se sont succédés à la barre. Tous ont adopté la même ligne de défense : ils n’avaient pas vu à l’époque que leur statut posait problème.

Franck Levaudi a été embauché en 1998 par Gaston Flosse, « pour ses compétences en matière de radio» insiste cet ancien gérant de Radio 1. Pour la première fois de la matinée, Gaston Flosse, présent comme tous les jours au premier rang, lève les yeux de sa tablette électronique, et se fait attentif. « M. Flosse m’avait donné carte blanche, j’ai fait mon métier en faisant de radio Maohi une vraie radio », explique M. Levaudy, chiffres à l’appui : « j’ai fait de cette station sans audience la numéro un auprès des jeunes ». Mais ce n’est pas l’audimat qui intéresse la Cour. C’est le statut des salariés, tous dépendants du cabinet du président (accessoirement maire de la commune qui héberge Radio Maohi, Pirae). Elle est aussi très curieuse de connaître la ligne éditoriale de la radio.


Se "défendre" face à Radio Tefana

L'ancien directeur de Radio Maohi, Franck Levaudi
Comme Franck Levaudy, certains employés travaillaient à tiers ou à quart temps pour la radio. « Que faisiez-vous le reste du temps ? », demande le juge. « Je travaillais à la présidence et je faisais une analyse du contenu des radios locales », répond-il. Ces va-et-vient entre le service de communication de la présidence et Radio Maohi intriguent beaucoup le juge. « Radio Maohi, c’était en fait l’organe de communication de la Présidence? » s’interroge-t-elle. Franck Levaudy assure que non. La vocation de la radio était de parler des actions du gouvernement, « sans parti pris excessif »… Mais il fallait bien se défendre. « Rappelons nous de la diatribe répandue à l’époque par Radio Tefana (la radio du Tavini ndlr)» ! explique Franck Levaudi, en réponse aux questions de Tahiti Infos. « En réalité comme l’a dit JC Bouissou, la radio reflétait les actions du gouvernement et de la commune mais dans le cadre de journaux formatés », affirme-t-il, tout en assurant qu’il ne s’était « jamais posé la question » de la légalité de sa mise à disposition de cette radio par le gouvernement.



Même réponse du côté de Jean-Christophe Bouissou, l’ancien président de l’association. L’élu assure ne pas avoir vu de problème à ces recrutements, pour la plupart antérieurs à son arrivée à la radio. La présidente pose la question autrement. « Quels sont les liens juridiques entre une personne morale de droit privé, l’association Radio Maohi, et le cabinet de M. Flosse ? » Une question à laquelle Jean-Christophe Bouissou a du mal à répondre, et pour cause. Tout juste reconnaît-il que « le maire de Pirae était Gaston Flosse, et que forcément, on était influencés par sa ligne politique ». C’est d’autant plus vrai que les « journalistes » de la station étaient choisis, et payés par la présidence. Pour l'avocat de la partie civile, Maître Cariou, « on a vu ce matin de façon évidente que cette radio était l'organe de propagande de la Présidence».

Le procès reprend lundi matin. Gaston Flosse sera invité à s'expliquer à la barre.

Rédigé par F K le Vendredi 29 Avril 2011 à 16:06 | Lu 1680 fois