L'envers du monde : cinq documentaires, cinq visions, cinq débats à l'ISEPP


PAPEETE, le 19 mars 2015 - Pour sa quatrième édition, "L'envers du monde" continue de proposer documentaires ouvrant une nouvelle vision sur le monde et débats. Ouvert au public et gratuit, l'événement commence lundi prochain à l'ISEPP.

Du 23 au 27 mars, un documentaire sera ainsi projeté tous les soirs dans le grand amphi de l'ISEPP à 18h. Chaque film sera suivi d'un débat contradictoire entre des invités connaissant le thème abordé, et animé par des journalistes professionnels. Tout est gratuit.

Cet évènement, "L'envers du monde", en est à sa quatrième édition. À son origine, il a été créé par deux passionnés de documentaires, tombés amoureux de cet autre regard sur le monde grâce au Fifo : Pierre Ollivier et François Paul-Pont. Les cinq documentaires choisis pour cette édition 2015 sont :


Lundi 23 mars : Internet, la pollution cachée

Réalisé par Coline Tison et Laurent Lichtenstein

"Aujourd'hui, 247 milliards de mails transitent chaque jour par la toile. Quelle énergie le permet ? Propre en apparence, le monde virtuel est en réalité aussi polluant qu'énergivore. Si Internet était un pays, il serait le cinquième consommateur mondial d'électricité. Mais ces besoins, immenses, se heurtent à la diminution des ressources énergétiques. Voyage dans les «datacenters», usines de stockage qui fonctionnent jour et nuit, qui vont être les centres névralgiques de la prochaine guerre de l'économie numérique. Certains grands groupes, comme Google ou Apple, ont réagi en construisant de nouveaux centres, utilisant des énergies renouvelables. La Toile pourrait-elle être, à l'inverse, à l'origine d'une troisième révolution industrielle ? "


Mardi 24 mars : Alerte au mercure

Réalisé par Sophie Bonnet

"Le mercure se trouve partout, dans les produits d'hygiène, les jouets en plastique, les ampoules à économie d'énergie, les poissons, les amalgames dentaires. En effet, ce métal à l'état liquide est encore utilisé par les industriels en raison de ses nombreuses propriétés chimiques. Pourtant en 2007, l'OMS l'a classé parmi les dix substances les plus toxiques. Des études font désormais le lien avec des maladies neurologiques comme Alzheimer ou la sclérose en plaques. La plupart des pays européens ont adopté des mesures pour limiter son utilisation. Mais les autorités françaises tardent à réagir. Durant de longs mois, une équipe a enquêté dans les cabinets dentaires, les usines de recyclage d'ampoules et les poissonneries. Les résultats sont inquiétants. Après l’omniprésence de l’aluminium, L’Envers du Monde s’intéresse cette année à une autre source lente d’empoisonnement qui concerne assez directement la Polynésie en raison de la concentration croissante de mercure dans la chair du thon mise en évidence par des chercheurs américains de l’Université du Michigan."


Mercredi 25 mars : La Guerre des brevets

Réalisé par Hannah Leonie Prinzler

"Aux États-Unis, des femmes atteintes d’un cancer du sein ont mené une croisade juridique victorieuse contre Myriad Genetics. En brevetant deux gènes dont la mutation conjointe révèle une prédisposition au développement d’un cancer des ovaires, le laboratoire s’était assuré un monopole sur les tests de dépistage, mettant potentiellement en danger la vie de patientes dans l’incapacité d’assumer le coût de l’examen. Alors que les lois sur les brevets ont été imaginées pour protéger les appareils et procédés techniques, comment expliquer que 20 % des gènes humains tombent aujourd’hui sous le coup de droits d’exclusivité d’exploitation en Amérique ? Pour David Martin, spécialiste de la propriété intellectuelle, le tournant a eu lieu dans les années 1980 quand, dépassés par le Japon en nombre de brevets déposés, les États-Unis ont révisé leur législation. En supprimant l’obligation de prouver la mise en application d’une invention et en autorisant la brevetabilité de la recherche universitaire, ils ont ouvert la voie à une confiscation (provisoire) du savoir : une situation à l’origine d’un différend entre pays riches et pays en développement. Ces derniers militent, entre autres, pour un accès aux médicaments à des prix abordables. C’est le cas notamment de l’Inde qui, en plus de payer des licences, se voit contrainte de protéger ses ressources traditionnelles – du riz basmati aux postures de yoga –, pour éviter que d'autres ne les brevètent... "


Jeudi 26 mars : Nature, le nouvel eldorado de la finance

Réalisé par Sandrine Feydel et Denis Delestrac

"Combien vaut la pluie dans la forêt amazonienne ? 240 000 000 000 $. La barrière de corail à Hawaii ? 600 000 $ par km². Combien vaut la nature ? Combien peut-elle rapporter ? Les experts financiers mesurent la valeur des ressources naturelles et se présentent comme défenseurs de la planète, ou du moins font semblant d’être du côté des défenseurs de la planète. Le documentaire «Nature, le nouvel eldorado de la finance» pose cette question : les ressources naturelles sont-elles des marchandises comme les autres ? À l'heure où l'on craint le pire pour la biodiversité, ce documentaire révèle la financiarisation croissante des ressources naturelles par les banques et les investisseurs privés. Très édifiant ! Résumé : De plus en plus de sociétés financières et d’assurances attribuent un coût à la nature. Des banques et des fonds d’investissements profitent de la raréfaction des ressources et de la disparition programmée de certaines espèces animales pour acheter de véritables réserves qu’ils transforment en produits boursiers potentiellement spéculatifs. Interrogeant des financiers, experts et penseurs, les réalisateurs ont enquêté sur ce système qui soulève des questions morales et pourrait mener à une nouvelle crise financière."


Vendredi 27 mars : L’urgence de ralentir

Réalisé par Philippe Borrel, sur une idée originale de Noël Mamère

"Comment, dans un monde où l’accélération s’impose en règle, des initiatives émergent pour redonner sens au temps et inventer de nouveaux modèles pérennes. «Course suicidaire et inconsciente», selon Edgar Morin, l'accélération financière et technologique, déconnectée du rythme de l’homme, mène notre système à l'épuisement et vers des catastrophes tout à la fois écologiques, économiques et sociales. Mais alors que des algorithmes accentuent de manière exponentielle la spéculation financière hors de tout contrôle, aux quatre coins de la planète des citoyens refusent de se soumettre au diktat de l'urgence et de l’immédiateté, pour redonner sens au temps. En Europe, aux États-Unis, en Amérique Latine ou encore en Inde, Philippe Borrel (Un monde sans humains ?) est allé à la découverte de ces initiatives, individuelles et collectives, qui proposent des alternatives basées sur d’autres paradigmes. À rebours du «train fou» du modèle dominant, des alternatives citoyennes, qui rejoignent les analyses de philosophes, sociologues, économistes et scientifiques, pourraient bien être les pionnières du monde de demain. Autant de gestes qui remettent l’homme au cœur du système. "

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 19 Mars 2015 à 15:52 | Lu 1484 fois