Narbolia, Italie | AFP | lundi 27/07/2015 -Des milliers de panneaux solaires brillent sous le soleil de Sardaigne. Autant de témoins de l'engagement de cette île italienne défavorisée en faveur d'un secteur qui suscite aussi les convoitises du crime organisé.
Dans toute l'Italie, des villes et des villages adoptent l'énergie hydroélectrique, géothermique, les éoliennes ou les panneaux solaires grâce aux généreuses subventions de l'Etat, véritable tentation pour la mafia ou des hommes d'affaires véreux.
La Sardaigne, fameuse pour ses plaines luxuriantes et ses eaux couleur émeraude mais frappée par la pauvreté et le chômage, tente de saisir sa chance pour relancer l'économie locale en mettant au service des énergies renouvelables son soleil et ses connaissances énergétiques, acquises dans l'exploitation de mines de charbon.
Dans le nord-ouest de l'île, les champs violets et jaunes de chardons et tournesols fournissent de l'énergie de biomasse, tandis que les collines du centre abritent les turbines d'éoliennes faisant de la Sardaigne le second producteur en Italie de ce type d'énergie.
Avec un taux de chômage des jeunes qui dépasse les 70%, l'île a misé sur les subventions de l'Etat non seulement pour donner un peu d'oxygène aux petites entreprises familiales, mais aussi pour attirer les investissements de grandes compagnies italiennes et internationales, afin de créer de nouveaux emplois.
Mais elle se heurte à un problème de taille: si les subventions sont bien payées par les contribuables italiens, la Sardaigne ne voit pourtant pratiquement rien des profits réalisés par les compagnies venues de l'extérieur, dont certaines sont accusées d'avoir frauduleusement demandé des fonds, soulignent des associations locales.
Le procureur sarde Mauro Mura a ainsi mis en garde contre les infiltrations mafieuses dans ce secteur, soulignant l'existence d'enquêtes contre des sociétés soupçonnées d'avoir profité de subventions réservées exclusivement aux agriculteurs sans produire aucun bien agricole.
Europol avait mis en garde dès 2013 sur le fait que "la mafia investit de plus en plus dans les énergies renouvelables".
"Les subventions étaient prévues pour les vrais agriculteurs, c'était un coup de pouce de la part de l'Etat. Ils devaient pouvoir installer quelques panneaux sur leurs terres pour leur propre consommation et pour vendre le surplus", assure Pietro Porcedda, 63 ans, membre d'une association pour la sauvegarde du territoire.
- L'argent quitte le pays -
A la périphérie de Narbolia, proche de la côte ouest, une société s'est implantée sur les terres les plus fertiles de la commune, installant 107.000 panneaux solaires sur quelque 1.600 serres dans lesquelles les propriétaires avaient promis de cultiver de l'aloès.
Mais en fait d'aloès, il n'y a que des mauvaises herbes. Et l'entreprise chinoise qui exploite la société empoche les bénéfices de la vente de sa production d'énergie solaire au géant italien de l'électricité Enel, selon M. Porcedda.
"L'argent quitte le pays au lieu d'être réinvesti ici. On nous avait promis la création de 60 postes de travail et on se retrouve avec quatre seulement", déplore-t-il.
Il en veut cependant davantage aux autorités locales, qui restent aveugles devant cette situation, qu'aux compagnies étrangères.
L'Italie surfe sur une vague d'énergie verte, plus particulièrement solaire: 7,5% de sa consommation nationale d'électricité provient désormais de ce secteur, un ratio qui place la péninsule en tête dans les grands pays occidentaux.
Mais le gouvernement italien a été obligé de tailler les subventions l'année dernière, face à la grogne des ménages italiens qui se retrouvent avec un surcoût de 94 euros par an sur leur facture d'électricité au nom du soutien aux énergies renouvelables.
"Les premières subventions étaient très élevées", reconnaît Rosetta Fanari, 47 ans, qui produit un fromage, la ricotta, selon une formule très ancienne mais grâce à un générateur solaire ultra-moderne.
"On devrait faire davantage pour s'assurer que la richesse reste sur place, pour le bien de l'environnement et de la population sarde", dit-elle.
Certains y sont parvenus, en dépit des difficultés.
La biologiste Manuela Pintus a été élue cette année maire de la localité d'Arborea en affichant dans son programme l'arrêt d'explorations gazières dans une réserve protégée de pélicans.
"Nos partisans ont reçu des menaces de la part de ceux qui voulaient continuer à creuser des trous et qui disaient +Nous allons détruire tout ce que vous avez si vous votez pour Manuela+", raconte Mme Pintus à l'AFP.
"Mais cela ne nous a pas arrêtés. Nous avons derrière nous des mères et des grands-parents et nous poursuivrons notre lutte pour protéger nos terres pour les générations futures", assure-t-elle.
Dans toute l'Italie, des villes et des villages adoptent l'énergie hydroélectrique, géothermique, les éoliennes ou les panneaux solaires grâce aux généreuses subventions de l'Etat, véritable tentation pour la mafia ou des hommes d'affaires véreux.
La Sardaigne, fameuse pour ses plaines luxuriantes et ses eaux couleur émeraude mais frappée par la pauvreté et le chômage, tente de saisir sa chance pour relancer l'économie locale en mettant au service des énergies renouvelables son soleil et ses connaissances énergétiques, acquises dans l'exploitation de mines de charbon.
Dans le nord-ouest de l'île, les champs violets et jaunes de chardons et tournesols fournissent de l'énergie de biomasse, tandis que les collines du centre abritent les turbines d'éoliennes faisant de la Sardaigne le second producteur en Italie de ce type d'énergie.
Avec un taux de chômage des jeunes qui dépasse les 70%, l'île a misé sur les subventions de l'Etat non seulement pour donner un peu d'oxygène aux petites entreprises familiales, mais aussi pour attirer les investissements de grandes compagnies italiennes et internationales, afin de créer de nouveaux emplois.
Mais elle se heurte à un problème de taille: si les subventions sont bien payées par les contribuables italiens, la Sardaigne ne voit pourtant pratiquement rien des profits réalisés par les compagnies venues de l'extérieur, dont certaines sont accusées d'avoir frauduleusement demandé des fonds, soulignent des associations locales.
Le procureur sarde Mauro Mura a ainsi mis en garde contre les infiltrations mafieuses dans ce secteur, soulignant l'existence d'enquêtes contre des sociétés soupçonnées d'avoir profité de subventions réservées exclusivement aux agriculteurs sans produire aucun bien agricole.
Europol avait mis en garde dès 2013 sur le fait que "la mafia investit de plus en plus dans les énergies renouvelables".
"Les subventions étaient prévues pour les vrais agriculteurs, c'était un coup de pouce de la part de l'Etat. Ils devaient pouvoir installer quelques panneaux sur leurs terres pour leur propre consommation et pour vendre le surplus", assure Pietro Porcedda, 63 ans, membre d'une association pour la sauvegarde du territoire.
- L'argent quitte le pays -
A la périphérie de Narbolia, proche de la côte ouest, une société s'est implantée sur les terres les plus fertiles de la commune, installant 107.000 panneaux solaires sur quelque 1.600 serres dans lesquelles les propriétaires avaient promis de cultiver de l'aloès.
Mais en fait d'aloès, il n'y a que des mauvaises herbes. Et l'entreprise chinoise qui exploite la société empoche les bénéfices de la vente de sa production d'énergie solaire au géant italien de l'électricité Enel, selon M. Porcedda.
"L'argent quitte le pays au lieu d'être réinvesti ici. On nous avait promis la création de 60 postes de travail et on se retrouve avec quatre seulement", déplore-t-il.
Il en veut cependant davantage aux autorités locales, qui restent aveugles devant cette situation, qu'aux compagnies étrangères.
L'Italie surfe sur une vague d'énergie verte, plus particulièrement solaire: 7,5% de sa consommation nationale d'électricité provient désormais de ce secteur, un ratio qui place la péninsule en tête dans les grands pays occidentaux.
Mais le gouvernement italien a été obligé de tailler les subventions l'année dernière, face à la grogne des ménages italiens qui se retrouvent avec un surcoût de 94 euros par an sur leur facture d'électricité au nom du soutien aux énergies renouvelables.
"Les premières subventions étaient très élevées", reconnaît Rosetta Fanari, 47 ans, qui produit un fromage, la ricotta, selon une formule très ancienne mais grâce à un générateur solaire ultra-moderne.
"On devrait faire davantage pour s'assurer que la richesse reste sur place, pour le bien de l'environnement et de la population sarde", dit-elle.
Certains y sont parvenus, en dépit des difficultés.
La biologiste Manuela Pintus a été élue cette année maire de la localité d'Arborea en affichant dans son programme l'arrêt d'explorations gazières dans une réserve protégée de pélicans.
"Nos partisans ont reçu des menaces de la part de ceux qui voulaient continuer à creuser des trous et qui disaient +Nous allons détruire tout ce que vous avez si vous votez pour Manuela+", raconte Mme Pintus à l'AFP.
"Mais cela ne nous a pas arrêtés. Nous avons derrière nous des mères et des grands-parents et nous poursuivrons notre lutte pour protéger nos terres pour les générations futures", assure-t-elle.