L'embellie économique de 2017 confirmée par l'IEOM


L'IEOM a publié une note intitulée "L’économie de la Polynésie française en 2017 - Une situation propice à la création d’emploi". Et effectivement les nouvelles sont bonnes.
PAPEETE, le 16 mai 2018 - L'IEOM fait le point sur la santé de notre économie en 2017. Et les chiffres, sont bons, même très bons. Ainsi l'année dernière a connu la création de 1700 emplois supplémentaires, une reprise de la consommation, des investissements et même des exportations.

La dernière note de l'Institut d'Émission d'Outre-Mer (IEOM, notre banque centrale) a tout pour mettre du baume au cœur de tous ceux qui attendent la reprise économique pour régler les problèmes de la Polynésie. Car les chiffres sont bons pour presque tout le monde et ont de quoi réjouir les chefs d'entreprise, hommes politiques, et même les consommateurs ou les personnes à la recherche d'un emploi.

L'EMPLOI RETROUVE SON NIVEAU DE 2011

La tendance est à la hausse sur la plupart des indicateurs
Les chiffres qui intéresseront le plus les Polynésiens concernent l'emploi. Si elle ne progresse jamais assez vite vu l'ampleur de la crise sociale, la situation est en passe de se stabiliser. Ainsi, 1700 emplois ont été créés entre septembre 2016 et septembre 2017. C'est pile le nombre nécessaire pour absorber les jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année... Donc si le taux de chômage n'a probablement pas bougé l'année dernière (le dernier taux officiel est de 21,8 % en 2012) au moins il a cessé d'empirer.

Comme le note l'IEOM, "au terme des neuf premiers mois de l’année, les effectifs salariés sont en progression de 2,8 % en glissement annuel, retrouvant leur meilleur niveau depuis début 2011 (64 000 contre 63 500 en janvier 2011)." C'est dans le secteur des administrations et des services que la création d'emplois a été la plus importante, avec 1500 emplois nets créés.

Plus d'emploi signifie aussi plus de revenus pour les familles. La masse salariale a augmenté de 2 % entre septembre 2016 et septembre 2017, ce qui a conduit à une hausse sensible de la consommation des ménages. Les immatriculations de voitures neuves ont explosé de +47 %. Les importations de biens destinés aux ménages s’affichent également en hausse, aussi bien pour les produits courants (+2 %) que pour les produits alimentaires (+3,4 %).

Un autre facteur a aidé la consommation : une inflation qui est restée très basse, à 0,5 % sur l'année. Elle était même négative les deux années précédentes. Les produits alimentaires et le transport n'auraient pratiquement pas enchéri, tandis que la hausse des prix du poste alcool et tabac (de nouvelles taxes ont augmenté le prix des cigarettes de 39 % au 1er avril 2017) a été compensée par une baisse du prix des vêtements et des télécommunications.

LES PATRONS RESTENT CONFIANTS

Un gros facteur de cette reprise économique est l'attitude très positive des chefs d'entreprise, qui restent optimistes depuis début 2014 (voir infographie). L'indicateur du "Climat des affaires" s'est maintenu au plus haut en 2017, indiquant que les patrons des secteurs tertiaires et de l'industrie continuent d'anticiper une croissance de leur activité à court terme. Les patrons du BTP sont restés plus prudents.

En toute logique, les prévisions d'investissement des patrons sont au plus haut, et augurent d'une poursuite de la croissance dans les mois qui viennent dans un beau cercle vertueux : les investissements des entreprises augmentent les commandes à leurs fournisseurs locaux, les embauchent augmentent la consommation des ménages, le tout accélère encore plus la croissance. Et tant que la confiance est au rendez-vous, la croissance devrait donc se maintenir.

Au niveau sectoriel, l'IEOM souligne que c'est le tertiaire qui est le moteur de la croissance : "De janvier à septembre cumulés, le chiffre d’affaires du tertiaire est en hausse de 6,7 %, grâce aux secteurs du commerce de détail (+4,5 %), du commerce automobile (+9 %), de l’hébergement et restauration (+8 %) et du transport (+1,8 %)." Le primaire se porte tout de même bien, avec une hausse des exportations de la perle, du poisson et de la vanille. Dans le BTP, la chute des dépenses de la Direction de l’équipement est plus ou moins compensée par la fièvre d'achats immobiliers des ménages.

La hausse de la consommation et des investissements a aussi été accompagnée d'une forte croissance du secteur touristique, avec une hausse de 3,5 % de la fréquentation touristique et une explosion de +11 % du revenu par chambre disponible dans l'hôtellerie de janvier à novembre (en fait l'année a été encore meilleure comme en témoignent les tous derniers chiffres pour l'année complète, avec 199 000 visiteurs en 2017). Les réouvertures d'établissements hôteliers (comme le Novotel de Bora Bora) et l'arrivée de nouvelles compagnies aériennes qui vont augmenter le nombre de sièges disponibles et faire baisser le prix des billets augure également très bien pour l'avenir ce secteur.

Enfin, l'IEOM note que "les grands projets dans les domaines de l’aquaculture (ferme de Hao aux Tuamotu pour l’élevage de poissons) et du tourisme (futur complexe du village tahitien sur la côte ouest de Tahiti) devraient en outre avoir un effet d’entraînement."


Les banques assainissent leurs portefeuilles

Le rétablissement de l'économie est particulièrement visible dans les chiffres du secteur bancaire. Ainsi, les ménages ont épargné 13,2 milliards de francs l'année dernière. Ils ont aussi profité des taux d'intérêt très bas pour investir dans l'immobilier : sur onze mois, la production locale de prêts immobiliers atteint 24,5 milliards Fcfp, contre 23,5 milliards Fcfp en 2016.

De leur côté, les entreprises ont réduit leurs avoirs de 3 milliards de francs, sortant l'argent de leurs dépôts à terme très peu rémunérateurs pour chercher des investissements plus rentables, en particulier dans l'économie réelle. Ils ont aussi fait appel aux banques pour financer leurs projets, ce qui permet à la production locale de crédits à l’équipement des entreprises de s'établir à 19,8 milliards Fcfp en cumul de janvier à novembre (17,1 milliards Fcfp sur l’année 2016).

Au final, ce regain d'activité permet aux banques de continuer d'assainir leurs comptes. Le taux de créances douteuses brutes, qui avait culminé à 12,7 % en 2014, est redescendu en 2017 à un très gérable 6,5 %... Similaire aux chiffres d'avant la crise de 2008 (voir illustration).

La reprise de l'activité bancaire se voit aussi dans la création monétaire : elle est en hausse de 2,9 % sur l’année, après +6,6 % en 2016. La masse monétaire s’établit à 490 milliards de francs en 2017.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 16 Mai 2018 à 16:43 | Lu 28475 fois