L'effet tablette commence à se faire sentir sur les ventes de PC


PARIS, 14 avril 2011 (AFP) - Concurrencées par les tablettes électroniques depuis un an, les ventes d'ordinateurs personnels commencent à souffrir, les consommateurs préférant investir dans ces joujoux "high tech", mais aussi des consoles de jeux vidéo ou des téléviseurs, plutôt que de renouveler leur PC.

Les ventes mondiales d'ordinateurs ont décliné au premier trimestre pour la première fois en un an et demi, selon le cabinet Gartner : 84,3 millions de "personal computer" ont été vendus dans le monde entre janvier et mars, soit 1,1% de moins qu'au premier trimestre 2010 alors qu'une croissance de trois pour cent était escomptée.

Le cabinet concurrent IDC a fait état pour sa part d'une chute de 3,2% pour la même période, à 80,6 millions d'unités.

"Nous avions prévu un marché très ralenti, mais nous ne nous attendions pas à des chiffres aussi mauvais", commente une analyste de Gartner, Meike Escherich, interrogée par l'AFP.

Selon elle, l'arrivée des tablettes électroniques, ces liseuses multimédia à écran tactile, légères, maniables et mobiles, et l'attrait pour les consoles de jeux vidéo, les écrans de télévision haute définition ou encore les "smartphones" haut de gamme, sont les principaux responsables.

"La concurrence entre ces produits a rendu les gens plus réticents à acheter des PC", constate-t-elle.

"Quand vous avez déjà à la maison un ordinateur fixe ou un ordinateur portable qui a deux ou trois ans mais fonctionne parfaitement, et rien de vraiment nouveau dans les PC sur le marché, soit vous dépensez votre argent dans l'achat de ces produits, ou bien vous attendez", souligne l'analyste.

"Avec les difficultés de l'économie actuelle, et la promesse de l'arrivée de nouveaux produits au second semestre" comme des tablettes bien moins chères que l'iPad d'Apple, "les gens gardent les cordons de la bourse serrés", selon elle.

Plus de 15 millions d'iPad ont été écoulés dans les dix mois suivant le lancement de la tablette le 3 avril 2010 aux Etats-Unis. De nombreux constructeurs ont sorti ou prévoient de sortir leurs modèles, pour certains bien moins chers.

"Il y a deux ans, si vous vouliez aller sur internet ou faire un travail informatique, il vous fallait un ordinateur. Aujourd'hui, vous pouvez faire tout cela avec un téléphone, une tablette et même avec certaines consoles ou des téléviseurs", poursuit Meike Escherich.

Mais la tablette ne signifie pas la fin des PC, prévient toutefois Stéphane Krawczyk, analyste chez IDC, qui affirme qu'il s'agit là d'"un terminal pour la consultation de contenus plutôt que pour la création".

"Les tablettes arriveront comme un deuxième, voire un troisième équipement, après le PC et le smartphone", estime-t-il.

"Ceci change complètement la donne, juge au contraire Meike Escherich. En fin de compte, les gens auront un ordinateur chez eux pour les tâches lourdes, comme éditer des vidéos, et porteront sur eux un, voire deux appareils de poche, comme un smartphone et un ordinateur portable léger de petite taille ou une tablette".

IDC pointe aussi "la durée de vie plus longue des PC et l'absence de nouvelles expériences séduisantes sur ordinateur" comme facteurs dans le recul des ventes.

La chute des ventes a toutefois été enrayée par une "croissance stable" des achats des entreprises, liée au cycle de remplacement en cours, selon Gartner.

Des constructeurs assez actifs dans les PC pour professionnels, tels que Dell (moins 2,2%) ou Lenovo (plus 16,6%) tirent ainsi un peu mieux leur épingle du jeu.

Hewlett-Packard reste le premier fabricant au monde, avec 17,6% de parts de marché, mais ses ventes reculent de 3,4% en un an. Le groupe taïwanais Acer, qui fabrique des ordinateurs portables à prix accessibles, est très fortement sanctionné (moins 12,2%).

Rédigé par Par Alix RIJCKAERT le Vendredi 15 Avril 2011 à 05:56 | Lu 532 fois