L'écurie Tenahe, la pouponnière des chevaux de course made in fenua


MATAIEA, le 28 mars 2019 - Depuis 2016 l'écurie Tenahe de Mataiea a vu naitre 7 poulains issus de leur étalon et de leurs quatre juments importés de Nouvelle-Zélande. "L'objectif est d'avoir cinq voire six poulains par an issus de l'élevage local pour pouvoir aligner davantage de chevaux locaux sur les courses hippiques", a expliqué Rémy Rey, président de l'association Ecurie Tenahe.

Un domaine de 24 hectares, 16 pâturages, deux carrières, une sellerie et plusieurs box. L'écurie Tenahe située à Mataiea est l'un des élevages de chevaux les plus importants du fenua. Et en 2011 Rémy Rey, président de l'association Ecurie Tenahe en accord avec des associés, a décidé de donner un coup d'accélérateur à l'élevage de chevaux locaux. "Aujourd'hui je crois que la part des chevaux importés est de 90% et les 10% restants sont des chevaux locaux. L'objectif de notre écurie est d'inverser cette tendance et de proposer des chevaux de qualités qui pourront être alignés sur des courses", explique Rémy Rey.
 
Pour remplir cet objectif l'écurie a donc acquis en 2012 un étalon et quatre juments importés de Nouvelle-Zélande. "Notre étalon Sir Kev est issu d'un cheval qui a fait des courses à l'international, et qui fait partie des dix meilleurs chevaux au monde. Et les juments également ont des super pédigrées. C'était donc un investissement assez conséquent", indique le président de l'association.
 
Après avoir participé et gagné un grand nombre de courses entre 2012 et 2016 sur l'hippodrome de Pirae, Sir Kev a été mis à la "retraite" pour assurer son rôle d'étalon au sein de l'écurie Tenahe.

ENTRAINEMENT QUOTIDIEN

Pauline Briquet, seule employée de l'écurie, s'occupe d'une partie de l'entrainement des poulains nés sur le domaine de Mataiea.
Le travail de reproduction a donc commencé il y a trois ans et depuis sept poulains sont nés sur le domaine de Mataiea. "On se donne comme objectif de faire cinq voire six poulains par an. L'objectif étant ensuite de les vendre", précise Rémy Rey.
 
Pour s'occuper des animaux sur place, le président de l'association peut compter sur Pauline Briquet, seule employée du domaine et monitrice d'équitation. "Mon travail consiste à m'occuper des structures comme les pâtures, les box,… pour que tout soit dans un bon état pour accueillir les chevaux. Après je les nourris, je les soigne aussi quand ils ont des petits bobos. Je fais le tour des pâtures pour voir si tout le monde va bien", explique-t-elle.
 
Cette dernière se charge également d'une partie de l'entrainement des poulains une fois qu'ils sont assez âgés : "Je m'occupe des poulains et de leur sevrage. Je les sépare petit à petit de leur maman quand ils ont trois mois. J'en profite alors pour commencer à les manipuler, à les brosser et à les promener comme ça ils s'habituent déjà au travail qu'ils auront à faire plus tard. Après au niveau des chevaux de course on voit avec Rémy ce que les chevaux doivent faire quotidiennement comme entrainement. Soit de la plage, de la piste monté ou de l'allonge."

Pauline partage l'entrainement des futurs champions de l'hippodrome avec Dick Poroi, un cavalier confirmé qui est spécialisé dans l'entrainement des trotteurs (lire encadré).
 
Pour les courses programmées cette année, l'écurie Tenahe a prévu d'aligner trois poulains, âgés de deux ans, issus de leur étalon Sir Kev. "Ils feront au minimum une course. Mais  ce sera vraiment l'année prochaine qu'ils seront prêts", affirme Rémy Rey. Avis aux amateurs de paris et de courses hippiques.

PAROLE A

Dick Poroi, entraineur des trotteurs (avec photo)
"C'est un travail très long à faire avec le cheval"
 
Comment entraine-t-on un cheval de course ?
Avec les nouveaux je commence par des séances de 20 minutes. Et pour les plus expérimentés je fais des séances de 45 minutes. Je n'entraine que les trotteurs. J'ai fait de la rame pendant des années et du coup j'ai transposé quelques séances d'entrainement que je faisais. Par exemple le lundi on fait du décrassage avec les chevaux. Puis le jour suivant on monte en intensité au niveau des courses, avec une pyramide. 15 minutes d'effort et 5 minutes de récupération. J'amène aussi les chevaux à la mer pour débloquer leurs articulations et pour travailler leur souffle.
 
On peut commencer le travail avec un cheval à quel âge ?
Déjà après trois mois le poulain est séparé de sa mère. On commence alors à s'occuper de lui. Puis quand il a 1 an et demi on commence à l'atteler. Ensuite les trotteurs eux peuvent faire de la course dès l'âge de 2 ans, parce que le cavalier ne les monte pas.  Pour les galopeurs on attend l'âge de 3 ans pour les aligner sur des courses. Après c'est un travail très long à faire avec le cheval. Tous les jours il faut être avec eux. Il faut leur parler, discuter avec eux. Mais il faut toujours répéter les mêmes mots que tu vas utiliser pendant une course. A gauche, à droite, doucement, tranquille. Comme ça ils peuvent assimiler et retenir ces différents ordres.
 
Depuis combien de temps t'occupes-tu de chevaux ?
Depuis tout petit. Il y a 50, 60 ans à Tahiti il n'y avait pas de voiture et on faisait tout avec les chevaux. On allait par exemple chercher des cocos en calèche, et on transportait après notre coprah en chevaux. Et puis en 2011 quand Rémy est venu me voir pour me dire qu'il allait reprendre la propriété j'ai décidé de l'aider avec l'entrainement des chevaux. Aujourd'hui je continue toujours de courir en trotteur sur des courses.

Pauline Briquet, employée de l'écurie Tenahe
"Des chevaux avec les mêmes qualités que ceux de Nouvelle-Zélande"

Je suis monitrice d'équitation à la base, ce qui est assez différent des chevaux de course. Les entrainements ne sont les mêmes, l'approche et le regard sur le cheval n'est pas aussi la même. Maintenant avec l'élevage on a des poulains qui naissent tous les ans. Mon but est de travailler le mieux possible avec eux, pour les voir un jour sur l'hippodrome et qu'ils soient remarqués par des personnes. Ce qu'on cherche avoir ici dans notre écurie ce sont des chevaux qui ont les mêmes qualités que les chevaux qui viennent de Nouvelle-Zélande, et en plus qu'ils soient mieux adaptés au climat.
 

Rédigé par Désiré Teivao le Jeudi 28 Mars 2019 à 17:25 | Lu 1368 fois