L'économie polynésienne en service minimum selon l'ISPF


(Crédit photo : Port autonome de Papeete).
PAPEETE, mardi 25 juin 2013. L'Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF) publie sa note de conjonctures trimestrielles pour ce début d'année 2013 et l'analyse effectuée reste encore sombre pour l'économie polynésienne. L’économie polynésienne demeure mal orientée au terme du premier trimestre 2013 avec un marché du travail en perte de vitesse et l’inflation qui persiste. Une éclaircie semble toutefois se dessiner grâce à un environnement international favorable au tourisme et aux produits locaux exportés. Pour autant les chefs d’entreprise polynésiens n’ont pas repris confiance en l’avenir et demeurent attentistes.

Pour l’instant, seuls les exportations et le tourisme se redressent.
La baisse des importations au cours du premier trimestre 2013 confirme la tendance observée au dernier trimestre 2012 où l’emploi et les résultats des entreprises ont continué à se dégrader (- 3,3 % pour l’emploi et - 3,8 % pour le chiffre d’affaires réel des entreprises).

L’emploi salarié en berne

Les effectifs salariés déclarés à la CPS diminuent de 3 % en 2012 (- 1 860 personnes) à 61 200 salariés, répartis sur 52 600 postes en équivalent temps plein, soit le niveau de 2002. C’est la cinquième année consécutive de baisse des effectifs (- 8 600 postes sur cette période). Parmi les 1 860 salariés disparus en 2012, 1 150 l’ont été dans le tertiaire dont la moitié dans l’administration publique. Avec 400 salariés en moins en un an, la construction est à nouveau le secteur le plus touché ; en cinq ans il a perdu 2 100 salariés, soit le secteur qui a subi le plus de dommages suite à la crise.

Pour l’industrie, dont l’activité est étroitement liée à celle du BTP, c’est la quatrième année de recul des effectifs (- 6 % en 2012) ; sur les 315 salariés en moins, la moitié est issue des industries de fabrication d’éléments en métal pour la construction. Le secteur de l’industrie a perdu 700 salariés sur les cinq dernières années.

Dans les activités d’hébergement et restauration, on dénombre 190 salariés en moins en 2012, dont les deux tiers dans la restauration. En revanche, sur les cinq dernières années les deux tiers des 1 000 suppressions sont issues des activités d’hébergement. Dans les transports, 54 salariés sur les 165 disparus en 2012 sont issus des transports aériens ; ce chiffre s’élève à 330 (sur 540) pour les cinq dernières années.
Le commerce compte 160 personnes en moins en 2012, dont 130 dans le commerce de gros (hors automobile). Le commerce d’automobile compte quant à lui 55 salariés en moins. En cinq ans, on dénombre 1 000 salariés en moins dans le secteur du commerce.

Sur les 120 personnes en moins dans les activités scientifiques et techniques, 80 sont issues des activités de l’architecture et ingénierie et 35 dans les activités liées à l’emploi intérimaire. Les activités immobilières ont quant à elles augmenté leurs effectifs de 40 %, soit 220 salariés supplémentaires en 2012, et ce essentiellement dans les activités de vente.

Les données du service de l’emploi pour le premier trimestre 2013 n’annoncent pas d’amélioration du marché du travail ; les offres d’emploi normal sont en recul de 12 % et le stock des demandeurs d’emploi augmente de 5 % sur un an au terme du premier trimestre, soit 11 300 personnes. Ils sont désormais 13 demandeurs pour une offre d’emploi normal (contre 11,5 au premier trimestre 2012), et 6 pour une offre d’emploi de toutes natures (contre 5,5).

Climat des affaires attentiste

L’appréciation de la conjoncture par les chefs d’entreprise n’est donc pas positive, même si l’indice du climat des affaires de l’IEOM se redresse légèrement, il demeure à un niveau trop faible pour évoquer une reprise de l’activité. Cette morosité se retrouve dans les données du commerce extérieur ; pour la troisième année consécutive, la valeur des importations civiles du premier trimestre de l’année diminue très légèrement en glissement annuel (- 0,5 % entre 2013 et 2012), confirmant le tassement de l’activité. Ce phénomène est réaffirmé par la baisse des volumes correspondants, baisse plus forte que celle de la valeur, traduisant des prix à l’import qui demeurent élevés depuis trois ans. Hors produits énergétiques, le recul est encore plus marqué à - 3,6 % en valeur sur un an.

Les volumes de produits pétroliers importés sont les seuls en hausse (+ 7 %), hausse à confirmer puisqu’elle est pour l’instant comparée à un premier trimestre 2012 assez faible. Les importations en direction des ménages diminuent, que cela soit pour la consommation de produits alimentaires ou celle de biens de consommation non alimentaires, ou encore sur les achats de produits automobile (confirmé par la baisse des nouvelles immatriculations). Les importations vers les entreprises suivent la même tendance, en particulier pour l’industrie au vu du retrait des importations de biens intermédiaires dont les volumes diminuent de 19 %.

Bon trimestre pour la perle

C’est du côté des exportations que vient l’amélioration au premier trimestre : la valeur des exportations locales augmente de 17 % par rapport au premier trimestre 2012, et ce grâce à des prix à l’export globalement en hausse. Les volumes sont effectivement en retrait de 34 %. Cette hausse combinée à la baisse de la valeur des importations a permis d’améliorer le taux réel de couverture d’un point à 8,3 %, niveau toujours faible, loin du record de 2000 où le pays avait réduit sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur avec un taux de couverture de 20 %. Le déficit commercial polynésien se comble de 1,7 % pour s’établir à 33 milliards de F.CFP au premier trimestre 2013, son meilleur niveau depuis huit ans.

La reprise des recettes à l’export est imputable aux trois quarts à la hausse des exports de produits perliers (+ 21 % en valeur) qui ont bénéficié de volumes en hausse (+ 13 %) et d’un prix unitaire en très légère progression (560 F.CFP/gramme, + 7 %). La première vente aux enchères de l’année 2013 a rencontré un grand succès auprès des Japonais, avec un prix au gramme qui a doublé par rapport aux dernières ventes (1 355 F.CFP). Les exportations de poissons réitèrent leur très bon résultat du premier trimestre 2012 avec 260 tonnes de produits exportés, même si les recettes sont en légère baisse. Celles de l’huile de coprah demeurent à un bon niveau, malgré une chute de 60 % du cours mondial au premier trimestre. Avec 108 millions de F.CFP de recettes, la vanille devient le quatrième produit à l’export (+ 29 % en valeur et + 19 % en volume), devant le nono dont les volumes exportés chutent de 50 %. La nacre augmente ses ventes de 20 % sur un an, et le monoï de 74 %.

Hausse de la fréquentation touristique

La fréquentation touristique poursuit sa lente et légère reprise, même si cette hausse générale masque quelques disparités selon les marchés émetteurs. Au premier trimestre 2013, 36 250 touristes ont visité la Polynésie française, soit une hausse de 4 % sur un an. Elle a été impulsée essentiellement par les touristes en provenance des États-Unis (+ 5 %), du Japon (+ 18 %), de l’Australie (+ 13 %) mais aussi des pays d’Europe (hors France) dont c’est le meilleur premier trimestre depuis cinq ans. Le tourisme en provenance de Chine et d’Inde continue sa lente mais régulière progression (+ 30 %, soit respectivement 560 et 260 personnes). Après un sursaut en 2012, le marché français est de nouveau en retrait (- 12 %), emmenant avec lui le nombre de touristes séjournant en hébergement non payant (- 11 %). Le tourisme de croisière, principalement alimenté par les marchés nord américain, Pacifique et Europe hors France, est en hausse de 12,6 %. Quant au tourisme terrestre payant, il est généré en premier lieu par le Japon, puis les États-Unis. Vient ensuite la Chine qui, avec 193 touristes terrestres payants au premier trimestre 2013, devance de peu l’Australie (190).

Les chiffres de l’aviation civile confirment cette embellie avec une hausse de 3,4 % du nombre de passagers transportés par rapport au premier trimestre 2012 (59 160 passagers). Le coefficient de remplissage de l’ensemble des compagnies s’améliore de 3,5 points à 80 %. Si les touristes viennent plus nombreux, ils séjournent moins longtemps qu’en 2012 (une demi-journée de moins), alors que la durée moyenne de séjour des Français augmente très légèrement. Au final, le nombre de nuitées payantes vendues augmente de 4 % par rapport au premier trimestre 2012, avec un taux de remplissage des hôtels internationaux en hausse de 6 points à 50,7 %.


Rédigé par Etude ISPF le Mardi 25 Juin 2013 à 10:56 | Lu 1565 fois