PAPEETE, le 14 juin 2016- La Polynésie française est probablement le territoire au monde qui a le plus gros potentiel de développement dans ce qu'on appelle l'économie bleue. Mais un état des lieux montre que nous sommes très loin de l'utiliser pleinement.
Ce jeudi 14 juin, une conférence organisée par les économistes et statisticiens du Cerom ambitionnait de faire le point sur l'économie bleue en Polynésie française. Devant un parterre de chefs d'entreprises et décideurs, les spécialistes de l'IEOM, l'ISPF, la DRMM, l'IRD et les entrepreneurs d'Archipelagoes et du projet d'énergie thermique des mers ont dressé le tableau de notre économie maritime et de son potentiel de développement.
C'est Fabien Breuilh, directeur de l'ISPF, qui a donné la première présentation en donnant les grands chiffres. Le premier, le plus connu, est la taille de notre zone économique exclusive : 5 millions de km², soit presque la moitié de la ZEE de la France, qui la place au deuxième rang mondial. "Il n'y a pas beaucoup de territoires qui méritent le qualificatif 'bleue', mais la Polynésie le mérite absolument."
Les économistes et statisticiens de l'IEOM et de l'ISPF, qui publieront un rapport sur le sujet en juillet, se sont attaché ces derniers mois à mesurer la taille du secteur dans notre économie. À l'issue de leurs travaux, deux chiffres émergent :
40 MILLIARDS FCFP : LE CHIFFRE D'AFFAIRES DES ENTREPRISES DU SECTEUR DE L'ECONOMIE BLEUE
Ces 40 milliards n'incluent pas le secteur du tourisme, et ne concernent que les chiffres d'affaires déclarés. Si on inclut tous les chiffres d'affaires non déclarés, en particulier les petites entreprises du secteur primaire qui n'ont pas à payer l'impôt sur les sociétés ou l'impôt sur les transactions, on approche les 50 milliards.
Une bonne phrase de Fabien Breuilh à ce sujet concernait l'industrie de la perle : "On sait que la Polynésie exporte pour 8 milliards de perles par an, mais les perliculteurs déclarent 500 millions de francs de chiffre d'affaires !" Le statisticien précise qu'il ne s'agit pas d'une accusation, mais d'une constatation du manque de données disponibles dans ce secteur.
7% : LE POIDS DE L'ECONOMIE BLEUE DANS NOTRE ECONOMIE
Ce secteur, qui inclut le transport maritime, les perliculteurs, les pêcheurs, les activités portuaires, la construction d'infrastructures maritimes et la construction navale, représentent autour de 7% de notre économie selon toutes les mesures utiles :
- 7% des entreprises (4200, dont 10% sont assujettis à la TVA)
- 7% du chiffre d'affaires du Pays (estimé à 47 milliards)
- 7% de la masse salariale globale, 6% des emplois salariés. Surtout, le secteur emploi les jeunes non-qualifiés, une opportunité pour lutter contre le chômage et l'inactivité des jeunes.
- 5% de nos importations
- 7% des encours de crédit (19 milliards, dont 27% sont considérées comme douteuses)
L'économie bleue a surtout connu de bien meilleures performances que le reste de l'économie, même pendant la crise. Les revenus du secteur ont augmenté de 70% depuis l'an 2000, malgré un petit choc en 2008. Le secteur privé en entier, lui, ne s'est toujours pas relevé de la crise mondiale et affiche un faiblard +40% sur 16 ans. C'est la crise du tourisme qui tire toute notre économie vers le bas.
Le développement du secteur passera par plusieurs grands travaux : structurer le secteur primaire ; développer la production de produits dérivés à forte valeur ajoutée (thons découpés et surgelés pour le marché japonais, bijoux au lieu de perles brutes, articles de sport nautique…) ; remplacer des importations par de la production locale (nous importons 1,8 milliard de francs de produits de la pêche…) ; et enfin, parole de statisticien, de meilleures enquêtes sectorielles permettront de meilleures politiques publiques…
Jacques Franc de Ferrière
Comment développer la pêche hauturière
Le directeur adjoint de la DRMM, Cédric Ponsonnet, a fait le point sur le potentiel de développement de la pêche. Il nous apprend ainsi que notre ZEE n'est pas spécialement bien située pour la pêche des principaux pélagiques. La partie nord de notre Territoire est la plus proche des stocks, à part pour les bonites qui préfèrent l'ouest. Pourtant, la pêche se concentre sur les zones proches de Tahiti et des Tuamotu.
On apprend aussi que les gros investissements dans les thoniers congélateurs en 2001, les 17bateaux de Tahiti Nui Rava'ai, ont malheureusement coïncidé avec une chute brutale des prises des thons germons dans tout le Pacifique. Ce qui explique en partie leur échec, en plus du manque de personnel formé.
La DRMM est en train de travailler sur un schéma directeur, pour lequel les consultations sont en cours. Il sera rendu en décembre 2016. Plusieurs pistes sont explorées pour développer le secteur :
- structurer la pêche fraiche (par opposition au congelé, presque inexistant désormais)
- mieux exploiter la ZEE, soit en établissant des bases avancées, soit en développant la congélation ou surgélation
- développer les filières de service aux flottes de pêche
- valoriser les produits pour augmenter la valeur ajoutée
- mettre en place les infrastructures nécessaires et développer la formation
- diversifier les prises, par exemple avec l'espadon
Ce jeudi 14 juin, une conférence organisée par les économistes et statisticiens du Cerom ambitionnait de faire le point sur l'économie bleue en Polynésie française. Devant un parterre de chefs d'entreprises et décideurs, les spécialistes de l'IEOM, l'ISPF, la DRMM, l'IRD et les entrepreneurs d'Archipelagoes et du projet d'énergie thermique des mers ont dressé le tableau de notre économie maritime et de son potentiel de développement.
C'est Fabien Breuilh, directeur de l'ISPF, qui a donné la première présentation en donnant les grands chiffres. Le premier, le plus connu, est la taille de notre zone économique exclusive : 5 millions de km², soit presque la moitié de la ZEE de la France, qui la place au deuxième rang mondial. "Il n'y a pas beaucoup de territoires qui méritent le qualificatif 'bleue', mais la Polynésie le mérite absolument."
Les économistes et statisticiens de l'IEOM et de l'ISPF, qui publieront un rapport sur le sujet en juillet, se sont attaché ces derniers mois à mesurer la taille du secteur dans notre économie. À l'issue de leurs travaux, deux chiffres émergent :
40 MILLIARDS FCFP : LE CHIFFRE D'AFFAIRES DES ENTREPRISES DU SECTEUR DE L'ECONOMIE BLEUE
Ces 40 milliards n'incluent pas le secteur du tourisme, et ne concernent que les chiffres d'affaires déclarés. Si on inclut tous les chiffres d'affaires non déclarés, en particulier les petites entreprises du secteur primaire qui n'ont pas à payer l'impôt sur les sociétés ou l'impôt sur les transactions, on approche les 50 milliards.
Une bonne phrase de Fabien Breuilh à ce sujet concernait l'industrie de la perle : "On sait que la Polynésie exporte pour 8 milliards de perles par an, mais les perliculteurs déclarent 500 millions de francs de chiffre d'affaires !" Le statisticien précise qu'il ne s'agit pas d'une accusation, mais d'une constatation du manque de données disponibles dans ce secteur.
7% : LE POIDS DE L'ECONOMIE BLEUE DANS NOTRE ECONOMIE
Ce secteur, qui inclut le transport maritime, les perliculteurs, les pêcheurs, les activités portuaires, la construction d'infrastructures maritimes et la construction navale, représentent autour de 7% de notre économie selon toutes les mesures utiles :
- 7% des entreprises (4200, dont 10% sont assujettis à la TVA)
- 7% du chiffre d'affaires du Pays (estimé à 47 milliards)
- 7% de la masse salariale globale, 6% des emplois salariés. Surtout, le secteur emploi les jeunes non-qualifiés, une opportunité pour lutter contre le chômage et l'inactivité des jeunes.
- 5% de nos importations
- 7% des encours de crédit (19 milliards, dont 27% sont considérées comme douteuses)
L'économie bleue a surtout connu de bien meilleures performances que le reste de l'économie, même pendant la crise. Les revenus du secteur ont augmenté de 70% depuis l'an 2000, malgré un petit choc en 2008. Le secteur privé en entier, lui, ne s'est toujours pas relevé de la crise mondiale et affiche un faiblard +40% sur 16 ans. C'est la crise du tourisme qui tire toute notre économie vers le bas.
Le développement du secteur passera par plusieurs grands travaux : structurer le secteur primaire ; développer la production de produits dérivés à forte valeur ajoutée (thons découpés et surgelés pour le marché japonais, bijoux au lieu de perles brutes, articles de sport nautique…) ; remplacer des importations par de la production locale (nous importons 1,8 milliard de francs de produits de la pêche…) ; et enfin, parole de statisticien, de meilleures enquêtes sectorielles permettront de meilleures politiques publiques…
Jacques Franc de Ferrière
Comment développer la pêche hauturière
Le directeur adjoint de la DRMM, Cédric Ponsonnet, a fait le point sur le potentiel de développement de la pêche. Il nous apprend ainsi que notre ZEE n'est pas spécialement bien située pour la pêche des principaux pélagiques. La partie nord de notre Territoire est la plus proche des stocks, à part pour les bonites qui préfèrent l'ouest. Pourtant, la pêche se concentre sur les zones proches de Tahiti et des Tuamotu.
On apprend aussi que les gros investissements dans les thoniers congélateurs en 2001, les 17bateaux de Tahiti Nui Rava'ai, ont malheureusement coïncidé avec une chute brutale des prises des thons germons dans tout le Pacifique. Ce qui explique en partie leur échec, en plus du manque de personnel formé.
La DRMM est en train de travailler sur un schéma directeur, pour lequel les consultations sont en cours. Il sera rendu en décembre 2016. Plusieurs pistes sont explorées pour développer le secteur :
- structurer la pêche fraiche (par opposition au congelé, presque inexistant désormais)
- mieux exploiter la ZEE, soit en établissant des bases avancées, soit en développant la congélation ou surgélation
- développer les filières de service aux flottes de pêche
- valoriser les produits pour augmenter la valeur ajoutée
- mettre en place les infrastructures nécessaires et développer la formation
- diversifier les prises, par exemple avec l'espadon
Le tourisme nautique et maritime génèrent entre 11 et 14 milliards de francs
Les tourismes nautique et maritime rapportent entre 11 et 14 milliards de francs par an à la Polynésie, cependant les secteurs pourraient être plus productifs si le pays investissait dans des infrastructures maritimes adaptées.
Le tourisme nautique et maritime est composé de quatre segments au confluent du tourisme et de la mer qui conjuguent les aspects de navigation, transport, restauration et logement : la plaisance, le Charter, le Yachting et la croisière.
L'ensemble de ces activités ont connu ces cinq dernières années des croissances conséquentes à savoir l'activité de plaisance enregistre 40% d'augmentation, tandis que les charters ont connu une hausse de 15%, le yachting quant à lui est passé d'une moyenne de 40 yachts par an à 50 soit une hausse d'environ 20%, tandis que la croisière enregistre une hausse de plus de 100% sur les cinq dernières années.
Chacun de ces segments nécessite des investissements et des adaptations spécifiques.
En effet, les plaisanciers, c’est-à-dire, ceux qui arrivent sur le fenua avec leur bateau représentent 1,5% du volume touristique total, ils sont 24% à rester entre 60 et 90 jours et s'ils dépensent moins que le reste des touristes ils représentent entre 850 et 900 millions de retombées économiques directes. Ce tourisme serait d'autant plus intéressant qu'il ne se restreint pas au grand parcours touristique, mais fait vivre de petits atolls qui gagneraient à avoir de petites marinas pour les accueillir. En effet, 84% des plaisanciers visitent trois atolls et plus.
L'autre segment qui nécessite une forte adaptation est celui des yachts. En effet, s'ils ne sont qu'une cinquantaine à passer par le fenua, ils dépensent beaucoup et génèrent près d'un milliard de francs par ans. Ils rencontrent souvent des problèmes avec les douanes, l'immigration et l'administration. Cette activité évolue de façon très lente du fait de cette inadaptation. Le pays doit s'organiser pour accueillir ce genre d'activité qui est particulière et n'entre dans aucune case, ainsi l'Australie a créé un statut spécifique pour le Yachting de luxe.
Le pays étudie ces questions et travaille à améliorer son offre notamment parce que ces filières sont des niches d'emplois, mais aussi de richesses.
Les tourismes nautique et maritime rapportent entre 11 et 14 milliards de francs par an à la Polynésie, cependant les secteurs pourraient être plus productifs si le pays investissait dans des infrastructures maritimes adaptées.
Le tourisme nautique et maritime est composé de quatre segments au confluent du tourisme et de la mer qui conjuguent les aspects de navigation, transport, restauration et logement : la plaisance, le Charter, le Yachting et la croisière.
L'ensemble de ces activités ont connu ces cinq dernières années des croissances conséquentes à savoir l'activité de plaisance enregistre 40% d'augmentation, tandis que les charters ont connu une hausse de 15%, le yachting quant à lui est passé d'une moyenne de 40 yachts par an à 50 soit une hausse d'environ 20%, tandis que la croisière enregistre une hausse de plus de 100% sur les cinq dernières années.
Chacun de ces segments nécessite des investissements et des adaptations spécifiques.
En effet, les plaisanciers, c’est-à-dire, ceux qui arrivent sur le fenua avec leur bateau représentent 1,5% du volume touristique total, ils sont 24% à rester entre 60 et 90 jours et s'ils dépensent moins que le reste des touristes ils représentent entre 850 et 900 millions de retombées économiques directes. Ce tourisme serait d'autant plus intéressant qu'il ne se restreint pas au grand parcours touristique, mais fait vivre de petits atolls qui gagneraient à avoir de petites marinas pour les accueillir. En effet, 84% des plaisanciers visitent trois atolls et plus.
L'autre segment qui nécessite une forte adaptation est celui des yachts. En effet, s'ils ne sont qu'une cinquantaine à passer par le fenua, ils dépensent beaucoup et génèrent près d'un milliard de francs par ans. Ils rencontrent souvent des problèmes avec les douanes, l'immigration et l'administration. Cette activité évolue de façon très lente du fait de cette inadaptation. Le pays doit s'organiser pour accueillir ce genre d'activité qui est particulière et n'entre dans aucune case, ainsi l'Australie a créé un statut spécifique pour le Yachting de luxe.
Le pays étudie ces questions et travaille à améliorer son offre notamment parce que ces filières sont des niches d'emplois, mais aussi de richesses.