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L'école dans le lagon à Puohine


L'école de Puohine a reçu le label de l'AME en 2017. Depuis les élèves apprenent à mieux connaître l'environnement marin qui les entoure.©V.Leroi
L'école de Puohine a reçu le label de l'AME en 2017. Depuis les élèves apprenent à mieux connaître l'environnement marin qui les entoure.©V.Leroi
Raiatea, le 13 février 2023 – Les élèves de l’école primaire de Puohine ont accueilli lundi une classe de 6e du collège de Uturoa pour partager leur savoir sur leur aire marine éducative et sa biodiversité. Une occasion d’approfondir ses connaissances pour certains, et d’améliorer les échanges et la transmission pour d’autres.
 
Les 20 élèves du CE1 au CM2 de l’école de Puohine ont accueilli lundi la classe de 6e 3 du collège de Uturoa pour un échange pédagogique d’un genre particulier. Accompagnés par leur institutrice Maima Guillots, les jeunes élèves ont partagé leurs connaissances sur leur Aire marine éducative (AME) et sa biodiversité. Pour cela, ils avaient préparé des ateliers et jeux autour des poissons et des coraux. Les élèves âgés de 7 à 10 ans ont ainsi pu questionner leurs ainés et leur apprendre les espèces de poissons observées dans l’AME : o’eo, para’i, i’ihi, paraha peue, etc. De même que les différents types de coraux présents dans l’aire marine. À la suite de cette séquence ludique et pédagogique, les élèves se sont mis en situation, à l’eau, accompagnés deux scientifiques référents sur ce projet, afin de voir tout ce qu’ils venaient d’apprendre. Un débrief a ensuite été organisé au retour à l’école, pour aider les enfants à catégoriser ce qu’ils venaient de voir.

Connaître, vivre et transmettre la mer

La transmission est essentielle dans le concept des AME. ©V.Leroi
La transmission est essentielle dans le concept des AME. ©V.Leroi
Une AME est une zone maritime du littoral gérée de manière participative par une école. Il n’y a aucune obligation réglementaire mais elle est reconnue par un label dont l’obtention est conditionnée par la réalisation d’actions spécifiques. Les Aires marines éducatives se basent sur trois piliers : Connaître, vivre et transmettre la mer. “Connaître la mer, c’est toutes les informations que les scientifiques nous apportent. Vivre, c’est quand on se met à l’eau, et aujourd’hui on transmet à une autre classe”, se réjouit Maima Guillots. Quatre à cinq sessions de ce type sont organisées tout au long de l’année. “L’objectif est aussi de faire effet boule de neige, et que les enfants puissent rapporter à leurs aînés ce qu’ils ont appris.” L’école primaire de Puohine a obtenu son premier label d’AME en 2017.
 
En Polynésie, la première AME a vu le jour aux Marquises en 2013. Celle de Puohine a été initiée en 2017 par la commune, et soutenue par la DGEE. C’est donc la cinquième génération d’élèves qui suit le projet. “La première génération est maintenant en classe de troisième !” L’AME de l’école Puohine a été la première des Îles Sous-le-vent et reste pour l’instant la seule de Raiatea. Sur les îles voisines, des AME ont vu le jour à l’école de Haamene et à Patio à Taha’a, ainsi qu’au CJA de Huahine. Magali Lagant fait partie des scientifiques missionnés par la DGEE pour intervenir sur les 27 AME que compte la Polynésie française : Tahiti, Moorea, mais aussi Tubuai, Fakarava, Ua Pou, Ua huka, Nuku hiva… Magali Lagant explique que “Rangiroa a récemment demandé sa labellisation. Il nous en manque juste aux Gambier, mais ça ne saurait tarder”.

Nohealanie Apo Tefaaora , 10 ans, et Manihei Tetauira 9 ans, en classe de CM2 à Puohine
“S’il n’y a plus de coraux, il n’y a plus de poissons et donc plus rien à manger”

“Aujourd’hui on a fait des activités pour transmettre ce qu’on sait, leur apprendre comment les coraux vivent, à quoi ils servent, comment ils s’appellent. Et sur les choses autour : De quoi les poissons se nourrissent ? ; Comment ils vivent ?  On a préparé des jeux. On s’est entraînés à l’école pour savoir bien parler et bien leur expliquer. On a ces connaissances parce qu’on a commencé il y a 4 ans, quand on était en CE1. C’est les scientifiques qui nous ont appris, et notre référente culturelle tatie Djelma Ariitai. Ce qu’on retient surtout c’est qu’il faut protéger les coraux, parce que s’il n’y a plus de coraux, il n’y a plus de poissons, et donc plus rien à manger. On a donc bouturé du corail. On a récupéré des morceaux de corail cassés dans l’AME, puis on les a accrochés aux spiders, et maintenant tous les mois on regarde comment nos bouturages de coraux grandissent.”

Magali Lagant, éducatrice environnementale et guide naturaliste de randonnée aquatique
"Quand tu connais, tu comprends la biodiversité marine”

“Mon rôle est de faire découvrir aux élèves leur zone, améliorer leurs connaissances en parlant du milieu et de la biodiversité marine. On les accompagne tout au long de leur année scolaire pour avoir un suivi et une amélioration de leurs connaissances. C’est intéressant de voir l’évolution.
Lors de la première mise à l’eau, généralement, il y a beaucoup d’angoisse, d’appréhension. Les élèves ont du mal à nager. Et dès la seconde séance, ils ont amélioré leurs connaissances du milieu marin, donc forcément ils ont moins peur, car quand tu connais, tu comprends la biodiversité marine. Et même entre eux, ils se rendent compte qu’ils sont dans le vivant. Un corail ce n’est plus un caillou. Et entre eux ils se reprennent ‘Eh, ne touche pas, tu vas tuer tous les polypes !’. Au fur et à mesure on voit cette compréhension et cette amélioration de connaissances.”

Par petits groupes, les élèves ont visité l’AME accompagnés des scientifiques. ©V.Leroi
Par petits groupes, les élèves ont visité l’AME accompagnés des scientifiques. ©V.Leroi

Rédigé par V.Leroi le Mardi 14 Février 2023 à 14:13 | Lu 721 fois