L'avant et l'après-village olympique à Teahupo'o


Tahiti, le 15 décembre 2022 – Fin juillet 2024, Teahupo'o accueillera les épreuves de surf des Jeux olympiques de Paris 2024. En vue de l'événement, un village olympique éphémère va être construit sur le domaine Rose, situé après la passerelle du PK0. Une étude d'impact relative aux travaux de terrassement préalables à la mise en place du village et à la remise en état du site après l'événement est actuellement consultable par le public, jusqu'au 13 janvier prochain.
 
Teahupo'o, connu par les surfeurs du monde entier pour sa vague mythique, a été sélectionné par le comité olympique Paris 2024 pour accueillir les épreuves de surf du plus gros événement sportif mondial. C'est le domaine Rose, situé après la fin de la route territoriale TR4, sur la rive gauche de la rivière Tiirahi, c'est-à-dire après la passerelle du PK0, qui accueillera le village olympique, les athlètes seront logés quant à eux dans l'ex-hôtel Puunui, à Toahotu. Si l'événement représente une superbe vitrine pour Tahiti et sa Presqu'île, pas question pour autant de dénaturer le site. Conformément à la volonté des riverains, c'est donc un village éphémère qui sera installé. Une étude d'impact est actuellement mise à la disposition du public pour consultation concernant les modalités des travaux de terrassement qui doivent être réalisés sur le domaine Rose pour accueillir le village ainsi que les modalités de remise en état du site après l'événement.
 
Le village éphémère, baptisé “Back of House”, accueillera les médias, les volontaires, les athlètes (hors hébergement), les services de sécurité et le staff. Les installations comprennent, entre autres, des espaces de travail, une zone de stockage des équipements sportifs, une aire d'échauffement, une salle de sport, un espace kiné, un poste médical, des vestiaires ou encore une zone de restauration. Le tout sur une superficie totale de 1 500 m2, sur le domaine Rose, dont l'emprise est comprise entre 20 000 et 25 000 m2. Les installations et le fonctionnement durant l'événement sont à la charge du comité olympique, l'Institut de la jeunesse et des sports est quant à lui chargé de la réalisation des travaux de préparation du site et de sa remise en état à l'issue des Jeux.

L'ensemble des installations démonté après les Jeux

Ces travaux préparatoires comprennent le nettoyage du site, qui est une zone agricole principalement en friche, bordée par une forêt de purau, et une partie du littoral. La partie supérieure du terrain (plus de 20 500 m2) sera défrichée. Pour limiter les mouvements des camions, l'étude indique que les matériaux seront broyés sur place et réutilisés en paillage. La plateforme sera ensuite terrassée pour permettre la pose des locaux mobiles. Le volume de terrassement est estimé à près de 11 000 m3, dont près de 2 000 m3 seront à évacuer. Les déblais stockés sur place seront entreposés sur une zone à l'écart, sur le domaine Rose, et seront redéposés sur le site d'origine après les épreuves.
 
Le projet prévoit également le revêtement du cheminement vers la mer depuis la parcelle jusqu'au littoral pour sécuriser et faciliter l'accès des surfeurs et des spectateurs à la mer. Des clôtures anti-intrusion rigides, hautes d'1,60 m hors sol, seront installées ainsi que des panneaux de signalisation. Comme les installations du village, les clôtures et panneaux seront démontés et évacués à l'issue de l'épreuve. En revanche, l'étude indique que les pieux enterrés pourront être laissés sur place. Les fossés d'eaux pluviales, qui auront été creusés, seront également rebouchés.

La traversée de la rivière, l'enjeu majeur

Le site du village éphémère est situé à 500 m après le PK0, en passant à pied par la passerelle. En revanche, en voiture, il est situé à 1 km en empruntant une voie non entretenue et non bitumée et nécessite de traverser la rivière à gué. Cela représente l'enjeu majeur mis en lumière par l'étude d'impact. En effet, lors des phases de préparation et de remise en état, de nombreux engins vont devoir traverser la rivière. Les risques identifiés sont l'apport de boues qui peuvent altérer l'environnement jusqu'au lagon, la destruction du gué, l'atteinte des berges et l'apport de fluides et de lubrifiants dans le lagon. L'étude souligne également que si le cours d'eau est pollué, cela peut impacter l'acception du projet par les riverains. Les riverains qui ne semblent d'ailleurs pas d'accord entre eux sur la construction éventuelle d'un pont. Ceux situés après la rivière y sont favorables, selon plusieurs personnes rencontrées sur place, mais qui indiquent que ceux qui résident avant n'en veulent pas.
 
Pour la piste de desserte, l'étude souligne le risque de formation d'ornières, le risque d'érosion de la piste et, là aussi, l'acception sociale qui passe par l'absence de dégradation. Pour éviter une détérioration de la piste et de la qualité de l'eau, le document recommande d'imposer des mesures telles que la réalisation de bassins de nettoyage des roues des engins avant qu'ils ne s'engagent sur la piste. Il recommande également qu'un constat de la piste soit effectué en amont et en aval des travaux, et que la piste soit remise en état si des dégradations sont constatées.
 
Concernant la faune et la flore du site, aucune espèce végétale protégée de catégorie A n'a été recensée sur le site, en revanche il est possible d'observer des espèces aviaires de cette catégorie. Le risque de destruction de leur habitat représente un enjeu principal en termes de biodiversité. L'étude recommande donc d'assurer la translocation des nids observés. Une attention particulière devra également être portée sur la gestion des espèces invasives. Le chantier pourrait entraîner la prolifération de rats en raison de la production de déchets, qui devront donc faire l'objet d'un schéma d'organisation et de gestion. Le site est actuellement exempt de colonies de petites fourmis de feu, il conviendra donc de s'assurer que l'espèce ne soit pas introduite. Enfin, il existe un risque de recolonisation des espaces défrichés par des espèces végétales envahissantes.

Trafic routier perturbé

Si l'étude d'impact ne concerne pas la phase d'exploitation du site durant l'événement, elle alerte néanmoins sur l'impact que pourra avoir la fréquentation du site (538 personnes en journée) sur la circulation, notamment au niveau des écoles et garderies situés sur le trajet entre l'hôtel Puunui et le village olympique, et souligne que cela implique de prendre en compte la sécurité des enfants. Elle préconise la mise en place éventuelle d'une plage horaire de circulation entre la zone d'hébergement et le village. Cette préconisation est également valable durant la phase de chantier avec la circulation des engins.
 
L'ensemble des travaux (phase préparatoire et phase de remise en état) sont prévus sur une durée de quatre mois. L'étude d'impact est consultable jusqu'au vendredi 13 janvier prochain à la mairie annexe de Teahupo'o, à la mairie principale de Vairao et à la direction de la construction et de l'aménagement de Taiarapu.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Jeudi 15 Décembre 2022 à 16:23 | Lu 3724 fois