Chengdu, Chine | AFP | jeudi 12/09/2019 - C'est un soir d'hiver en 2012, dans un village de l'est de la Chine. Assis sur le sol de sa chambre, un adolescent de 16 ans, le scalpel à la main, entreprend de trancher ses organes génitaux, pendant que sa mère dort dans la chambre d'à côté.
Ce garçon tente au risque de sa vie de reproduire des opérations vues en ligne dans des dizaines de tutoriels, afin de se débarrasser de son sexe de naissance.
Stoppé par la douleur, l'ado interrompt son opération à mi-parcours.
Il s'appelle désormais Alice et raconte à l'AFP: "J'étais désespéré, j'avais peur. J'avais cette impression qu'il fallait tout nettoyer et en finir une bonne fois pour toutes."
La Chine ne compte aucune statistique officielle sur le nombre de transsexuels dans le pays. Mais peu d'hôpitaux pratiquent le changement de sexe, ce qui peut conduire certaines personnes à s'automutiler, comme l'a rappelé Amnesty International en début d'année.
"C'était un gros souci qui me dévorait de l'intérieur", témoigne Alice, qui ne se reconnaît dans aucun sexe.
A l'époque, l'adolescent dépensait déjà des fortunes en médicaments hormonaux et, en tant que mineur, aurait eu besoin du consentement de sa famille pour pouvoir subir une opération coûteuse.
"Lois et politiques discriminatoires poussent des gens à se dire qu'ils n'ont d'autre choix que de risquer leur vie en s'opérant eux-mêmes ou bien en cherchant des hormones frelatées au marché noir", observe Doriane Lau, spécialiste de la Chine pour Amnesty International.
- Maladies mentales -
Malheureux dans son corps de femme, Jiatu a entrepris il y a trois ans un traitement clandestin à la testostérone, avec des injections qui lui sont livrées par des passeurs depuis la Thaïlande.
"C'est le seul moyen de s'en procurer", raconte-t-il à l'AFP. "On se tient au courant sur internet grâce à des frangins", ajoute-t-il en référence à d'autres femmes devenues hommes.
En mars, le gouvernement chinois a accepté une recommandation du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU l'invitant à bannir les discriminations contre les personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bi-, trans- et "intersexe").
Mais Pékin classe toujours les transsexuels comme souffrant de "maladie mentale".
Alice, 23 ans, met l'inertie du gouvernement sur le dos du conservatisme de la société chinoise. "La période n'est pas favorable. Ce que peut faire le gouvernement est limité par l'attitude de la société." A ses yeux, "les choses iront mieux pour la prochaine génération".
Alice vit à Shanghai et s'habille en robe à volants sous ses longs cheveux noirs, travaillant désormais en tant qu'éducateur venant en aide aux trans.
Après son automutilation ratée, Alice a finalement fait entièrement ôter ses organes masculins l'an dernier lors d'une opération en Thaïlande qui lui a coûté plus de 90.000 yuans (11.400 euros). Un cadeau de sa petite amie.
"C'est plus naturel, je me sens très bien", assure Alice. "Je suis beaucoup mieux dans ma tête."
Ce garçon tente au risque de sa vie de reproduire des opérations vues en ligne dans des dizaines de tutoriels, afin de se débarrasser de son sexe de naissance.
Stoppé par la douleur, l'ado interrompt son opération à mi-parcours.
Il s'appelle désormais Alice et raconte à l'AFP: "J'étais désespéré, j'avais peur. J'avais cette impression qu'il fallait tout nettoyer et en finir une bonne fois pour toutes."
La Chine ne compte aucune statistique officielle sur le nombre de transsexuels dans le pays. Mais peu d'hôpitaux pratiquent le changement de sexe, ce qui peut conduire certaines personnes à s'automutiler, comme l'a rappelé Amnesty International en début d'année.
"C'était un gros souci qui me dévorait de l'intérieur", témoigne Alice, qui ne se reconnaît dans aucun sexe.
A l'époque, l'adolescent dépensait déjà des fortunes en médicaments hormonaux et, en tant que mineur, aurait eu besoin du consentement de sa famille pour pouvoir subir une opération coûteuse.
"Lois et politiques discriminatoires poussent des gens à se dire qu'ils n'ont d'autre choix que de risquer leur vie en s'opérant eux-mêmes ou bien en cherchant des hormones frelatées au marché noir", observe Doriane Lau, spécialiste de la Chine pour Amnesty International.
- Maladies mentales -
Malheureux dans son corps de femme, Jiatu a entrepris il y a trois ans un traitement clandestin à la testostérone, avec des injections qui lui sont livrées par des passeurs depuis la Thaïlande.
"C'est le seul moyen de s'en procurer", raconte-t-il à l'AFP. "On se tient au courant sur internet grâce à des frangins", ajoute-t-il en référence à d'autres femmes devenues hommes.
En mars, le gouvernement chinois a accepté une recommandation du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU l'invitant à bannir les discriminations contre les personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bi-, trans- et "intersexe").
Mais Pékin classe toujours les transsexuels comme souffrant de "maladie mentale".
Alice, 23 ans, met l'inertie du gouvernement sur le dos du conservatisme de la société chinoise. "La période n'est pas favorable. Ce que peut faire le gouvernement est limité par l'attitude de la société." A ses yeux, "les choses iront mieux pour la prochaine génération".
Alice vit à Shanghai et s'habille en robe à volants sous ses longs cheveux noirs, travaillant désormais en tant qu'éducateur venant en aide aux trans.
Après son automutilation ratée, Alice a finalement fait entièrement ôter ses organes masculins l'an dernier lors d'une opération en Thaïlande qui lui a coûté plus de 90.000 yuans (11.400 euros). Un cadeau de sa petite amie.
"C'est plus naturel, je me sens très bien", assure Alice. "Je suis beaucoup mieux dans ma tête."