L'association 193 dénonce un transfert de graviers contaminés de Hao


Une manifestation pacifique sera organisée ce mercredi de 9 à 11 heures, devant la Présidence.
PAPEETE, le 24/10/2016 - Dans un communiqué, l'association 193 monte au créneau. Ses membres dénoncent le transfert, par le bateau Nukuhau, de graviers contaminés venant de Hao vers Rikitea, pour la réhabilitation de la route de l'île. Un transfert jugé irrespectueux par le président de l'association, le Père Auguste Carlson. Ce dernier met aussi en cause les pressions venant de Tahiti. Une manifestation pacifique est prévue demain devant la Présidence à partir de 9 heures.

Les membres de l'association 193 sont en colère. Ils dénoncent le probable transfert par bateau de graviers contaminés venant de Hao vers Rikitea, pour réhabiliter la route de l'île. "Nous avons appris samedi matin que le bateau Nukuhau allait débarquer à Rikitea le lendemain, du gravier de Hao. Le lendemain, nous avons compris que ce n'était pas le premier voyage de Nukuhau transportant du gravier de Hao vers Mangareva. Il y aurait eu déjà deux voyages auparavant, la population devait être tenue informée par le tāvana et son conseil municipal. Donc, Rikitea se retrouve aujourd'hui avec du gravier de Hao, à la demande de la commune de Rikitea", souligne Père Auguste, président de l'association 193.

Pour lui, ces graviers sont réellement contaminés : "Avec tous les rapports qui sortent sur l'atoll de Hao, que ce soit au niveau du ministère de la Défense ou au niveau du territoire, que ce soit au niveau d'une enquête sanitaire qui a été réalisée par l'institut Louis Malardé, quand tous ces différents rapports insistent sur les sols pollués de l'atoll de Hao. Donc, on ne peut pas avoir de doutes quant au transport de ces gravats de Hao."

Plusieurs rencontres ont eu lieu avec le maire de Rikitea à ce sujet. Et si le bateau Nukuhau accoste et décharge réellement ces graviers à Mangareva, une manifestation sera mise en place par la section 193. Et cette histoire ne daterait pas d'hier. "La commune demande depuis longtemps une route convenable tout autour de l'île. Jamais, le pays n'a donné pour la commune de Rikitea", s'indigne le Père Auguste.

"J'ai appris par un tāvana qu'au mois de juillet, le Pays aurait proposé, à moindres coûts, d'amener du sable provenant de Hao. Et c'est pour cela que la commune de Rikitea aurait accepté cela, puisque le coût de la construction de la route de Mangareva serait revu à la baisse. Donc, la proposition est venue du Pays. Pour nous, c'est une proposition qui ne tient pas compte premièrement, de la réalité de Hao. Et pour nous, c'est une manière de ne pas considérer la population de Mangareva, en proposant une solution au rabais", poursuit-il.

DES PRESSIONS VENANT DE TAHITI

Aujourd'hui, pour les membres de l'association 193 les décideurs de Mangareva ne sont pas les seuls fautifs dans cette histoire, le Pays à, aussi, sa part de responsabilité.

Et le Père Auguste affirme que du personnel du bateau Nukuhau auraient subi des pressions. "Un ministère les avait contactés pour leur dire d'emmener ces sacs de sable sur Mangareva."

Pour mieux se faire entendre, une manifestation pacifique sera organisée ce mercredi matin de 9 à 11 heures, devant la Présidence. Le Père Auguste appelle tous les mangaréviens qui habitent à Tahiti à se joindre au mouvement. "Une manifestation pacifique, mais ferme, parce que nous commençons à comprendre que les logiques du fait nucléaire sont tellement impliquées dans l'esprit de gouverner ce Pays, qu'il n'y a pas l'honnêteté que nous attendions, enfin, de ces décideurs politiques. Enfin de compte, devant une manière honnête, on nous fait croire que les choses avancent et par derrière, on prend des décisions qui vont à l'encontre de cette honnêteté en matière du fait nucléaire", confie le président de l'association 193.

Dans un communiqué, la Présidence réfute les propos de l'association 193 au sujet de la contamination de ces graviers de Hao. "Ces matériaux sont issus du concassage des gravats de la démolition de l’ancienne base militaire de Hao. Ils ont été analysés en 2011 par le Laboratoire d’étude et de surveillance de l’environnement (LESE), sur la proposition technique de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le LESE a conclu "qu’aucun radionucléide d’origine artificielle n’a été détecté dans les échantillons.""

Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 24 Octobre 2016 à 18:41 | Lu 2231 fois