L’assemblée dit non à la parité « mathématique » des têtes de liste engendrée par la loi organique


Armelle Merceron a distribué son dépliant sur « l’engagement des femmes en politique » à l'occasion de la séance (téléchargeable ci-dessous)
Oui aux femmes en politique, mais pas question d’appliquer la parité aussi parmi les têtes de liste. C’est ainsi qu’on pourrait résumer le vote de l’assemblée ce jeudi matin. Sandra Levy Agami n’a d’ailleurs pas épargné l’hémicycle de ses railleries : « Alors que bon nombre de familles sont en difficulté aujourd’hui, je ne comprends pas que l’on convoque les représentants pour voter un texte qui n’a pour unique objectif que de modifier les règles pour permettre à certains messieurs de se faire réélire ! ». Le problème est toutefois un peu plus complexe. Explications.

Avec la loi organique du 1er août 2011, la Polynésie ne constitue plus désormais qu'une seule circonscription composée de huit sections. Comme vous le savez peut-être, chaque liste est composée de 73 noms (57 candidats et 16 suppléants), en commençant par la première section et en terminant par la huitième. Règle à laquelle il faut ajouter celle de la parité : c’est-à-dire l’obligation d’une stricte alternance entre hommes et femmes dans les listes.

En métropole, pour les élections régionales dont le mode de scrutin est fortement similaire, il est prévu que la règle de la parité s'applique, non pas au niveau de la circonscription, mais à l'échelle de la section. Mais en Polynésie, le législateur organique aurait « oublié » de modifier l'article de notre loi statutaire qui précise que c'est au niveau de la liste (donc de la circonscription entière) que la parité s'applique.

Résultat : par le jeu de cette alternance, des femmes se retrouveront automatiquement tête de liste dans une section, « mathématiquement », s’indigne Jean-Christophe Bouissou (Ia Ora Te Fenua) pour qui « c'est la compétence qui doit primer » et non la parité. « La liste mathématique proposée par le Parlement pose le problème d'un choix de sexe alors que ce doit être un choix de compétences. Les groupes pourront de toute façon proposer des femmes en tête de liste» rappelle le leader de Rautahi, qui annonce donc qu’il va voter pour cette résolution.

« Le féminisme aiguë est aussi condamnable que le machisme » s’est de son côté expliquée Maina Sage (Ia Ora Te Fenua), pour qui "il faut faire le meilleur choix de leader dans chaque section. Il s'agit de la liberté de la tête de liste. »

Par cette résolution, adoptée finalement à l’unanimité moins une voix (Sandra Levy Agami), les élus sollicitent donc auprès du Parlement la « modification des dispositions statutaires relatives à la mise en oeuvre de la règle de la parité pour l'élection des représentants à l'assemblée de la Polynésie ».

Têtes de liste ou pas, les femmes sont majoritaires à l’assemblée de Polynésie : elles sont 30, soit 53% de l’effectif total. « C’est parce que plus d'hommes sont montés au gouvernement » a relativité Armelle Merceron (Ia Ora Te Fenua). L’équipe du président Temaru ne compte en effet qu’une femme, ministre… de la condition féminine.

depliant JMDF 2010.pdf  (677.62 Ko)


Rédigé par F K le Jeudi 29 Décembre 2011 à 14:10 | Lu 1834 fois