L’artisanat dans tous ses états à la Presqu’île


Le raraga matua, un tressage tout en finesse transmis par Tevahine Teariki (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 10 avril 2024 - Initiation à l’art du raraga matua, confection de paniers et chapeaux en pandanus et création de bijoux en coquillages sont au programme d’une formation en cours pour une durée de deux semaines à Vairao. Trois maîtres-artisans missionnés par le service de l’Artisanat partagent leur savoir-faire à 17 professionnelles ou porteuses de projet, en partenariat avec le comité du tourisme de Taiarapu-Ouest.
 
Tresser, percer, assembler. Autant de techniques indispensables pour pouvoir diversifier ses activités, ou tout simplement faire de l’artisanat son métier.
 
Depuis lundi, entre le centre Tefaao et le quai de Vairao, 17 stagiaires – uniquement des femmes, bien que les hommes soient les bienvenus – bénéficient d’une formation offerte par le service de l’Artisanat, sollicité par le comité du tourisme de Taiarapu-Ouest. “On voulait donner la chance aux personnes intéressées de venir se former pour acquérir de nouvelles compétences”, explique Bernadette Taputu-Wasna, en tant que présidente de l’association.
 

Trois maîtres-artisans

Le pandanus se fait panier ou chapeau avec Inarii Rehia-Nuupure.
Trois maîtres-artisans ont accepté de partager leur savoir-faire. Originaire de Nukutavake, Tevahine Teariki s’est spécialisée dans une technique de tressage ancestrale des Tuamotu, héritée de ses grands-mères : le raraga matua. “On ne prend pas n’importe quelle variété de cocotier et il y a toute une préparation des folioles pour un résultat tout en finesse. Avec ce tressage, on peut faire des pē’ue, des paniers, des cloisons murales, etc. Ça demande beaucoup de patience et de concentration.” Et l’ambiance est effectivement studieuse !
 
Habituée des grandes expositions, Inarii Rehia-Nuupure est venue de Faa’a pour initier les participantes à la confection de paniers et de chapeaux en pandanus. “J’ai grandi dans l’artisanat avec ma mère, qui est originaire de Rurutu. J’étais salariée dans le commerce avant de monter ma propre entreprise de vannerie. Ça va leur servir pour les JO et pour plus tard.”
 
“On peut en vivre, mais il faut être sérieux. Il y a de la demande ! Personnellement, j’honore beaucoup de commandes à l’export et je n’arrive pas à fournir tout le monde”, confirme Mareva Orbeck, artisane de Teahupo’o venue enseigner l’art de la confection de bijoux en coquillages, forte de ses 25 années d’expérience qui l’ont déjà conduite comme formatrice aux Tuamotu. “Cette première formation, c’est une chance pour la Presqu’île. Je suis fière de transmettre mon savoir-faire aux gens de ma commune. Enfin !”, se réjouit-elle. 
 

“C’est très inspirant !”

Mareva Orbeck sait comment sublimer les coquillages.
Du côté des bénéficiaires, l’enthousiasme est à la hauteur de la qualité des enseignements. Pour certaines, comme Naumi Barsinas, “venue voir et apprendre” pour se lancer en quête de “petit revenu”, c’est un premier pas vers l’artisanat. Pour d’autres, c’est l’occasion d’acquérir de nouvelles compétences. “Travailler les coquillages, c’est nouveau pour moi. On apprend à tresser la base des colliers avec une créativité différente. C’est très inspirant !”, confie Myriam Lucas, artisane de métier.
 
Pour parfaire cette formation professionnelle, des cours de vente et d’anglais sont également au programme dans les prochaines semaines.
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 10 Avril 2024 à 16:38 | Lu 1448 fois