L'art polynésien revu par les élèves du Centre des métiers d'art


Maire Tetuanui a réalisé des assises recouvertes de motifs marquisiens. Pour elle, elles pourraient convenir à une garderie.
PAPEETE, le 1er juillet 2015. Les élèves du Centre des métiers d'art exposent les œuvres qui leur ont permis d'avoir leur diplôme. Ces pièces sculptées, gravées, peintes… ne laissent pas indifférents.


Dans un coin d'une des salles du Centre des métiers d'art (CMA), des poufs aux couleurs fluo sont posées. Ils sont recouverts de motifs marquisiens. C'est l’œuvre de Maire Tetuanui, une des huit élèves diplômées du Centre des métiers d'art. «J'ai travaillé sur les motifs marquisiens. Personnellement, je ne souhaite pas me faire tatouer. J'ai donc décidé d'utiliser des volumes, que ce soit les motifs qui me portent », explique la jeune femme, née à Bora Bora. « J'ai donc fait des assises pour les enfants pour les garderies. Au lieu d'utiliser du bois, j'ai pris de la mousse, car mes volumes étaient assez massifs et je ne voulais pas que ce soit trop lourd. »

Avec son diplôme en poche, Maire Tetuanui souhaiterait devenir designer d'objets. Les anciens élèves ont des cursus différents après leur passage au CMA. « Pendant trois ans, ils suivent des cours d'histoire et culture polynésiennes, d'art occidental, d'atelier en gravure, sculpture, dessin, art numérique, peinture... », énumère Tokainiua Devatine, enseignant d'histoire et civilisation polynésienne au CMA. « Ils sont à la fois à l'aise avec le dessin, la base de l'expression, et en même temps des porteurs de patrimoine. Ils peuvent naviguer entre différents supports, plus traditionnels, mais aussi faire des incursions dans le numérique, la modélisation 3D... »

Selon Tokainiua Devatine, « sur les trois-quatre dernières années, le taux d'insertion professionnelle des anciens élèves du CMA est de 70 %, dont 80 % sont dans le domaine culturel et artistique certains deviennent tatoueurs, artisans ou bijoutiers d'art. D'autres sont partis faire des études en métropole ou en Nouvelle-Zélande ». C'est cette derrière option qui attend ainsi Kahara Palmer. Après une remise à niveau en physique-chimie, elle souhaite effectuer une formation pour être restauratrice d'art (lire encadré).

Aucune œuvre exposée ne laisse indifférent. Ainsi, les bijoux de Keziah Taputuarai sont réalisés à partir de nacre mis en valeur dans différents tissus. « Je voulais que mon projet soit coloré et qu'il intègre la couture. Ce sont le tifaifai et le va'a, notamment avec Fa'afaite te ao ma'ohi, qui m'ont inspirée respectivement pour les couleurs et pour la couture », explique-t-elle. « J'ai cousu les différents tissus (dentelle, coton, jeans…) sur la nacre en utilisant la technique du transfilage de voiles. J'ai utilisé des couleurs très vives pour compenser la couleur sombre de la nacre . »
Les œuvres des élèves sont visibles jusqu'au 17 juillet puis du 17 août à la mi-septembre. Le public pourra ainsi découvrir les travaux très différents des huit élèves.


Pratique

Les œuvres des élèves sont visibles du lundi au vendredi, de 8 à 15 heures, jusqu'au 17 juillet. L'exposition fermera pendant les vacances scolaires et sera de nouveau visible à partir du 17 août jusqu'à la mi-septembre.
Avenue du régent Paraita, Papeete
Entrée libre.
Renseignements : 40 43 70 51

Palmer Kahara. Élève diplômée du Centre des métiers d'art

Pouvez-vous présenter les tentures et vêtements que vous avez réalisés ?
« Avec le centre des métiers d'art, on a réalisé une exposition au Musée de Tahiti et des îles, j'avais travaillé les cordes et les attaches. Pour mon diplôme, j'ai voulu continuer sur ce thème. J'ai d'abord fait des tentures murales, ensuite, en les regardant, j'ai voulu que ça se porte, je me suis tournée vers les vêtements. J'ai continué ensuite avec la gravure toujours avec ce système de nœuds et d'attaches, de macramé. »

Qu'avez-vous appris au cours de votre formation au Centre des métiers d'art ?
« Quand je me suis inscrite au concours, je ne savais ni graver, ni sculpter, j'avais des petites bases en dessin. Le centre m'a appris la technique, à maîtriser la matière et à réfléchir sur la conception de nos objets, le sens qu'on apporte à chacune de nos œuvres.

Maintenant que je suis diplômée, je compte faire des études pour être restauratrice d'objets. L'année prochaine, je refais ma remise à niveau de physique -chimie. Ensuite je partirai en métropole. »

Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 1 Juillet 2015 à 12:32 | Lu 1303 fois