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L'arnaqueuse multicarte se faisait passer pour le procureur José Thorel par e-mail


Déjà condamnée six fois pour des escroqueries malgré son jeune âge, la prévenue est repartie en prison où elle purgeait une peine dans un autre dossier d'abus de confiance.
Déjà condamnée six fois pour des escroqueries malgré son jeune âge, la prévenue est repartie en prison où elle purgeait une peine dans un autre dossier d'abus de confiance.
PAPEETE, le 19 novembre 2015 - Une femme de 30 ans a écopé d'un an de prison ferme, ce jeudi après-midi, pour escroquerie. Elle se faisait passer tantôt pour un juge, tantôt pour une avocate, elle avait même créé une adresse mail au nom de José Thorel et faisait miroiter à ses victimes l'acquisition de saisies judiciaires –maisons, bateaux, voitures- à des prix dérisoires.


Marie, 30 ans, regrette. Elle pleure à la barre. Jeune femme très imposante, elle se dit complexée par son poids et les moqueries qu'elle subit depuis l'enfance. Quel rapport avec les escroqueries ? La capacité qu'elle a développé, selon elle, à changer d'identité pour s'inventer une vie meilleure.
Sauf que Marie ne s'est pas contentée de compenser son malaise sur internet, de draguer sur facebook, comme elle l'a vraiment fait, derrière un avatar de "jeune et belle blonde métropolitaine". Sa capacité de manipulation a aussi fait des dégâts dans la vraie vie. Dix victimes qui se sont retrouvées cet après-midi sur les bancs du tribunal pour demander réparation.

4 millions de Fcfp de préjudice

Entre décembre 2014 et juin 2015, la jeune femme leur a soutiré près de 4 millions de Fcfp, sous formes d'acomptes pour des "bons plans" qui n'étaient évidemment que pure fiction. Intelligente, manipulatrice et s'exprimant avec aplomb, Marie se faisait passer tour à tour pour un juge, une avocate, une greffière, elle avait même créé une adresse mail au nom du procureur de la République José Thorel pour échanger et finir de mettre en confiance certaines de ses victimes.

Son plan : se faire passer pour quelqu'un d'influent au tribunal, quelqu'un qui pourrait, en échange d'une belle avance financière, leur proposer des affaires incroyables sur tous les biens saisis par la justice, les ventes aux enchères. "Elle m'a parlé d'une maison à 500 000 Fcfp" explique l'une des personnes abusées. Un autre avait avancé près de 2 millions de Fcfp contre la promesse de remporter la vente de quatre maisons. L'arnaqueuse était tellement au point qu'elle arrivait, une fois ses victimes accrochées, à se faire passer pour plusieurs personnes au téléphone en même temps en changeant sa voix, glissant dans la conversation des noms de magistrats : "Ne quitte pas, je suis avec le juge Stelmach".

"Un Tahiti Pas Cher au tribunal"

"Elle nous a fait croire qu'on allait rentrer dans un cercle VIP du tribunal de gens qui faisaient de bonnes affaires entre eux, une sorte de Tahiti Pas Cher au tribunal quoi" témoigne une victime devant les magistrats amusés. Et qui démentent dans la foulée !
Une fois ses victimes bernées au téléphone, Marie prenait le relais sur le terrain en s'inventant un nouveau personnage, faisait visiter des maisons soit disant à vendre, se procurait des plans qu'elle signait du sceau d'un juge d'instruction. Que du vent évidemment.

Sa famille lui faisait confiance : la moitié de ses proies étaient des cousins éloignés qui ne se sont pas posés de questions. C'est l'une des victimes qui a mis fin à la mauvaise blague en téléphonant à une greffière du tribunal, pour vérifier si une certaine "Cassidy Sullivan" dont lui avait parlé Marie travaillait bien au palais de justice. La dernière invention de Marie, condamnée en fin d'après-midi à 2 ans de prison dont 1 an ferme avec maintien en détention. Sa septième condamnation pour escroquerie à seulement 30 ans.



Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 19 Novembre 2015 à 18:16 | Lu 2848 fois