L'appel à l'aide des pompiers du CTA


Le CTA centralise les appels d'urgence de Pirae, Arue, Punaauia et Hitia'a. Crédit photo : Présidence.
Tahiti, le 24 juillet 2023 - Lassés de leurs conditions de travail, les pompiers du centre de traitement des appels veulent monter au créneau. Le mois dernier, avec leur avocat Me Bourion, ils ont adressé à la commune de Arue un courrier, laissé sans réponse, signifiant les “conditions déplorables” dans lesquelles ils évoluent. Une requête sera même déposée au tribunal administratif de Papeete avant la fin du mois. Si une grève n'est pour l'instant pas à l'ordre du jour, la situation pourrait évoluer si rien ne bouge.
 
Les pompiers du centre de traitement des appels (CTA) en ont ras le bol et veulent le faire savoir. En effet, sidérés du manque de considération de leur commune (Arue) quant à leurs nombreuses demandes d'amélioration de leurs conditions de travail, certains pompiers titulaires ont pris l'initiative, il y a plus d'un mois, d'engager un avocat pour tenter de faire avancer les choses. Joint par Tahiti Infos, Me Bourion, en charge du dossier, dénonce les “conditions de travail déplorables” des agents. Celui-ci a également révélé qu'un courrier de onze pages avait été signifié par huissier à la commune le mois dernier. “Dans ce document, on a détaillé tous les points qui ne vont pas au CTA”, explique-t-il. “Mais nous n'avons reçu aucune réponse à ce jour. Nous allons donc en effet lancer une procédure au tribunal administratif de Papeete. La requête sera déposée certainement avant la fin du mois.” 
 
Parmi les points clefs de ce courrier, ce sont les manques d'effectifs, de prise en compte des heures supplémentaires mais également de communication qui prédominent. “Les pompiers se retrouvent très souvent seuls alors qu'ils devraient être deux ou trois lors de leurs rotations. De plus, les locaux sont très bruyants. Il y aussi des problèmes sur des éléments techniques comme les transferts d'appel. Pour moi, d'après ce que mes clients m'indiquent, ils sont clairement maltraités. En plus, il n'y a pas de dialogue avec la commune, on ne leur répond pas. Ils sont clairement pris à la légère alors que c'est un service essentiel”, a-t-il ajouté. Toujours selon l'avocat, cette situation met l'ensemble des populations des communes qui intègrent ce système dans un état d'insécurité latent en raison de “l'état d'épuisement des pompiers”. Si le tribunal administratif venait à donner raison à Me Bourion et ses clients, la commune serait donc dans l'obligation de remanier tout le service. Pour l'instant, une grève n'est pas encore à l'ordre du jour, mais l'idée pourrait bien faire son chemin chez les agents du CTA. “Si rien ne bouge après le dépôt de la requête, c'est tout à fait possible que le sujet soit évoqué.”
 
Pour rappel, le CTA centralise les appels d'urgence afin de mieux coordonner le Samu et les pompiers. Quatre communes intègrent ce système : Arue, Pirae, Hitia'a et Punaauia. Trois agents se relaient pour réceptionner les appels, tandis que dix pompiers professionnels assurent les interventions.
 
“Si c'est dans les tuyaux, ils sont encore bouchés”
 
Interrogé sur ce sujet, le nouveau directeur général des services (DGS) de Arue, John Toromona, n'a pas hésité à balayer d'un revers de la main les inquiétudes sur cette affaire. “Ce n'est plus d'actualité”, a-t-il même affirmé avec aplomb. “Je suis allé à leur rencontre la semaine passée pour discuter de la façon dont on pourrait solutionner leurs problèmes.” Toujours selon lui, le principal problème est essentiellement organisationnel : “Nous avions un gros problème au niveau de l'organisation des horaires. C'est vrai que parfois, des pompiers se retrouvaient seuls à assurer leur rotation. J'ai donc repris en main tout le planning et cette situation ne devrait pas se répéter à partir du mois d'août.” Sur la question du manque d'effectifs, le DGS s'est montré tout aussi dithyrambique quant aux solutions proposées aux agents. “Il y a dix pompiers professionnels. Pour assurer le bon roulement, nous aurions besoin de cinq postes de plus. Mais nous avons également douze pompiers volontaires. Grace à eux, et avec un planning remanié, nous arriverons toujours à aligner des équipes de minimum deux agents.”  Un optimisme que ne partage évidemment pas Me Bourion, qui a assuré, lui, que rien n'était réglé. “J'ai eu mes clients vendredi dernier et rien n'a évolué. Si c'est dans les tuyaux, ils sont encore bouchés.”
 
Outre les problèmes internes qui secouent le CTA, une réunion quant à l'avenir du centre est prévue avec le haut-commissaire vendredi prochain. “Nous aimerions garder le CTA, mais il faut qu'on nous donne les moyens de le faire”, a expliqué John Toromona sur ce sujet. Une rencontre avec les tāvana des communes qui intègrent ce système d'appels est d'ores et déjà actée ce mercredi, pour préparer au mieux cette réunion avec le haut-commissariat.

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 24 Juillet 2023 à 19:50 | Lu 2965 fois