L’apnéiste Denis Grosmaire réalise une plongée à -110 m


Tahiti, le 22 juillet 2024 – L’apnéiste de Tikehau Denis Grosmaire vient de repousser son record personnel lors d’une plongée en immersion libre effectuée ce vendredi aux Philippines, où il a atteint  -110 mètres.
 
“Ce matin-là, j’étais dans le bon mood, j’avais bien dormi et, comme d’habitude, j’ai fait 45 minutes de stretching spécifique puis 30 minutes de méditation/visualisation, très intensément”, détaille l’apnéiste Denis Grosmaire. Vendredi dernier, le champion polynésien est parvenu à repousser son record personnel en réalisant une plongée en apnée libre à 110 mètres de profondeur. La performance a été atteinte alors que Denis Grosmaire est actuellement aux Philippines dans le cadre de la préparation de son nouveau record personnel, au Camotes Freediving, le centre d’apnée de son ami Thibault Guignes. “Je ne mange rien le matin avant de plonger, mais je bois beaucoup d’eau. Tous les indicateurs étaient au vert, c’était le bon jour pour y aller.”
 
Cette performance, bien que non réalisée en compétition, est équivalente à la 12e place mondiale (classement AIDA).
 
Une plongée que l’apnéiste a soigneusement préparée : “J’avais répété plusieurs fois les 100 m puis les 105 m ainsi que les statiques au fond, afin d’améliorer mon adaptation à la profondeur et renforcer mon mental.”
 
Nouvel objectif à -120 m
 
Pour cette saison d’entraînement, Denis Grosmaire dit avoir particulièrement mis l'accent sur la préparation mentale pour mieux gérer le stress et se sentir plus confiant avant et pendant la plongée. “Chaque jour, je faisais un important travail de visualisation”, explique-t-il. “Mon entraînement physique, lui, avait été légèrement réduit, par rapport à ce que je fais à Moorea, pour éviter la fatigue excessive. Tous ces efforts ont porté leurs fruits et j’ai réussi une belle plongée à -110 m en 3’56’’. La descente était très agréable et, arrivé à -110 m, j’étais confiant pour la remontée. Cependant, après quelques mètres, mes bras ont rapidement commencé à brûler, et la narcose a accentué cette sensation de lourdeur. J’avais l’impression de remonter un sac de ciment. Mais grâce à ma préparation mentale, j’ai réussi à rester détendu et à ignorer le temps jusqu’à apercevoir mon apnéiste de sécurité à -30 m. Même si j’étais un peu dans le rouge avec une forte présence d’acide lactique, j’ai terminé la plongée avec succès.”
 
La préparation mentale de Denis Grosmaire inclut des exercices de respiration suivis de longues méditations pour rester dans l’instant présent puis d’exploration profonde des émotions. “Ensuite, je travaillais sur la confiance en soi et visualisais mes plongées pour réduire le stress et augmenter ma confiance le jour J. J’ai aussi beaucoup travaillé sur mon profil de plongée.”
 
Bien que réalisée hors compétition, la plongée que vient de réaliser Denis Grosmaire aux Philippines lui donne bon espoir pour de nouveaux objectifs : “Cette plongée à -110 m m’a ouvert de nouvelles perspectives et j’aimerais maintenant atteindre -120 m. Ce n’est que 10 mètres de plus, soit 20 secondes supplémentaires de plongée, et je sens que c’est faisable, surtout avec ma nouvelle approche mentale de la profondeur. Cependant, mon entraînement ici se termine et je dois rentrer à Tikehau pour travailler.”
 
En quête de sponsors
 
Depuis 2018, l’apnéiste s’entraîne en profondeur. Il a participé deux fois à la Vertical Blue, la compétition la plus prestigieuse au monde aux Bahamas, ainsi qu’à plusieurs déplacements comme celui qu’il réalise actuellement aux Philippines. “Tout cela à mes frais”, déplore le sportif de haut niveau. S’il bénéficie des avantages de déplacement qu’offre la compagnie aérienne locale à ses “ambassadeurs”, il déplore avoir beaucoup de mal à obtenir l’aide de “sponsors financiers”. “J’ai pourtant sollicité certaines des entreprises les plus riches de Polynésie, mais sans obtenir de soutien, ni même parfois de réponse. Pourtant, soutenir un athlète représente une infime partie de leur budget marketing, un budget défiscalisé à 60%. Le sport polynésien est de haut niveau, mais dès que l’on veut s’entraîner à l’étranger, cela devient très compliqué sans soutien financier.”

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 22 Juillet 2024 à 13:42 | Lu 1680 fois