L’amour inconditionnel d’une femme


Tahiti, le 6 juillet 2023 - Dans son spectacle qu’il présentera ce samedi en catégorie Hura Ava Tau, le groupe Hivarani a décidé de mettre en valeur les femmes, qu’il considère comme étant toutes des “guerrières”. La responsable du groupe appelle également les hommes à arrêter toutes violences faites aux femmes.    

La cheffe du tout nouveau groupe Hivarani, Tearai Poura épouse Gooding, connaît très bien le Heiva. Cette dernière a, en effet, fait partie d’un des grands groupes de la place et y a dansé pendant plus d’une trentaine d’années. “Je suis une ancienne danseuse, je me suis occupée de plein de choses dans mon ancien groupe et cela m’avait traversé l’esprit de monter mon propre groupe, car lorsque je faisais des propositions, on n’en tenait jamais compte. Et cela devenait fatiguant à la longue”, assure Tearai Poura. Ce sont ses enfants, la voyant pas bien, qui lui ont conseillé de quitter son groupe de danse et de monter le sien. Elle pourra ainsi mettre en scène toutes les idées qui lui passent par la tête. “Et c’est ce que j’ai essayé de faire cette année.”

“Cette femme qui est et a été guerrière toute sa vie”

Le thème que Tearai Poura a choisi de mettre en évidence lors de ce Heiva, c’est “l’amour inconditionnel d’une femme” envers non seulement ses enfants, sa famille, mais également envers son peuple. “Qui sont-elles, ces femmes ? C’est toi, c’est elle, c’est moi, c’est nous. À travers ce spectacle, j’espère que chaque femme se reconnaîtra malgré nos diversités car effectivement, nous sommes toutes différentes.”

La cheffe de groupe raconte que ce thème lui tenait à cœur depuis pas mal de temps car “c’est peut-être aussi mon histoire, et je pense que beaucoup de femmes ont la même histoire que la mienne. C’est cette femme qui est et a été guerrière toute sa vie, car n’oublions pas qu’il y a des femmes qui sont mamans solos.” Effectivement, Tearai Poura a élevé toute seule ses enfants depuis leur plus tendre enfance suite au décès de son mari. Elle précise que les femmes “se battent tous les jours pour leurs enfants et leur maisonnée”.
 

“Arrêtons cette violence faite aux femmes”

Autre message que Tearai Poura veut transmettre au travers de son spectacle, la violence faite aux femmes. “Arrêtons la violence contre les femmes. Je ne veux pas faire du rentre-dedans, je veux aller en douceur car ce n’est pas facile.”

Dans le spectacle, la cheffe de groupe souligne que “les hommes demandent pardon aux femmes qu’ils ont maltraitées et blessées par leurs paroles et également par leurs gestes”. Tearai Poura ne regarde ni ne lit les nouvelles du fenua, mais elle en parle avec ses amies. “Et tout cela me touche énormément quand on me dit qu’une femme est décédée suite à des violences de son mari.”

“90 % des effectifs n’ont jamais dansé au Heiva”

Participer au Heiva représente un grand défi pour Tearai Poura. Car non seulement c’est un nouveau groupe, mais aussi parce que “la majorité de mes effectifs, soit 90 %, n’a jamais dansé au Heiva, ni n’était dans une école de danse. C’est une toute première pour eux”, précise-t-elle. Elle raconte que certains sont venus la voir car ils avaient envie de “réaliser leur rêve, celui de participer au Heiva”. “Ils m’ont dit qu’ils ont fait plusieurs groupes et qu’on les a rejetés car, ce n’est pas un secret, les groupes sélectionnent et quand ce n’est pas formaté comme ils veulent, on ne te prend pas”, regrette Tearai Poura. “Il n’y a pas de perfection dans ce monde. Tout le monde a des défauts, mais chacun peut apporter sa pierre.”

La cheffe de groupe concède quand même que ce n’est pas facile de travailler avec des novices. “Lorsqu’on leur parle de tāmau ou de fa’arapu, elles ne savent pas ce que c’est. Et donc, il faut juste prendre son mal en patience. Je félicite les chorégraphes Tekurio et Véro qui, bien souvent, s’arrachent les cheveux. Les filles savent danser mais ne connaissent pas les pas.” La cheffe de groupe concède tout de même que tous ont fait d’énormes progrès. “Je veux montrer qu’on peut y arriver. Quand on veut, on peut. Pas besoin d’être un groupe de renom. J’ai dit à mes effectifs : ça passe ou ça fracasse. Et le mot d’ordre c’est : on va fracasser !”

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Vendredi 7 Juillet 2023 à 02:55 | Lu 1765 fois