L’abstentionniste, un muet qui a son mot à dire


Tahiti le 7 juillet 2024. Moins d’un électeur sur deux a fait le déplacement ce samedi pour participer au second tour des élections législatives anticipées. Un désamour pour l’isoloir alors que la métropole s’est au contraire ruée en masse vers les urnes pour faire pencher la balance en défaveur du Rassemblement National.


A élection similaire, problématique différente et le chant "du tout sauf RN" ne fonctionne pas au fenua alors que ces législatives provoquées par le président de la République ont donné le pouvoir au peuple de se prononcer dans les urnes pour un candidat ou contre un autre.
 
Mais en restant muet, l’abstentionniste a malgré tout beaucoup de choses à dire. Son mécontentement tout d’abord de la classe politique locale. Un an après la fin de gouvernance critiquable du Tapura et sa gestion interne au parti pendant la crise covid. Un an après l’arrivée au pouvoir du Tavini avec des promesses de faire baisser le coût de la vie, et pas celles de multiplier les vains déplacements à l’extérieur, l’abstentionniste ne sait plus à quel saint se vouer.
 
Les Européennes, il s’en moque. A 20 000 kilomètres de Bruxelles et Strasbourg, la politique européenne semble bien loin des préoccupations malgré les quelques euros versés aux RUP pour leur développement.
 
Et les législatives dans la foulée n’ont pas déchaîné les passions. 49,28% d’électeurs dans la troisième circonscription où le Tavini a peiné pour aller chercher ses militants comme à Faa’a (44,12%) ou Paea (49,16%) ou encore Mahina (44,54%) qui alterne toujours autant entre un camp et un autre. Le manque de votants dans cette commune de la côte Est explique certainement les 64,50% de Nicole Sanquer, pourtant toujours dans un jeu de « je t’aime, moi non plus » au bord de la baie de Matavai. Les autonomistes ont peut-être su rallier à eux quelques voix supplémentaires comme à Punaauia qui dépasse tout juste les 50% alors que le premier tour n’avait pas été fameux.
 
Elections proche du coeur, les prochaines municipales dans deux ans ne devraient pas tomber dans ces nouveaux travers et l’abstentionniste aura peut-être pour velléité cette fois-ci de faire entendre sa voix.
 
Aphone le week-end dernier, il s’est malgré tout fait entendre. Aux femmes et hommes politiques de ce pays de les écouter.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Dimanche 7 Juillet 2024 à 21:00 | Lu 1696 fois