PARIS, 15 novembre 2011 (AFP) - Le film de Mathieu Kassovitz, "L'Ordre et la morale", qui relate les événements d'Ouvéa en 1988 en Nouvelle-Calédonie, a déjà suscité de nombreuses polémiques et arrive mercredi dans les salles nimbé de soufre.
Le réalisateur, qui joue aussi le rôle de l'ex-capitaine du GIGN Philippe Legorjus, sur le récit duquel il s'est appuyé, se défend d'avoir cherché la controverse. "On a vraiment étayé (le film) de toutes les informations possibles pour être sûrs de ne pas raconter de bêtises", a-t-il affirmé à l'AFP au Festival de Sarlat, où "L'Ordre et la Morale" a reçu trois prix.
"Cela permettra d'avoir une base de départ pour discuter", a estimé Mathieu Kassovitz, qui dit avoir mis dix ans à faire son film.
Si Michel Rocard, nommé Premier ministre quelques jours après Ouvéa et négociateur des Accords de Matignon avec les Kanaks, l'a "trouvé beau, noble et effrayant", ses détracteurs dénoncent une oeuvre à charge, dans les pas de Legorjus.
"La faute a été de mettre l'armée là", a estimé M. Rocard.
Bernard Pons, ministre des Dom-Tom d'alors, a en revanche exprimé "indignation, tristesse et étonnement", sans même avoir vu le film, affirme le réalisateur. Le distributeur pressenti pour Nouméa a renoncé en faisant état de "pressions politiques" et disant craindre des troubles à l'ordre public.
Avril 1988, juste avant le premier tour de l'élection présidentielle, 27 gendarmes sont pris en otages par des indépendantistes kanaks : le capitaine des gendarmes d'élite est envoyé pour tenter une médiation, mais le 5 mai, à la veille de l'élection présidentielle (sur fond de cohabitation), l'assaut militaire est ordonné. Les otages sont libérés, sains et sauf, mais deux militaires sont tués et 19 Kanaks.
"Legorjus affabule"
Philippe Legorjus, qui en a convaincu Kassovitz, estime aujourd'hui encore que "les négociations étaient plus que possibles avant l'assaut".
Mais, poursuit l'ancien gendarme, "à partir du moment où les politiques avaient fait le choix d'un assaut (...) j'ai choisi, sur le moment, contre ma morale personnelle et l'analyse que je faisais d'une autre solution possible, d'accompagner l'assaut".
Le général Jacques Vidal, ancien commandant des forces armées en Nouvelle-Calédonie en 1988, l'accuse en retour d'avoir "réécrit l'histoire à sa gloire": "Legorjus affabule avec un aplomb incroyable", disait-il samedi dernier dans le Figaro Magazine.
"Si François Mitterrand, président de la République et chef des armées, a ordonné l'assaut c'est qu'il avait la conviction que toutes les négociations avaient échoué et que la survie des otages était en jeu", affirme le général aujourd'hui retiré.
Michel Lefèvre, un ancien membre du GIGN ayant commandé une partie de l'assaut, et dont le témoignage est mis en ligne sur le site www.gign.org, reproche également à Philippe Legorjus "en se mettant en vedette" de vouloir "rattraper une mauvaise image" qu'il a pu laisser lors de la prise d'otages.
Ce témoin, que Kassovitz a souhaité rencontrer, se dit "surpris par toutes ses connaissances de l'affaire": "Dans un premier temps je n'étais pas favorable à cette rencontre que je ne regrette pas maintenant", dit-il.
"Donc j'attends de voir son film tout en étant très sceptique", ajoute-t-il.
Sur place, le film n'a été projeté qu'une fois, à Ouvéa, mais trois copies sont prêtes à tourner sur le Territoire à partir de décembre, notamment en cinéma itinérant. Une avant-première, à Paris la semaine dernière, a donné lieu à une "coutume" de réconciliation entre Kanaks et gendarmes dans le bureau de producteur.
ach/jca/DS
Le réalisateur, qui joue aussi le rôle de l'ex-capitaine du GIGN Philippe Legorjus, sur le récit duquel il s'est appuyé, se défend d'avoir cherché la controverse. "On a vraiment étayé (le film) de toutes les informations possibles pour être sûrs de ne pas raconter de bêtises", a-t-il affirmé à l'AFP au Festival de Sarlat, où "L'Ordre et la Morale" a reçu trois prix.
"Cela permettra d'avoir une base de départ pour discuter", a estimé Mathieu Kassovitz, qui dit avoir mis dix ans à faire son film.
Si Michel Rocard, nommé Premier ministre quelques jours après Ouvéa et négociateur des Accords de Matignon avec les Kanaks, l'a "trouvé beau, noble et effrayant", ses détracteurs dénoncent une oeuvre à charge, dans les pas de Legorjus.
"La faute a été de mettre l'armée là", a estimé M. Rocard.
Bernard Pons, ministre des Dom-Tom d'alors, a en revanche exprimé "indignation, tristesse et étonnement", sans même avoir vu le film, affirme le réalisateur. Le distributeur pressenti pour Nouméa a renoncé en faisant état de "pressions politiques" et disant craindre des troubles à l'ordre public.
Avril 1988, juste avant le premier tour de l'élection présidentielle, 27 gendarmes sont pris en otages par des indépendantistes kanaks : le capitaine des gendarmes d'élite est envoyé pour tenter une médiation, mais le 5 mai, à la veille de l'élection présidentielle (sur fond de cohabitation), l'assaut militaire est ordonné. Les otages sont libérés, sains et sauf, mais deux militaires sont tués et 19 Kanaks.
"Legorjus affabule"
Philippe Legorjus, qui en a convaincu Kassovitz, estime aujourd'hui encore que "les négociations étaient plus que possibles avant l'assaut".
Mais, poursuit l'ancien gendarme, "à partir du moment où les politiques avaient fait le choix d'un assaut (...) j'ai choisi, sur le moment, contre ma morale personnelle et l'analyse que je faisais d'une autre solution possible, d'accompagner l'assaut".
Le général Jacques Vidal, ancien commandant des forces armées en Nouvelle-Calédonie en 1988, l'accuse en retour d'avoir "réécrit l'histoire à sa gloire": "Legorjus affabule avec un aplomb incroyable", disait-il samedi dernier dans le Figaro Magazine.
"Si François Mitterrand, président de la République et chef des armées, a ordonné l'assaut c'est qu'il avait la conviction que toutes les négociations avaient échoué et que la survie des otages était en jeu", affirme le général aujourd'hui retiré.
Michel Lefèvre, un ancien membre du GIGN ayant commandé une partie de l'assaut, et dont le témoignage est mis en ligne sur le site www.gign.org, reproche également à Philippe Legorjus "en se mettant en vedette" de vouloir "rattraper une mauvaise image" qu'il a pu laisser lors de la prise d'otages.
Ce témoin, que Kassovitz a souhaité rencontrer, se dit "surpris par toutes ses connaissances de l'affaire": "Dans un premier temps je n'étais pas favorable à cette rencontre que je ne regrette pas maintenant", dit-il.
"Donc j'attends de voir son film tout en étant très sceptique", ajoute-t-il.
Sur place, le film n'a été projeté qu'une fois, à Ouvéa, mais trois copies sont prêtes à tourner sur le Territoire à partir de décembre, notamment en cinéma itinérant. Une avant-première, à Paris la semaine dernière, a donné lieu à une "coutume" de réconciliation entre Kanaks et gendarmes dans le bureau de producteur.
ach/jca/DS