L'OPT affiche une perte historique de 2 milliards de Fcfp en 2022


Tahiti, le 14 novembre 2023 – Deux milliards de francs ! C'est le montant du déficit du groupe OPT en 2022. Historique. Et pour la première fois, la filiale télécommunications Onati est déficitaire en cumulant plusieurs phénomènes. Malgré tout, les perspectives sont encourageantes. Le Pdg Jean-François Martin qui a enclenché le plan de rétablissement des équilibres financiers 2023-2025 a demandé à prolonger cette période jusqu'en 2028.
 
C'est historique. 2022 restera l'année noire pour le groupe OPT. Après avoir accusé un déficit de 319 millions de Fcfp en 2021, le groupe OPT touche le fond en 2022 avec des comptes consolidés qui font apparaître une perte de deux milliards de francs (2,38 milliards exactement). Ça fait mal. Le dernier conseil d'administration du groupe s'est ainsi réuni le 27 octobre dernier et en a informé l'ensemble du personnel par une note diffusée en interne en date du 7 novembre.
 
Cette dégradation du résultat de - 1,719 milliard de Fcfp s'explique par plusieurs phénomènes cumulés en 2022 pour Onati. Et c'est bien la première fois que la branche télécom est dans le rouge, comme le souligne la note que s'est procuré Tahiti Infos, par "la baisse des revenus de la téléphonie mobile liée aux nouvelles offres agressives d'août 2022". Rappelons d'ailleurs que c'est ce qui a valu la révocation de l'ancien directeur d'Onati, Thomas Lefebvre-Segard (débauché alors de Vodafone)  le 31 décembre 2022, moins d'un an et demi après sa nomination. La direction lui reprochait alors un déficit de 800 millions de Fcfp, et les comptes consolidés du groupe pour l'exercice 2022 vont hélas en ce sens.
 
Thomas Lefebvre-Segard pointé du doigt... mais pas que
 
Si Thomas Lefebvre-Segard qui avait attaqué son employeur pour non-respect de son contrat de travail lors de son licenciement a été débouté par le juge des référés en mai dernier, l'affaire se poursuit en appel comme nous l'a confirmé son avocat, Me Thibault Millet. La date du délibéré sera fixée "le 11 janvier prochain" et ce n'est qu'après - "vraisemblablement vers février-mars"-, qu'il décidera de porter ou pas l'affaire devant le tribunal mixte de commerce pour être jugée au fond. Autrement dit sur le fonctionnement même de la holding OPT.

Mais il est bien évident que l'ancien directeur d'Onati ne peut pas être accusé de tous les maux et du gouffre abyssal dans lequel se retrouve le groupe OPT en fin d'exercice 2022. L'actuel Pdg Jean-François Martin en convient d'ailleurs. Joint par Tahiti Infos, il nous a en effet expliqué que 2022 cumule plusieurs facteurs. D'abord, il faut souligner que c'est l'année qui marque la sortie de la crise covid et que certaines activités qui n'ont pas pu être réalisées en 2021 et rattrapées l'année suivante ont nécessairement eu un impact sur les comptes de 2022.

Ensuite, "la diminution de la marge sur les produits de négoce, dont les terminaux de téléphonie mobile, liée au contexte inflationniste". La perte de 175 millions au niveau de la subvention du Pays qui est passé d'1,175 à un milliard de Fcfp n'a pas aidé non plus. Pas plus que l'impact des primes de départ volontaire du personnel qui ont bien évidemment grevé les comptes d'Onati à hauteur de "220 millions de Fcfp". Sans parler du fameux système d'information NOA qui a généré "d'énormes surcoûts", ainsi que le lancement de la nouvelle filiale Marara Paiements qui lui aussi a pesé sur ce résultat historiquement catastrophique, sans que l'on sache vraiment à quelle hauteur.
 
Des efforts à poursuivre jusqu'en 2028
 
Mais le Pdg Jean-François Martin se veut toutefois rassurant pour l'avenir en expliquant que la situation s'est déjà améliorée en 2023 grâce aux travaux entamés en janvier dernier pour établir un plan de rigueur qui commence à porter ses fruits. Mais il va falloir poursuivre ces efforts. C'est pourquoi ce fameux "plan de rétablissement des équilibres financiers" (PREF) qui devait aller jusqu'en 2025 devrait être prorogé jusqu'en 2028.

"Après analyse des travaux, j'ai demandé que les efforts de rigueur soient encore plus soutenus et d'étendre la période concernée jusqu'en 2028 de sorte à intégrer les effets favorables de nouveaux projets déjà contractualisés ou identifiés à ce jour", a ainsi plaidé Jean-François Martin lors de ce conseil d'administration du 27 octobre. Voilà qui va faire plaisir aux syndicats qui sont déjà montés au créneau. Par ailleurs, il a aussi sollicité le Pays pour qu'il lui accorde une subvention de 500 millions de Fcfp pour 2024, ce qui devrait "être suffisant pour Onati".

Enfin, "la trésorerie du groupe reste solide malgré tout" assure-t-il même si "elle est fragile". Reste le volet social avec les discussions qui doivent se tenir avec les syndicats d'ici janvier prochain autour de la convention d'établissement de l'OPT. La ministre de tutelle de l'Office, Vannina Crolas est quant à elle toujours en déplacement en métropole.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 14 Novembre 2023 à 11:48 | Lu 6818 fois