SUVA, mercredi 21 décembre 2011 (Flash d’Océanie) – L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), via son siège pour le Pacifique basé à Suva (Fidji), a mis en garde en début de semaine contre l’apparition d’une épidémie potentielle de fièvre hémorragique dengue (transmise par les moustiques) e en particulier du sérotype 2, déjà observé ces dernières semaines aux îles Marshall et sur l’île-État de Yap (États Fédérés de Micronésie).
Le Dr Eric Nilles, récemment recruté au sein de l’Unité Surveillance des maladies émergentes et riposte de l’OMS à Suva, a rappelé que les épidémies des iles Marshall (et en particulier dans sa capitale Majuro) et à Yap ont vu l’apparition dans plus de huit cent cas cumulés, depuis octobre 2011, avant même l’arrivée de la saison chaude et humide
Deuxième source d’inquiétude : le sérotype 2, contrairement aux autres sérotypes de la maladie (surtout le 1 et le 4), plus répandus ces dernières années, n’est pas apparu dans la région depuis plusieurs années et par conséquent les populations océaniennes n’en sont pas immunisées, donc lus vulnérables.
Outre les cas détectés à l’échelle épidémique aux Marshall et à Yap, une bonne douzaine de cas a aussi été détectée ces derniers jours à Fidji.
Dans le cas de Fidji, la dengue de type 2 n’a pas été observée depuis la fin des années 1990, rappelle l’OMS.
Des échantillons prélevés sur les malades ont été envoyés pour analyse aux laboratoires de la région, notamment en Australie, pour confirmation.
Dans l’intérim, l’OMS et les autorités régionales (le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique) et locales appellent une nouvelle fois à une hausse de la vigilance sanitaire et à une application stricte des mesures de prévention, comme l’autoprotection des populations des piqûres de moustiques et l’éradication de gîtes larvaires potentiels (zones de brousses, récipients pouvant contenir des eaux stagnantes, comme les vieux pneus ou les soucoupes).
Il st par ailleurs recommandé de consulter rapidement en cas d’apparition de symptômes pouvant être ceux de cette maladies (maux de têtes, douleurs musculaires et articulaires).
Le ministère fidjien de la santé, déjà confronté à une épidémie de typhoïde et de leptospirose, évoque aussi une vigilance renforcée aux points d’entrée sur son territoire, y compris dans les aéroports et les ports.
En raison du même vecteur, le moustique, les mesures préventives concernant la dengue se confondent souvent avec celles mises en place pour le paludisme : elles impliquent aussi l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticides, des pulvérisations ciblées dans les zones considérées comme des foyers épidémiologiques, l’élimination des gîtes larvaires potentiels et des campagnes d’information et de sensibilisation des populations.
À Fidji et en de nombreux oint de sa proche région, les dernières semaines ont été marquées par des pluies torrentielles qui ont laissé des zones humides et des eaux stagnantes favorables à l’apparition de plusieurs maladies infectieuses et vectorielles, dont la dengue, mais aussi la typhoïde, la dysenterie, ou encore la leptospirose.
Épidémie de typhoïde à Fidji : le bilan s’alourdit
Mi-décembre 2011, le ministère de la santé fidjien recensait plus d’une soixantaine de cas de typhoïde, dont bonne moitié a dû être hospitalisée, a confirmé Peni Namotu, porte-parole au ministère fidjien.
Il a attribué cette escalade des bilans infectieux au fait que selon lui, les populations les plus exposées ne prenaient pas encore en compte les mesures d’hygiène nécessaires à une bonne prévention.
Dans cette région du centre et du Nord de l’île principale de Viti Levu, et en particulier dans le petit village de Nanoko (près de Ba) un état d’urgence sanitaire (déjà mis en place en début d’année à Fidji, puis levé), a été réimposé la semaine dernière, toujours en raison d’une recrudescence du nombre de cas de typhoïde.
Cette épidémie avait déjà connu plusieurs épisodes ces derniers mois, suscitant l’inquiétude des autorités sanitaires nationales, mais aussi l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Au cours du premier semestre 2011, un premier état d’urgence sanitaire avait été mis en place.
Il avait été levé fin mai 2011, après que le ministère de la santé ait considéré l’épidémie comme étant « contenue ».
Désormais, le foyer de cette nouvelle épidémie a été localisé à Nanoko, où des équipes sanitaires sont à pied d’œuvre depuis plusieurs jours afin d’une part d’intensifier une campagne de sensibilisation et d’éducation aux gestes d’hygiène élémentaire, et d’autre part pour identifier les sources possibles de cette épidémie, avec un accent tout particulier sur les installations d’hygiène publiques, comme les sources d’eau et les toilettes et égouts.
Un nouvel axe d’attaque contre la maladie devrait être mis en œuvre grâce à des fonds australiens, en vue d’installer rapidement des blocs sanitaires équipés de chasses d’eau.
Le ministère fidjien de la santé a par ailleurs exhorté les populations à consulter un médecin dès l’apparition de symptôme pouvant ressembler à ceux de la typhoïde, et surtout de ne plus recourir à des médecines « traditionnelles ».
« Les gens doivent se faire soigner dans des hôpitaux et avec des médicaments issus des pharmacies, tout simplement parce que les remèdes traditionnels ne sont pas scientifiquement prouvés », a insisté M. Namotu.
Un mois d’état d’urgence sanitaire
Parmi les mesures remises en vigueur, pour une période initiale d’un mois à partir de lundi 12 décembre 2011 : celles limitant les rassemblements publics et les mouvements des habitants de cette région, a annoncé le ministère de la santé, qui a aussi dépêché sur place une équipe de spécialistes chargée d’inspecter les équipements communs, comme les toilettes et l’eau utilisée.
Les autorités sanitaires bénéficient de l’appui des forces de police et de l’armée.
Il s’agit aussi de dépister d’éventuels porteurs sains, susceptibles de propager la maladie.
L’épicentre de cette nouvelle épidémie est le petit village de Nanoko, a précisé le porte-parole du ministère de la santé, Peni Namotu.
Plusieurs vagues précédentes
Le Dr Jacob Kool, qui dirige la cellule des maladies contagieuses au sein de la délégation régionale de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) basée à Suva, évoquait récemment la possibilité d’un échec des précédentes campagnes de vaccination menées dans cette zone.
L’une de ces campagnes avait été menée en 2010.
Lors de la précédentes vague de typhoïde, au cours du premier semestre 2011, environ cent cinquante personnes avaient été contaminées avec comme classe d’âge la plus touchée celle des 10-29 ans.
Mi-février 2011, plusieurs villages situés au centre de l’île principale de Viti Levu avaient été de fait placés en quarantaine, mais aussi sous couvre-feu, afin de contenir toute propagation.
Ces mesures exceptionnelles concernaient au moins quatre village de cette zone du centre-est de Viti Levu : Nasava, Narokorokoyawa, Korovou et Sawanikula.
Dans la pratique, les populations concernées avaient reçu pour consigne de ne pas se déplacer.
Une des raisons invoquées pour justifier cette mesure était alors la présence d’une équipe de médecins, qui tentait alors d’établir une répartition géographique des cas recensés.
Dans le cadre de cette première vague de réponse, les équipes, composées de médecins et d’épidémiologistes, avait aussi organisé l’épandage de pesticides dans les lieux considérés comme sensibles, comme les toilettes et systèmes de rejet des eaux usées.
Déjà, les autorités sanitaires rappelaient les recommandations d’hygiène élémentaire, comme se laver les mains systématiquement après un passage aux toilettes, avant et après les repas et faire systématiquement bouillir l’eau avant de la consommer.
La typhoïde sévit à Fidji à intervalles réguliers.
Fin septembre 2010, le ministère fidjien de la santé estimait à environ quatre cent le nombre de cas connus de cette maladie pour laquelle un état d’urgence sanitaire avait été déclaré en mai 2010 dans la province de Navosa (Centre-ouest de l’île principale de Viti Levu), avec l’appui de l’OMS, de l’UNICEF et du gouvernement australien.
Cette estimation vient en regard d’un peu plus de deux cent cas, soit la moitié, recensés en 2009 à la même période.
Toutefois, l’une des raisons de cette hausse du nombre de cas pourrait être paradoxale : à la suite d’un début d’épidémie en 2010, les systèmes de surveillance ont été renforcés de manière significative, faisant ainsi ressortir plus de cas.
Mais les autorités sanitaires continuaient néanmoins à penser que l’une des causes principales de la propagation du virus demeure liée à des problèmes d’hygiène publique, de la qualité de l’eau et des systèmes de distribution.
Courant août 2010, le ministère de la santé a mené une vaste opération de vaccination dans les principaux foyers de l’épidémie, dont les symptômes sont notamment des diarrhées et de fortes fièvres.
Cette campagne, qualifiée de première en son genre à Fidji, a notamment été menée grâce à des fonds du gouvernement australien (une enveloppe d’urgence d’un million de ses dollars) et une aide technique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds Mondial des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF), dont les sièges régionaux se trouvent aussi à Suva, ont ces derniers mois déployé des moyens en matériel (analyse d’échantillons) et en experts mis à disposition du ministère de la santé.
L’objectif affiché est de parvenir à vacciner soixante dix mille personnes.
Depuis le mois de mai 2010, les autorités sanitaires ont envoyé dans les zones les plus touchées des équipes afin de vérifier l’étendue de l’épidémie qui aurait fait au moins cinq morts.
Dès avant le cyclone Tomas, qui a frappé Fidji mi-mars 2010, une épidémie de typhoïde inquiétait les autorités locales, avec l’apparition de 114 cas confirmés en l’espace de moins de deux semaines, principalement dans la partie Centre-est de l’île principale de Viti Levu.
La priorité, depuis, a été de contenir cette épidémie, qui a pu être revigorée par la présence de zones d’eau stagnante causées par les inondations post-cyclone.
Ces conditions particulièrement humides favorisent aussi le développement potentiel d’autres maladies transmises ou favorisées par l’eau, comme la dysenterie, la dengue ou la leptospirose.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, la typhoïde a aussi connu une recrudescence depuis l’an dernier, en mode combiné avec d’autres maladies comme la malaria, la dengue, la leptospirose (maladie transmise notamment par les déjections animales présentes dans l’eau), ou encore le choléra.
Là encore, les causes principales identifiées sont à la fois les énormes précipitations dans certaines régions du pays, ainsi que de non moins énormes carences en matière d’hygiène élémentaire.
Leptospirose : une douzaine de morts à Fidji
Début décembre 2011, la leptospirose, maladie transmise par les déjections animales dans un environnement humide, faisait sa douzième victime à Fidji, sur l’île principale de Viti Levu.
Il s’agit d’un exploitant agricole d’une trentaine d’années qui, arrivé en urgence au petit centre médical de Wainibokasi (embouchure de la rivière Rewa, non loin de la capitale Suva) dans un état particulièrement grave dimanche 4 décembre 2011, n’a pu être sauvé.
Une épidémie de leptospirose sévit à Fidji depuis le début 2011, en particulier dans la portion Ouest de l’île principale de Viti Levu et dans la ville de Lautoka et ses environs (non loin de l’aéroport international de Nadi).
Cette épidémie aurait fait, selon les derniers bilans, au moins dix victimes depuis janvier 2011.
Ces chiffres, qui concernent le cumul des cas dépistés, y compris les mortels, depuis le début 2011, font toujours craindre aux autorités fidjiennes une épidémie de plus grande ampleur.
Toutes les victimes ont succombé du fait de complications de la maladie alors qu’elles avaient tardé à consulter et avaient été hospitalisées à un stade déjà avancé de l’évolution.
Cette région, située dans une cuvette, est particulièrement touchée lors des fortes pluies qui s’abattent fréquemment (et notamment ces dernières semaines), provoquant des inondations et l’apparition de superficies importantes d’eaux stagnantes.
Une bonne cinquantaine d’autres cas est aussi signalée, précise Peni Namotu, porte-parole du ministère de la santé.
Le nombre de cas non mortels signalés en 2010 avait été de trente cinq.
Le ministère fidjien de la santé a une nouvelle fois exhorté les personnes souffrant de symptômes pouvant ressembler de près ou de loin à la leptospirose à consulter un médecin de toute urgence et sans attendre.
À titre préventif, le porte-parole a aussi rappelé les consignes d’usage concernant cette maladie : ne pas marcher pieds nus dans des zones réputées infectées et en particulier des points d’eau, porter des gants et des bottes en caoutchouc, se laver les mains fréquemment.
La précédente situation réputée préoccupante à Fidji concernant cette maladie remonte à 2006 : les autorités sanitaires fidjiennes avaient alors mis en garde la population contre une recrudescence notable du nombre de cas de leptospirose signalés et qui avaient alors fait plusieurs victimes, en particulier dans la partie Nord de l’archipel.
Les conseils sont tout particulièrement dirigés vers les personnes travaillant en milieu agricole et vivant à proximité de terrains marécageux, zones inondées ou autre eaux stagnantes.
Entre 2002 et 2006, quelque 283 cas de leptospirose ont été signalés à travers l’archipel.
Entre 2000 et 2002, une cinquantaine de personnes en sont mortes, faute d’avoir été traitées à temps.
La leptospirose a pour origine une infection des voies rénales.
Elle est essentiellement transmise par contact avec les urines ou la contamination de points d'eau par les urines d'animaux sauvages ou domestiques, tels que les ovins, bovins et porcins ou encore les chiens, les chats, les rats et les mangoustes (prédateurs naturels du rats et du serpent, importées à Fidji au 19ème siècle pour protéger les plantations de canne à sucre).
Parmi les symptômes les plus courants de cette maladie: la fièvre, des maux de tête, des vomissements, frissons et sueurs froides, un état pouvant être diagnostiqué à tort par une grippe, des douleurs musculaires aiguës dans les membres inférieurs et des picotements aux yeux.
Lutte contre la leptospirose : lancement récent d’une initiative française
En matière de lutte contre cette maladie, une initiative a été tout récemment lancée, depuis Suva, avec comme particularité la mise en synergie de moyens régionaux pour améliorer les dispositifs de prévention, de dépistage et de diagnostic.
Une première réunion, sous forme de séminaire consacré au thème « La leptospirose dans les États insulaires du Pacifique : développement des capacités diagnostiques et évaluation du poids de la maladie » a eu lieu les 24 et 25 novembre 2011 à l’école régionale de médecine (basée à Suva, Fidji), a précisé tout récemment l’Ambassade de France aux Iles Fidji.
Participaient notamment à cette réunion, côté français, des représentants de services laborantins, épidémiologiques et vétérinaires venus de la Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna.
L’Institut Pasteur de la Nouvelle-Calédonie est largement impliqué dans ce projet, qui, en mode réseau de veille sanitaire et épidémiologique, concerne aussi l’archipel voisin de Vanuatu et bénéficie du soutien de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basé à Nouméa).
Ce projet de santé publique régionale est financé par le Fonds Pacifique du gouvernement français qui gère chaque année une enveloppe de quelque deux millions d’euros afin de soutenir des projets à vocation d’intégration régionale, et en particulier celle des trois collectivités françaises d’Océanie : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna.
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Le Dr Eric Nilles, récemment recruté au sein de l’Unité Surveillance des maladies émergentes et riposte de l’OMS à Suva, a rappelé que les épidémies des iles Marshall (et en particulier dans sa capitale Majuro) et à Yap ont vu l’apparition dans plus de huit cent cas cumulés, depuis octobre 2011, avant même l’arrivée de la saison chaude et humide
Deuxième source d’inquiétude : le sérotype 2, contrairement aux autres sérotypes de la maladie (surtout le 1 et le 4), plus répandus ces dernières années, n’est pas apparu dans la région depuis plusieurs années et par conséquent les populations océaniennes n’en sont pas immunisées, donc lus vulnérables.
Outre les cas détectés à l’échelle épidémique aux Marshall et à Yap, une bonne douzaine de cas a aussi été détectée ces derniers jours à Fidji.
Dans le cas de Fidji, la dengue de type 2 n’a pas été observée depuis la fin des années 1990, rappelle l’OMS.
Des échantillons prélevés sur les malades ont été envoyés pour analyse aux laboratoires de la région, notamment en Australie, pour confirmation.
Dans l’intérim, l’OMS et les autorités régionales (le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique) et locales appellent une nouvelle fois à une hausse de la vigilance sanitaire et à une application stricte des mesures de prévention, comme l’autoprotection des populations des piqûres de moustiques et l’éradication de gîtes larvaires potentiels (zones de brousses, récipients pouvant contenir des eaux stagnantes, comme les vieux pneus ou les soucoupes).
Il st par ailleurs recommandé de consulter rapidement en cas d’apparition de symptômes pouvant être ceux de cette maladies (maux de têtes, douleurs musculaires et articulaires).
Le ministère fidjien de la santé, déjà confronté à une épidémie de typhoïde et de leptospirose, évoque aussi une vigilance renforcée aux points d’entrée sur son territoire, y compris dans les aéroports et les ports.
En raison du même vecteur, le moustique, les mesures préventives concernant la dengue se confondent souvent avec celles mises en place pour le paludisme : elles impliquent aussi l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticides, des pulvérisations ciblées dans les zones considérées comme des foyers épidémiologiques, l’élimination des gîtes larvaires potentiels et des campagnes d’information et de sensibilisation des populations.
À Fidji et en de nombreux oint de sa proche région, les dernières semaines ont été marquées par des pluies torrentielles qui ont laissé des zones humides et des eaux stagnantes favorables à l’apparition de plusieurs maladies infectieuses et vectorielles, dont la dengue, mais aussi la typhoïde, la dysenterie, ou encore la leptospirose.
Épidémie de typhoïde à Fidji : le bilan s’alourdit
Mi-décembre 2011, le ministère de la santé fidjien recensait plus d’une soixantaine de cas de typhoïde, dont bonne moitié a dû être hospitalisée, a confirmé Peni Namotu, porte-parole au ministère fidjien.
Il a attribué cette escalade des bilans infectieux au fait que selon lui, les populations les plus exposées ne prenaient pas encore en compte les mesures d’hygiène nécessaires à une bonne prévention.
Dans cette région du centre et du Nord de l’île principale de Viti Levu, et en particulier dans le petit village de Nanoko (près de Ba) un état d’urgence sanitaire (déjà mis en place en début d’année à Fidji, puis levé), a été réimposé la semaine dernière, toujours en raison d’une recrudescence du nombre de cas de typhoïde.
Cette épidémie avait déjà connu plusieurs épisodes ces derniers mois, suscitant l’inquiétude des autorités sanitaires nationales, mais aussi l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Au cours du premier semestre 2011, un premier état d’urgence sanitaire avait été mis en place.
Il avait été levé fin mai 2011, après que le ministère de la santé ait considéré l’épidémie comme étant « contenue ».
Désormais, le foyer de cette nouvelle épidémie a été localisé à Nanoko, où des équipes sanitaires sont à pied d’œuvre depuis plusieurs jours afin d’une part d’intensifier une campagne de sensibilisation et d’éducation aux gestes d’hygiène élémentaire, et d’autre part pour identifier les sources possibles de cette épidémie, avec un accent tout particulier sur les installations d’hygiène publiques, comme les sources d’eau et les toilettes et égouts.
Un nouvel axe d’attaque contre la maladie devrait être mis en œuvre grâce à des fonds australiens, en vue d’installer rapidement des blocs sanitaires équipés de chasses d’eau.
Le ministère fidjien de la santé a par ailleurs exhorté les populations à consulter un médecin dès l’apparition de symptôme pouvant ressembler à ceux de la typhoïde, et surtout de ne plus recourir à des médecines « traditionnelles ».
« Les gens doivent se faire soigner dans des hôpitaux et avec des médicaments issus des pharmacies, tout simplement parce que les remèdes traditionnels ne sont pas scientifiquement prouvés », a insisté M. Namotu.
Un mois d’état d’urgence sanitaire
Parmi les mesures remises en vigueur, pour une période initiale d’un mois à partir de lundi 12 décembre 2011 : celles limitant les rassemblements publics et les mouvements des habitants de cette région, a annoncé le ministère de la santé, qui a aussi dépêché sur place une équipe de spécialistes chargée d’inspecter les équipements communs, comme les toilettes et l’eau utilisée.
Les autorités sanitaires bénéficient de l’appui des forces de police et de l’armée.
Il s’agit aussi de dépister d’éventuels porteurs sains, susceptibles de propager la maladie.
L’épicentre de cette nouvelle épidémie est le petit village de Nanoko, a précisé le porte-parole du ministère de la santé, Peni Namotu.
Plusieurs vagues précédentes
Le Dr Jacob Kool, qui dirige la cellule des maladies contagieuses au sein de la délégation régionale de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) basée à Suva, évoquait récemment la possibilité d’un échec des précédentes campagnes de vaccination menées dans cette zone.
L’une de ces campagnes avait été menée en 2010.
Lors de la précédentes vague de typhoïde, au cours du premier semestre 2011, environ cent cinquante personnes avaient été contaminées avec comme classe d’âge la plus touchée celle des 10-29 ans.
Mi-février 2011, plusieurs villages situés au centre de l’île principale de Viti Levu avaient été de fait placés en quarantaine, mais aussi sous couvre-feu, afin de contenir toute propagation.
Ces mesures exceptionnelles concernaient au moins quatre village de cette zone du centre-est de Viti Levu : Nasava, Narokorokoyawa, Korovou et Sawanikula.
Dans la pratique, les populations concernées avaient reçu pour consigne de ne pas se déplacer.
Une des raisons invoquées pour justifier cette mesure était alors la présence d’une équipe de médecins, qui tentait alors d’établir une répartition géographique des cas recensés.
Dans le cadre de cette première vague de réponse, les équipes, composées de médecins et d’épidémiologistes, avait aussi organisé l’épandage de pesticides dans les lieux considérés comme sensibles, comme les toilettes et systèmes de rejet des eaux usées.
Déjà, les autorités sanitaires rappelaient les recommandations d’hygiène élémentaire, comme se laver les mains systématiquement après un passage aux toilettes, avant et après les repas et faire systématiquement bouillir l’eau avant de la consommer.
La typhoïde sévit à Fidji à intervalles réguliers.
Fin septembre 2010, le ministère fidjien de la santé estimait à environ quatre cent le nombre de cas connus de cette maladie pour laquelle un état d’urgence sanitaire avait été déclaré en mai 2010 dans la province de Navosa (Centre-ouest de l’île principale de Viti Levu), avec l’appui de l’OMS, de l’UNICEF et du gouvernement australien.
Cette estimation vient en regard d’un peu plus de deux cent cas, soit la moitié, recensés en 2009 à la même période.
Toutefois, l’une des raisons de cette hausse du nombre de cas pourrait être paradoxale : à la suite d’un début d’épidémie en 2010, les systèmes de surveillance ont été renforcés de manière significative, faisant ainsi ressortir plus de cas.
Mais les autorités sanitaires continuaient néanmoins à penser que l’une des causes principales de la propagation du virus demeure liée à des problèmes d’hygiène publique, de la qualité de l’eau et des systèmes de distribution.
Courant août 2010, le ministère de la santé a mené une vaste opération de vaccination dans les principaux foyers de l’épidémie, dont les symptômes sont notamment des diarrhées et de fortes fièvres.
Cette campagne, qualifiée de première en son genre à Fidji, a notamment été menée grâce à des fonds du gouvernement australien (une enveloppe d’urgence d’un million de ses dollars) et une aide technique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds Mondial des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF), dont les sièges régionaux se trouvent aussi à Suva, ont ces derniers mois déployé des moyens en matériel (analyse d’échantillons) et en experts mis à disposition du ministère de la santé.
L’objectif affiché est de parvenir à vacciner soixante dix mille personnes.
Depuis le mois de mai 2010, les autorités sanitaires ont envoyé dans les zones les plus touchées des équipes afin de vérifier l’étendue de l’épidémie qui aurait fait au moins cinq morts.
Dès avant le cyclone Tomas, qui a frappé Fidji mi-mars 2010, une épidémie de typhoïde inquiétait les autorités locales, avec l’apparition de 114 cas confirmés en l’espace de moins de deux semaines, principalement dans la partie Centre-est de l’île principale de Viti Levu.
La priorité, depuis, a été de contenir cette épidémie, qui a pu être revigorée par la présence de zones d’eau stagnante causées par les inondations post-cyclone.
Ces conditions particulièrement humides favorisent aussi le développement potentiel d’autres maladies transmises ou favorisées par l’eau, comme la dysenterie, la dengue ou la leptospirose.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, la typhoïde a aussi connu une recrudescence depuis l’an dernier, en mode combiné avec d’autres maladies comme la malaria, la dengue, la leptospirose (maladie transmise notamment par les déjections animales présentes dans l’eau), ou encore le choléra.
Là encore, les causes principales identifiées sont à la fois les énormes précipitations dans certaines régions du pays, ainsi que de non moins énormes carences en matière d’hygiène élémentaire.
Leptospirose : une douzaine de morts à Fidji
Début décembre 2011, la leptospirose, maladie transmise par les déjections animales dans un environnement humide, faisait sa douzième victime à Fidji, sur l’île principale de Viti Levu.
Il s’agit d’un exploitant agricole d’une trentaine d’années qui, arrivé en urgence au petit centre médical de Wainibokasi (embouchure de la rivière Rewa, non loin de la capitale Suva) dans un état particulièrement grave dimanche 4 décembre 2011, n’a pu être sauvé.
Une épidémie de leptospirose sévit à Fidji depuis le début 2011, en particulier dans la portion Ouest de l’île principale de Viti Levu et dans la ville de Lautoka et ses environs (non loin de l’aéroport international de Nadi).
Cette épidémie aurait fait, selon les derniers bilans, au moins dix victimes depuis janvier 2011.
Ces chiffres, qui concernent le cumul des cas dépistés, y compris les mortels, depuis le début 2011, font toujours craindre aux autorités fidjiennes une épidémie de plus grande ampleur.
Toutes les victimes ont succombé du fait de complications de la maladie alors qu’elles avaient tardé à consulter et avaient été hospitalisées à un stade déjà avancé de l’évolution.
Cette région, située dans une cuvette, est particulièrement touchée lors des fortes pluies qui s’abattent fréquemment (et notamment ces dernières semaines), provoquant des inondations et l’apparition de superficies importantes d’eaux stagnantes.
Une bonne cinquantaine d’autres cas est aussi signalée, précise Peni Namotu, porte-parole du ministère de la santé.
Le nombre de cas non mortels signalés en 2010 avait été de trente cinq.
Le ministère fidjien de la santé a une nouvelle fois exhorté les personnes souffrant de symptômes pouvant ressembler de près ou de loin à la leptospirose à consulter un médecin de toute urgence et sans attendre.
À titre préventif, le porte-parole a aussi rappelé les consignes d’usage concernant cette maladie : ne pas marcher pieds nus dans des zones réputées infectées et en particulier des points d’eau, porter des gants et des bottes en caoutchouc, se laver les mains fréquemment.
La précédente situation réputée préoccupante à Fidji concernant cette maladie remonte à 2006 : les autorités sanitaires fidjiennes avaient alors mis en garde la population contre une recrudescence notable du nombre de cas de leptospirose signalés et qui avaient alors fait plusieurs victimes, en particulier dans la partie Nord de l’archipel.
Les conseils sont tout particulièrement dirigés vers les personnes travaillant en milieu agricole et vivant à proximité de terrains marécageux, zones inondées ou autre eaux stagnantes.
Entre 2002 et 2006, quelque 283 cas de leptospirose ont été signalés à travers l’archipel.
Entre 2000 et 2002, une cinquantaine de personnes en sont mortes, faute d’avoir été traitées à temps.
La leptospirose a pour origine une infection des voies rénales.
Elle est essentiellement transmise par contact avec les urines ou la contamination de points d'eau par les urines d'animaux sauvages ou domestiques, tels que les ovins, bovins et porcins ou encore les chiens, les chats, les rats et les mangoustes (prédateurs naturels du rats et du serpent, importées à Fidji au 19ème siècle pour protéger les plantations de canne à sucre).
Parmi les symptômes les plus courants de cette maladie: la fièvre, des maux de tête, des vomissements, frissons et sueurs froides, un état pouvant être diagnostiqué à tort par une grippe, des douleurs musculaires aiguës dans les membres inférieurs et des picotements aux yeux.
Lutte contre la leptospirose : lancement récent d’une initiative française
En matière de lutte contre cette maladie, une initiative a été tout récemment lancée, depuis Suva, avec comme particularité la mise en synergie de moyens régionaux pour améliorer les dispositifs de prévention, de dépistage et de diagnostic.
Une première réunion, sous forme de séminaire consacré au thème « La leptospirose dans les États insulaires du Pacifique : développement des capacités diagnostiques et évaluation du poids de la maladie » a eu lieu les 24 et 25 novembre 2011 à l’école régionale de médecine (basée à Suva, Fidji), a précisé tout récemment l’Ambassade de France aux Iles Fidji.
Participaient notamment à cette réunion, côté français, des représentants de services laborantins, épidémiologiques et vétérinaires venus de la Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna.
L’Institut Pasteur de la Nouvelle-Calédonie est largement impliqué dans ce projet, qui, en mode réseau de veille sanitaire et épidémiologique, concerne aussi l’archipel voisin de Vanuatu et bénéficie du soutien de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et du Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basé à Nouméa).
Ce projet de santé publique régionale est financé par le Fonds Pacifique du gouvernement français qui gère chaque année une enveloppe de quelque deux millions d’euros afin de soutenir des projets à vocation d’intégration régionale, et en particulier celle des trois collectivités françaises d’Océanie : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna.
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