L'Institut du cancer à la loupe


Les élus de l'assemblée ont démarré la séance par une minute de silence en hommage à la maman de la déléguée interministérielle au handicap Nathalie Salmon Hudry, décédée deux jours plus tôt. crédit photo SD
Tahiti, le 17 octobre 2024 – Les élus de Tarahoi ont approuvé ce jeudi après-midi les comptes administratifs 2023 du CHPF et de ses budgets annexes sans débat ou presque. En revanche, ils ont été plus bavards concernant l'Institut du cancer dont les comptes 2023, qui affichent un résultat négatif d'un peu plus de 52 millions de francs, ont eux aussi été approuvés.
 
Le hasard du calendrier a voulu que l'examen des comptes financiers de l'Institut du cancer pour l'exercice 2023 soient examinés en ce mois d'Octobre Rose. Un code couleur respecté par les élus de l'assemblée qui ont démarré la séance par une minute de silence en hommage à la maman de la déléguée interministérielle au handicap Nathalie Salmon Hudry, décédée deux jours plus tôt. Un hommage adressé aussi à toutes les femmes emportées par un cancer du sein.
 
Après avoir rapidement examiné et adopté les comptes administratifs du CHPF pour 2023 qui, pour la première fois, passe la “barre symbolique” des 30 milliards de francs, les élus ont davantage été prolixes sur le rapport relatif à l'ICPF. L'Institut du cancer de Polynésie française a clôturé l'année 2023 avec un résultat négatif de 52,3 millions de francs qui s'explique notamment par les travaux d'aménagement du laboratoire d'anatamo-cytopathologie. Chantier qui a engendré des dépenses supplémentaires en investissement. Du côté de l'opposition, Pascale Haiti-Flosse pour le Tapura et Nicole Sanquer pour Ahip ont interpellé le ministre de la Santé concernant la hausse des charges de personnel qui, avec les autres services extérieurs, représentent plus de la moitié des dépenses.
 
Charges de personnel en hausse constante
 
L'élue Ahip s'est ainsi étonnée de l'augmentation des recrutements en 2023 (+ 37% par rapport à 2022) et de la “rémunération d'intermédiaires extérieurs” qui représentent 51% des dépenses de fonctionnement, soit 169 millions sur les 385 millions de francs de subvention accordés à l'Institut par le Pays en 2023. Normal, répond le ministre Cédric Mercadal qui explique qu'il s'agit-là d'un rattrapage car “les effectifs étaient incomplets en 2022”. Quant à la rémunération des prestataires extérieurs à l'ICPF, il s'agit du coût des honoraires pour les 14 000 mammographies qui ont été effectuées l'an dernier.
 
L'Institut étant censé être cofinancé par l'État et le Pays, la représentante Tavini Hinamoeura Morgant-Cross est montée au créneau pour “regretter le désistement de l'État” qu'elle appelle à l'aide, non sans une certaine ironie : “Vous avez été capables de dépenser 167 milliards de francs pour nettoyer la Seine pour les JO. Je pense que vous pouvez aider les Polynésiens à hauteur de 5 milliards pour financer cet Institut.”
 
L'État sollicité
 
L'État justement, il en a aussi été question puisque le ministre revient de Paris où il est allé négocier la convention santé État/Pays, notamment sur le volet oncologie. Interrogé sur ce point par Nicole Sanquer, Cédric Mercadal n'a pas été très clair en répondant simplement qu'“ils étaient enclins à nous écouter fortement sur le fait de prendre en charge les molécules onéreuses”. On n'aura pas plus de précision. Le sujet a encore été débattu à l'occasion de l'examen du rapport de la Chambre territoriale des comptes (CTC) qui préconise notamment d'établir un nouveau plan cancer rapidement. Selon Cédric Mercadal, il pourrait voir le jour “fin 2025”. 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 17 Octobre 2024 à 18:40 | Lu 1123 fois