L'ILM inaugure sa pépinière de plantes médicinales à Paea


Tahiti, le 15 mars 2024 – Recenser, conserver, valoriser les plantes médicinales polynésiennes, mais aussi évaluer leur éventuelle toxicité. C'est l'objectif du programme Rā'au Tahiti lancé par l'Institut Louis-Malardé (ILM) qui a inauguré, ce vendredi matin à Paea, une pépinière rassemblant une cinquantaine de plantes. L'idée étant de concilier les connaissances de nos tupuna avec la science, mais aussi de transmettre aux jeunes générations.
 
C'est en l'absence des ministres de la Santé et de l'Agriculture, qui étaient en conseil des ministres extraordinaire mais qui étaient néanmoins représentés, que la pépinière de plantes médicinales a été inaugurée ce vendredi matin à Paea par les équipes de l'Institut Louis-Malardé (ILM). Pas de ministres, mais deux visages bien connus parmi les invités avec Gabilou et sa femme Moeta qui ont donné deux plants de kava à l'ILM : “Quand Gabilou a fait sa chanson Avini ute, je savais qu'il en avait chez lui, donc on lui a demandé et on s'est déplacés chez eux à Vairao”, a expliqué un membre de l'équipe. Passionnée par ces plantes, Moeta les utilise régulièrement pour soigner. “J'aime le rā'au tahiti. J'étais moi-même une enfant malade avec des problèmes de peau”, a-t-elle notamment confié ce vendredi matin.
 
Attention, ce n'est pas de la brousse !
 
L'inauguration de cette pépinière de plantes indigènes ouvre une nouvelle étape dans le projet de restauration de la forêt littorale sur le site de l'ILM de Paea. Comme l'a expliqué le docteur en chimie Édouard Suhas, responsable du tout dernier laboratoire des substances naturelles et médicinales de l'institut créé il y a deux ans : “Ça fait un an qu'on dispose de cette serre, mais j'ai trouvé que c'était une étape importante de l'inaugurer aujourd'hui, parce qu'on a un an de maîtrise de la cinquantaine de plantes qu'on a réussi à collecter. Et à partir d'aujourd'hui, on va entrer dans la deuxième étape de ce programme, c’est-à-dire réaliser des extraits pour mesurer les propriétés biologiques des composés chimiques issus de ces plantes.”
 
Plusieurs objectifs
 
Ce projet a de multiples objectifs, précise Édouard Suhas, comme le fait de “corroborer la science avec les pratiques empiriques de nos tupuna sur le rā'au tahiti”, mais pas seulement. “C'est aussi de transmettre aux nouvelles générations cette connaissance.” Car si certaines de ces plantes médicinales se font rares et sont de plus en plus difficiles à trouver, c'est tout simplement parce qu'elles ont disparu de nos jardins, car elles sont souvent considérées comme de la brousse. “Beaucoup de jeunes autour de moi qui voient du ‘tatahiara’ dans le jardin ne savent pas ce que c'est, ils prennent la débroussailleuse et le dégomment”, regrette-t-il. Édouard Suhas “rêve” ainsi que ce programme puisse aider à leur redonner une place de choix dans les jardins polynésiens. 
 
Enfin, l'une des finalités recherchées consiste à travailler sur la “sécurité sanitaire” dans ce type de pratiques avec tout un volet sur la toxicité de certaines plantes qui va également être entamé au travers de ce programme.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 15 Mars 2024 à 12:50 | Lu 2181 fois