L’Etat prêt à verser une dotation de 6 milliards… mais toujours sous conditions


Cinquante millions d’euros, soit 6 milliards de francs pacifique, au versement échelonné entre 2011 et 2012 en fonction de l’avancement du plan de redressement de la Polynésie française : c’est la proposition alléchante faite par l’Etat au Pays. Il ne s’agit ni d’un don, ni d’une subvention supplémentaire, mais d’une « facilité de trésorerie » précise-t-on bien au gouvernement, c’est-à-dire que cet argent devra être remboursé.

C’est toutefois une bonne nouvelle pour un Pays confronté à d’ « importante difficultés de trésorerie liées à la crise économique et à la baisse de ses recettes fiscales et douanières », comme le stipule l’amendement déposé à la loi de finances rectificatives pour 2011 à l'Assemblée nationale.

Mais voilà, c’est devenu une habitude, l’Etat conditionne son aide à plusieurs points précis. Les principaux sont la cession à l’État de l’immeuble du boulevard Saint-Germain, et la cession de la participation qu’elle détient dans la banque SOCREDO.

Du côté du gouvernement Temaru, on explique qu’une réponse co-signée par le président et le vice-président va être envoyée d’ici peu au gouvernement central, et que c’est un « oui, mais». Le Pays ne serait ainsi pas hostile au rachat par l'Etat de l’immeuble du boulevard Saint-Germain, si les services qui y sont actuellement logés (Délégation polynésienne à Paris, Air Tahiti Nui) peuvent y rester à un loyer acceptable. Le point d’achoppement porterait plutôt sur la cession des parts du Pays dans la Socredo.

La réponse officielle du Pays devrait être communiquée prochainement.

Repéré par nos confrères des Nouvelles de Tahiti, l’amendement à la loi de finances rectificative est disponible ici : www.assemblee-nationale.fr, et reproduit dans son intégralité ci-dessous.

« Il est créé une dotation d’ajustement exceptionnelle pour la Polynésie Française, versée en 2011 et en 2012. Le montant maximal de cette dotation est fixé à 50 millions d’euros sur deux ans.

La Polynésie française connaît d’importantes difficultés de trésorerie liées à la crise économique et à la baisse de ses recettes fiscales et douanières. La récente période est ainsi marquée par une absence de croissance, accompagnée d’une forte réduction des emplois. Cette dotation d’ajustement exceptionnelle a pour objectif de combler un déficit de trésorerie de la collectivité et lui permettre de s’engager dans la voie du redressement. Il est proposé que cette aide soit financée par le redéploiement des crédits disponibles sur la mission « Outre-mer » et la mobilisation des crédits mis en réserve.

Une mission d’assistance a été demandée par deux présidents polynésiens successifs et acceptée par le Premier ministre le 1er février 2010. La collectivité s’est engagée, avec l’appui du Gouvernement français, dans le suivi des préconisations de cette mission d’assistance qui implique des mesures de redressement fortes mais nécessaires.
Dans ce contexte, le versement de cette dotation d’ajustement exceptionnelle est conditionné à la mise en œuvre du plan de redressement tel qu’il a été décliné en termes d’économies concrètes et de trajectoire d’amélioration des comptes de la collectivité. Le versement de l’aide interviendra en plusieurs tranches en fonction des avancées concrètes constatées dans la mise en œuvre du plan de redressement.

Cette aide exceptionnelle est également conditionnée à l’engagement irrévocable de la part de la collectivité avant la fin de l’année 2011 :
- de céder à l’État le bien immobilier situé boulevard Saint-Germain ;
- de céder la participation qu’elle détient dans la banque SOCREDO.

Le produit de ces deux cessions viendra diminuer le montant de la dotation d’ajustement exceptionnelle créée par le présent amendement.

Le versement de l’aide permettra ainsi d’assurer le paiement des fournisseurs et le rattrapage des versements au Fonds intercommunal de péréquation. La création de cette dotation exceptionnelle s’inscrit dans une démarche de soutien budgétaire en coopération avec la collectivité permettant d’améliorer l’équilibre du budget de la collectivité et notamment de préserver la capacité d’autofinancement. »

Rédigé par F K le Mercredi 14 Décembre 2011 à 16:18 | Lu 2405 fois