Crédit Marcos PIN / AFP
Guayaquil, Equateur | AFP | mercredi 23/11/2022 -Par tonnes, la cocaïne colombienne s'exporte vers le monde entier depuis le port équatorien de Guayaquil. Au prix d'un bain de sang entre gangs locaux, sponsorisés par les cartels mexicains et autres mafias européennes, l'Équateur est devenu l'un des nouveaux épicentres du trafic de drogue international.
"La cocaïne qui quitte les ports équatoriens part pour le monde entier, principalement vers les États-Unis et l'Europe, mais aussi vers l'Asie et l'Australie", explique à l'AFP Chris Dalby, chercheur de l'organisation Insight Crime.
Malgré l'absence de grandes cultures de drogue ou de laboratoires de production de cocaïne, le pays de 18 millions d'habitants est devenu la plaque tournante de la drogue produite en Colombie et au Pérou, qui produisent respectivement 1.400 et 400 tonnes de cocaïne par an, selon l'ONU.
- "Fragmentation" du marché -
L’Equateur "est un point de sortie naturel pour la cocaïne colombienne", assure Chris Dalby.
Avant l'accord de paix de 2016 entre l’État colombien et les FARC, la guérilla marxiste contrôlait les zones de culture de la coca et faisait office de médiateur entre les paysans et les narcotrafiquants. Les gangs équatoriens, quant à eux, transportaient la drogue "de la frontière (colombienne) jusqu'à différents ports" du pays, explique le chercheur.
Après l'accord de paix, les guérilleros dissidents qui le refusèrent se sont mis à produire eux-mêmes la drogue "dans le sud de la Colombie" avant de la transporter par "la rivière ou par la route en Équateur" même, poursuit-il.
Dans le même temps, les organisations équatoriennes ont noué des alliances avec les puissantes familles qui contrôlent les cultures de drogue au Pérou, selon une étude de l'Observatoire colombien du crime organisé (OCCO).
Selon un rapport de l'ONU, l'Équateur était le troisième pays à recenser le plus de saisies de cocaïne en 2020, avec 92,5 des 1.424 tonnes confisquées dans le monde, derrière la Colombie qui comptabilise 41% des saisies et les États-Unis avec 11%.
Selon l'OCCO, outre les mafias colombiennes, les cartels mexicains de Sinaloa et de Nuevo Jalisco opèrent aussi en Équateur.
Des émissaires du "Clan des Balkans", composé d'Albanais, de Russes, de Croates, de Monténégrins et de Serbes ont même été signalés.
Main dans la main avec les dissidents des FARC,la guérilla guévariste de l'ELN ou le Clan del Golfo --la plus grande bande de narcotrafiquants de Colombie--, ces trafiquants européens organisent le transport de la drogue jusqu'en Équateur, où les contrôles des autorités sont perçus comme plus flexibles.
Il y a une véritable "fragmentation" du business de la poudre blanche, avec une multitude d'acteurs, entre acheteurs et vendeurs, explique à l'AFP Mathew Charles, auteur du rapport de l'OCCO. Auparavant, le monopole du commerce de la drogue en Colombie était détenu par la mafia italienne de la "Ndrangheta".
Livraison d'armes et "micro-Etats"
Parallèlement, en Équateur, des gangs locaux tentent de se faire une place dans la cour des grands. Dans leur désir de contrôler les routes de la drogue, ils s'entretuent dans les rues et les prisons, notamment à Guayaquil.
Chacune des 12 unités de la prison Guayas 1, principal complexe pénitentiaire de la ville, est contrôlé par des gangs différents: les Chone Killers, les Choneros, les Aguilas, les Latin Kings ou encore Los Lobos...
La guerre impitoyable que se livrent ces bandes rivales dans les prisons, d'où elles dirigent les trafics, ont fait près de 400 morts depuis février 2021.
"Les gangs locaux ont également informé l'OCCO que les Mexicains ont souvent recours à la livraison d'armes plutôt qu'au paiement en argent pour leurs services. Cela a augmenté leur capacité de violence et rendu leurs rivalités plus sanglantes", relève l'enquête.
Les ports et les villes proches du Pacifique attirent en outre la mafia. Du sud au nord, ses ramifications s'étendent le long de la côte jusqu'à la frontière colombienne: Guayaquil, Salinas, Manta, Puerto Bolivar, Esmeraldas et le noeud stratégique de Chone.
Ces bastions du narcotrafic poursuivent "une dynamique" d'attaques armées incessantes, s'alarme le colonel à la retraite Mario Pazmiño, ancien chef du renseignement des forces militaires équatoriennes. Les groupes "tentent de contrôler ces sanctuaires", souligne-t-il.
Lorsqu'elle ne les affronte pas, la mafia corrompt la police et l'armée.
"Souvent", la drogue est cachée "dans des conteneurs de bananes", le produit phare du pays, indique M. Dalby.
L'OCCO a identifié une série de stratagèmes pour camoufler et faire sortir du pays la cocaïne: des sociétés écrans sophistiquées qui organisent à grande échelle la dissimulation de la marchandise dans les cargaisons légales, jusqu'aux petits trafiquants qui bricolent de simples trous dans des conteneurs pour dissimuler la poudre blanche.
"La cocaïne qui quitte les ports équatoriens part pour le monde entier, principalement vers les États-Unis et l'Europe, mais aussi vers l'Asie et l'Australie", explique à l'AFP Chris Dalby, chercheur de l'organisation Insight Crime.
Malgré l'absence de grandes cultures de drogue ou de laboratoires de production de cocaïne, le pays de 18 millions d'habitants est devenu la plaque tournante de la drogue produite en Colombie et au Pérou, qui produisent respectivement 1.400 et 400 tonnes de cocaïne par an, selon l'ONU.
- "Fragmentation" du marché -
L’Equateur "est un point de sortie naturel pour la cocaïne colombienne", assure Chris Dalby.
Avant l'accord de paix de 2016 entre l’État colombien et les FARC, la guérilla marxiste contrôlait les zones de culture de la coca et faisait office de médiateur entre les paysans et les narcotrafiquants. Les gangs équatoriens, quant à eux, transportaient la drogue "de la frontière (colombienne) jusqu'à différents ports" du pays, explique le chercheur.
Après l'accord de paix, les guérilleros dissidents qui le refusèrent se sont mis à produire eux-mêmes la drogue "dans le sud de la Colombie" avant de la transporter par "la rivière ou par la route en Équateur" même, poursuit-il.
Dans le même temps, les organisations équatoriennes ont noué des alliances avec les puissantes familles qui contrôlent les cultures de drogue au Pérou, selon une étude de l'Observatoire colombien du crime organisé (OCCO).
Selon un rapport de l'ONU, l'Équateur était le troisième pays à recenser le plus de saisies de cocaïne en 2020, avec 92,5 des 1.424 tonnes confisquées dans le monde, derrière la Colombie qui comptabilise 41% des saisies et les États-Unis avec 11%.
Selon l'OCCO, outre les mafias colombiennes, les cartels mexicains de Sinaloa et de Nuevo Jalisco opèrent aussi en Équateur.
Des émissaires du "Clan des Balkans", composé d'Albanais, de Russes, de Croates, de Monténégrins et de Serbes ont même été signalés.
Main dans la main avec les dissidents des FARC,la guérilla guévariste de l'ELN ou le Clan del Golfo --la plus grande bande de narcotrafiquants de Colombie--, ces trafiquants européens organisent le transport de la drogue jusqu'en Équateur, où les contrôles des autorités sont perçus comme plus flexibles.
Il y a une véritable "fragmentation" du business de la poudre blanche, avec une multitude d'acteurs, entre acheteurs et vendeurs, explique à l'AFP Mathew Charles, auteur du rapport de l'OCCO. Auparavant, le monopole du commerce de la drogue en Colombie était détenu par la mafia italienne de la "Ndrangheta".
Livraison d'armes et "micro-Etats"
Parallèlement, en Équateur, des gangs locaux tentent de se faire une place dans la cour des grands. Dans leur désir de contrôler les routes de la drogue, ils s'entretuent dans les rues et les prisons, notamment à Guayaquil.
Chacune des 12 unités de la prison Guayas 1, principal complexe pénitentiaire de la ville, est contrôlé par des gangs différents: les Chone Killers, les Choneros, les Aguilas, les Latin Kings ou encore Los Lobos...
La guerre impitoyable que se livrent ces bandes rivales dans les prisons, d'où elles dirigent les trafics, ont fait près de 400 morts depuis février 2021.
"Les gangs locaux ont également informé l'OCCO que les Mexicains ont souvent recours à la livraison d'armes plutôt qu'au paiement en argent pour leurs services. Cela a augmenté leur capacité de violence et rendu leurs rivalités plus sanglantes", relève l'enquête.
Les ports et les villes proches du Pacifique attirent en outre la mafia. Du sud au nord, ses ramifications s'étendent le long de la côte jusqu'à la frontière colombienne: Guayaquil, Salinas, Manta, Puerto Bolivar, Esmeraldas et le noeud stratégique de Chone.
Ces bastions du narcotrafic poursuivent "une dynamique" d'attaques armées incessantes, s'alarme le colonel à la retraite Mario Pazmiño, ancien chef du renseignement des forces militaires équatoriennes. Les groupes "tentent de contrôler ces sanctuaires", souligne-t-il.
Lorsqu'elle ne les affronte pas, la mafia corrompt la police et l'armée.
"Souvent", la drogue est cachée "dans des conteneurs de bananes", le produit phare du pays, indique M. Dalby.
L'OCCO a identifié une série de stratagèmes pour camoufler et faire sortir du pays la cocaïne: des sociétés écrans sophistiquées qui organisent à grande échelle la dissimulation de la marchandise dans les cargaisons légales, jusqu'aux petits trafiquants qui bricolent de simples trous dans des conteneurs pour dissimuler la poudre blanche.