L'Assemblée autorise à son tour les éleveurs à abattre des loups


PARIS, 9 juillet 2014 (AFP) - L'Assemblée nationale a autorisé jeudi soir les éleveurs à abattre des loups dans certaines zones du territoire et à certaines conditions, vu que la convention de Berne signée par la France les classe en espèce strictement protégée.

"On renforce comme jamais l'arsenal législatif qui va permettre aux éleveurs de se protéger beaucoup mieux" et c'est "d'un commun accord avec la ministre de l'Ecologie et en cohérence avec le plan loup", a affirmé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.

L'UMP a échoué à aller plus loin par souci affiché d'une "forme de légitime défense" des éleveurs, l'écologiste Jean-Louis Roumégas jugeant que les élus du groupe essayaient de "faire un peu de surenchère".

L'élu PS de l'Isère François Brottes a salué l'"attitude constructive des pouvoirs publics", contrastant avec des époques plus passionnelles sur ce sujet sensible.

Les mesures votées par les députés découlent d'un amendement au projet de loi sur l'agriculture introduit au Sénat, retouché ensuite en commission à l'Assemblée via un amendement du gouvernement.

L'amendement du Sénat prévoyait notamment qu'en cas d'attaque, l'éleveur soit autorisé à tuer des loups pour une durée de six mois sur le territoire de sa commune.

Le gouvernement a fait adopter en commission à l'Assemblée un amendement pour être en conformité avec le droit européen notamment en autorisant l'abattage des loups dans des zones de protection renforcée, délimitées par les préfets, pour une durée maximale d'un an lorsque des dommages importants sont constatés pour les activités pastorales.

Le seul changement apporté dans l'hémicycle, via le vote d'un amendement UMP ayant le feu vert du gouvernement et du rapporteur, précise que cela concernera l'élevage et non le seul pastoralisme, qui a cours principalement dans les zones de montagne.

Un plafond d'abattage sera fixé pour chaque zone de protection renforcée dans le respect d'un plafond national.

Au-delà, "il faudrait renégocier la convention de Berne mais aujourd'hui il n'y a pas de majorité pour le faire", a déclaré le ministre.

Naturellement revenus en France au début des années 1990 par l'Italie et durablement installés dans les Alpes, les loups ne cessent de coloniser de nouveaux territoires: partie orientale des Pyrénées, Massif central, Vosges, Haute-Marne et plus récemment l'Aube.

La France compte actuellement 300 loups et plus de 6.000 animaux d'élevage ont été tués par l'animal en 2013, selon le ministère de l'Ecologie.

La quasi totalité des orateurs dans l'hémicycle, ministre compris, ont souligné les dégâts et l'impact sur des éleveurs choqués, voire désespérés au point de quitter leurs vallées.

"Le loup est un magnifique animal, totémique, mais incompatible avec une activité d'élevage", a lancé l'UMP Nicolas Dhuicq, convaincu qu'"il faudra le contenir car nous ne sommes pas en Amérique du nord ou en Sibérie pour maintenir une espèce de super prédateur".

Lors des 12 derniers mois, huit loups ont été abattus malgré le plafond fixé à 24, en raison de la complexité des procédures mais aussi de la difficulté de trouver l'animal sur le terrain.

Un arrêté récent reconduit le plafond de 24 loups maximum pouvant être abattus en France dans les douze prochains mois, à titre dérogatoire. Mais ce plafond pourra être porté à 36 quand 20 loups auront été éliminés.

Un autre arrêté désigne les 20 départements où des loups pourront être abattus en cas d'attaques avérées sur les troupeaux. Est concerné un grand quart sud-est de la France, allant jusqu'à la Meuse et la Haute-Marne.

Rédigé par AFP le Mercredi 9 Juillet 2014 à 16:56 | Lu 516 fois