L'Allemagne se rapproche d'un accord sur un nouveau gouvernement


Berlin, Allemagne | AFP | lundi 05/02/2018 - Conservateurs d'Angela Merkel et sociaux-démocrates allemands se sont rapprochés lundi d'un accord pour former un gouvernement et sortir le pays d'une longue impasse post-électorale, avec un compromis notamment sur la relance du projet européen.

"Nous avons achevé aujourd'hui les discussions sur l'Europe et (...) nous sommes tous d'avis que notre pays n'a d'avenir que dans une Europe forte et unie, nous sommes prêts à faire avancer l'Europe ensemble", a déclaré le président des sociaux-démocrates du SPD, Martin Schulz.
Son parti et les démocrates chrétiens (CDU/CSU) d'Angela Merkel négocient depuis début janvier dans la douleur sur une nouvelle coalition entre eux. 
Les élections législatives de septembre, marquées par un repli des partis traditionnels et une percée de l'extrême droite, n'ont pas permis de dégager une majorité claire à la chambre des députés.
Après un premier échec pour former une coalition hétéroclite avec les Libéraux et les écologistes en novembre, la chancelière, réduite à gérer les affaires courantes depuis octobre et qui a vu son étoile pâlir sur la scène internationale, n'a plus droit cette fois à l'erreur.
  - Accord sur l'Europe -  
Les tractations avec le SPD sont dans leur ultime phase, après un week-end intense de négociations.  
Un haut responsable du parti chrétien-démocrate de la chancelière, Volker Bouffier, s'est ainsi dit "confiant" lundi sur l'imminence d'un accord. "Peut-être aurons-nous encore besoin de demain (mardi) matin", a-t-il toutefois ajouté.
Je pense qu'on va y arriver. Il y a de bonnes chances", a jugé de son côté la ministre sociale-démocrate de la Famille, Katarina Barley.
La stratégie européenne fait désormais consensus entre les deux mouvements, après des mois d'atermoiements de l'Allemagne sur ces questions suite aux propositions du chef de l'Etat français Emmanuel Macron en septembre, notamment pour rendre la zone euro plus résistante face aux crises.
M. Schulz a assuré à la presse qu'un compromis avait été scellé pour "davantage d'investissements" en Europe et "pour un budget d'investissement pour la zone euro", une proposition de M. Macron.
Le président du SPD a même proclamé "la fin du diktat des économies" budgétaires en Europe. Reste à voir ce que le contrat de coalition allemand dira précisément sur le sujet, si un accord est bien scellé, car les conservateurs d'Angela Merkel sont toujours restés jusqu'ici très prudents sur le sujet.
Ils redoutent qu'un tel budget aboutisse à ce que les pays rigoureux en matière de finances publiques payent pour les écarts des Etats laxistes. Un accord préliminaire conclu en janvier entre démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates allemands ouvrait la porte pour la première à une ébauche de budget d'investissement de la zone euro mais pour un montant limité. 
M. Schulz a aussi évoqué un accord sur une "imposition juste" des "géants de l'internet Google, Apple, Facebook et Amazon en Europe", ainsi qu'un "pacte social" pour l'Europe.
D'autres sujets chers au SPD continuent de poser problème : la réforme du système d'assurance santé pour réduire les inégalités entre assurés publics et privés, et l'encadrement strict des contrats de travail à durée déterminée. Sur ces points, les négociations restent compliquées.
  - SPD sous pression -  
Les sociaux-démocrates doivent à tout prix obtenir des concessions visibles, sous peine de voir leur base rejeter au final l'accord de coalition. Les 440.000 militants du parti auront le dernier mot lors d'un vote interne et ils restent très divisés.
Après avoir déjà essuyé une défaite d'ampleur historique aux législatives, le plus vieux parti d'Allemagne continue depuis des semaines à reculer dans les sondages, à moins de 20%.
Pour tenter de convaincre les récalcitrants de sa base, M. Schulz a prévu une "réévaluation à mi-parcours" de la coalition, une manière de mettre Angela Merkel en sursis dès le début de son mandat.
Si l'accord devait être rejeté par le SPD, la chancelière devra, soit se résoudre à un instable gouvernement minoritaire, soit accepter l'organisation de nouvelles élections à haut risque qui pourraient profiter avant tout l'extrême droite. Chacun des deux scénarios serait une première en Allemagne depuis 1945.
L'imbroglio actuel est inédit dans l'histoire allemande d'après-guerre et illustre aussi la soudaine usure politique d'Angela Merkel en Europe. 

le Lundi 5 Février 2018 à 06:31 | Lu 357 fois