L'Académie de médecine "regrette" l'interdiction précipitée du bisphénol A


PARIS, 9 novembre 2011 (AFP) - L'Académie nationale de médecine "regrette" l'interdiction "précipitée" du bisphénol A (BPA) en l'absence de produit de substitution, tout en préconisant des mesures de précaution pour les femmes enceintes, indique-t-elle dans un rapport publié mercredi.

Le bisphénol A, composant chimique très répandu dans les boîtes de conserve les cannettes et aussi utilisé dans certains amalgames dentaires, est suspecté, avec d'autres substances de type "perturbateurs endocriniens", d'augmenter le nombre des cancers dit hormono-dépendants, principalement du sein et de la prostate.

L'Assemblée a voté le 12 octobre l'interdiction du bisphénol A dans tous contenants alimentaires, à partir de 2014 (dès 2013 pour les contenants alimentaires de produits destinés aux enfants de moins de 3 ans).

Selon l'Académie de médecine, "le BPA pourrait contribuer pour une part, vraisemblablement faible, à l'augmentation des cancers hormono-dépendants" alors que ses mécanismes d'action sont encore mal connus.

"Il nous semble prématuré d'interdire le BPA en l'absence de produit fiable de substitution" a expliqué le cancérologue Henri Rochefort, co-auteur du rapport lors de sa présentation.

L'Académie appelle les industriels à "relever le défi de la substitution" en trouvant rapidement des produits de remplacement "dont l'innocuité a été prouvée".

Parallèlement l'institution formule des recommandations sur les BPA et les phtalates, autres perturbateurs endocriniens, communément utilisés dans les matières plastiques.

Par exemple, il faudrait "interdire de chauffer directement des aliments dans les emballages plastiques ou stocker longtemps et à température élevée les eaux minérales dans des bouteilles plastiques libérant des phtalates".

Il faudrait ne pas recycler les emballages contenant des BPA ou phtalates et conseiller aux caissières manipulant des tickets contenant des BPA de porter des gants.

Ces mesures s'adresseraient en priorité aux personnes les plus à risque : les femmes enceintes, celles donnant le sein, les travailleurs exposés ou encore les personnes ayant eu cancer du sein ou de la prostate.

ot/BC/phc

Rédigé par AFP le Jeudi 10 Novembre 2011 à 05:56 | Lu 441 fois