LUDOVIC MARIN / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 22/06/2023 - Dénicher les "futurs Kylian Mbappé" de l'intelligence artificielle (IA) dans les milieux populaires pour qu'ils facilitent la vie quotidienne de leurs communes grâce à des applications pratiques: c'est le pari du programme Kesk'IA, déterminé à démocratiser "l'innovation à l'échelle locale".
Sur la scène du "Pitch Studio" de VivaTech, plus grand salon européen du secteur, c'est le baptême du feu pour l'équipe d'Omar et Sakina, derniers représentants de Trappes, en compétition avec les équipes des sept villes sélectionnées par ce programme national, avec Lens, Marseille, Rouen, Nantes, Grigny et Meaux.
L'enjeu: convaincre un jury de professionnels de la tech que leur "proof of concept" (POC) nommé "C Du Propre", utilisant l'IA pour améliorer la collecte des déchets de leur commune à l'aide d'une simple photo sur smartphone, est plus abouti que ceux de leurs concurrents, après quatre mois de développement et d'accompagnement par des mentors spécialistes de la technologie.
Si la prestation des Lensois, avec le prototype "Safer Road" pour réduire les accidents en identifiant les infrastructures routières défaillantes, ou des Nantais, avec "Predictive cantine" pour lutter contre le gaspillage alimentaire, font forte impression, la démonstration de l'application des Trappistes n'est pas en reste.
Devant plus de 200 personnes, y compris leurs familles, amis et proches, le stress prend souvent le pas sur la vulgarisation de leur projet. Mais l'énergie et la détermination pour aller décrocher l'un des trois trophées du meilleur "pitch", et surtout le voyage pour la Silicon Valley, prix pour les gagnants, finissent par l'emporter.
Manque de diversité
La raison d'être du programme Kesk'IA est de répérer les pépites parmi la centaine de jeunes en études supérieures dans les domaines des technologies, issus de quartiers populaires et à fort potentiel de réussite, sélectionnés pour la première promotion du programme sur les 500 candidatures reçues au total.
"Ces quartiers vont être principalement connus pour leurs footballeurs ou leurs rappeurs. Ce qu'on veut à travers Kesk'IA, c'est montrer qu'il y autre chose", explique à l'AFP Morad Attik, ancien professeur de mathématiques et cofondateur de la start-up Evolukid, à l'origine du programme avec son frère Rabah Attik, ingénieur en robotique.
Des "cracks" de la tech comme Omar Konaté, 17 ans et déjà en 2e année de licence mathématiques-informatique après avoir sauté deux classes, ou Sakina Faouzi, étudiante en master 2 "data management" en école de commerce.
"Quand j'ai vu les profils recherchés sur LinkedIn, je me suis tout de suite sentie dans la cible", raconte Sakina, 23 ans. Quand on est issu "d'un quartier populaire, c'est vrai qu'on a moins de capital social que d'autres. On se met parfois des barrières et on n'ose pas nous-mêmes postuler" dans les grandes entreprises du secteur.
L'expérience accumulée en matière de savoir-être ("soft skills"), de réseau professionnel, mêlé à l'excellence technologique, est destinée à leur "ouvrir les portes" et renforcer leur employabilité dans ces grands groupes, qui passent souvent à côté de ces profils.
"Créer des modèles"
"On sait que, dans les technologies, il y a un déficit de vocations. Il n'y a pas suffisamment de femmes qui sont employées et ça manque de diversité", déplore Grégoire du Peloux, directeur de l'innovation de TCS, filiale française du géant indien Tata et partenaire du programme, à l'instar de L'Oréal, Publicis ou encore Société Générale.
"Ce programme vise à créer des modèles pour donner envie aux jeunes de s'engager dans ce type de carrière, dans lesquelles ils peuvent avoir un impact sur la société, et aussi se réaliser personnellement", complète-t-il.
Alors que l'essor de l'IA générative déchaîne les passions depuis l'irruption de ChatGPT, "ça nous permet aussi de sortir des fantasmes, de ne pas imaginer que l'IA est quelque chose qui nous dépasse, qui est dangereux et complètement hors sujet pour les gens de villes comme Trappes", souligne auprès de l'AFP Ali Rabeh, maire de Trappes.
"Au contraire, on a des jeunes dans nos familles qui travaillent dans l'informatique et qui vont domestiquer la matière et la mettre à notre service", ajoute-t-il. "C'est aussi une façon de dire aux citoyens: +l'intelligence artificielle, c'est un peu comme internet+. À l'époque, personne ne comprenait ce que ce serait. Dorénavant, ça fait partie de nos usages quotidiens".
Sur la scène du "Pitch Studio" de VivaTech, plus grand salon européen du secteur, c'est le baptême du feu pour l'équipe d'Omar et Sakina, derniers représentants de Trappes, en compétition avec les équipes des sept villes sélectionnées par ce programme national, avec Lens, Marseille, Rouen, Nantes, Grigny et Meaux.
L'enjeu: convaincre un jury de professionnels de la tech que leur "proof of concept" (POC) nommé "C Du Propre", utilisant l'IA pour améliorer la collecte des déchets de leur commune à l'aide d'une simple photo sur smartphone, est plus abouti que ceux de leurs concurrents, après quatre mois de développement et d'accompagnement par des mentors spécialistes de la technologie.
Si la prestation des Lensois, avec le prototype "Safer Road" pour réduire les accidents en identifiant les infrastructures routières défaillantes, ou des Nantais, avec "Predictive cantine" pour lutter contre le gaspillage alimentaire, font forte impression, la démonstration de l'application des Trappistes n'est pas en reste.
Devant plus de 200 personnes, y compris leurs familles, amis et proches, le stress prend souvent le pas sur la vulgarisation de leur projet. Mais l'énergie et la détermination pour aller décrocher l'un des trois trophées du meilleur "pitch", et surtout le voyage pour la Silicon Valley, prix pour les gagnants, finissent par l'emporter.
Manque de diversité
La raison d'être du programme Kesk'IA est de répérer les pépites parmi la centaine de jeunes en études supérieures dans les domaines des technologies, issus de quartiers populaires et à fort potentiel de réussite, sélectionnés pour la première promotion du programme sur les 500 candidatures reçues au total.
"Ces quartiers vont être principalement connus pour leurs footballeurs ou leurs rappeurs. Ce qu'on veut à travers Kesk'IA, c'est montrer qu'il y autre chose", explique à l'AFP Morad Attik, ancien professeur de mathématiques et cofondateur de la start-up Evolukid, à l'origine du programme avec son frère Rabah Attik, ingénieur en robotique.
Des "cracks" de la tech comme Omar Konaté, 17 ans et déjà en 2e année de licence mathématiques-informatique après avoir sauté deux classes, ou Sakina Faouzi, étudiante en master 2 "data management" en école de commerce.
"Quand j'ai vu les profils recherchés sur LinkedIn, je me suis tout de suite sentie dans la cible", raconte Sakina, 23 ans. Quand on est issu "d'un quartier populaire, c'est vrai qu'on a moins de capital social que d'autres. On se met parfois des barrières et on n'ose pas nous-mêmes postuler" dans les grandes entreprises du secteur.
L'expérience accumulée en matière de savoir-être ("soft skills"), de réseau professionnel, mêlé à l'excellence technologique, est destinée à leur "ouvrir les portes" et renforcer leur employabilité dans ces grands groupes, qui passent souvent à côté de ces profils.
"Créer des modèles"
"On sait que, dans les technologies, il y a un déficit de vocations. Il n'y a pas suffisamment de femmes qui sont employées et ça manque de diversité", déplore Grégoire du Peloux, directeur de l'innovation de TCS, filiale française du géant indien Tata et partenaire du programme, à l'instar de L'Oréal, Publicis ou encore Société Générale.
"Ce programme vise à créer des modèles pour donner envie aux jeunes de s'engager dans ce type de carrière, dans lesquelles ils peuvent avoir un impact sur la société, et aussi se réaliser personnellement", complète-t-il.
Alors que l'essor de l'IA générative déchaîne les passions depuis l'irruption de ChatGPT, "ça nous permet aussi de sortir des fantasmes, de ne pas imaginer que l'IA est quelque chose qui nous dépasse, qui est dangereux et complètement hors sujet pour les gens de villes comme Trappes", souligne auprès de l'AFP Ali Rabeh, maire de Trappes.
"Au contraire, on a des jeunes dans nos familles qui travaillent dans l'informatique et qui vont domestiquer la matière et la mettre à notre service", ajoute-t-il. "C'est aussi une façon de dire aux citoyens: +l'intelligence artificielle, c'est un peu comme internet+. À l'époque, personne ne comprenait ce que ce serait. Dorénavant, ça fait partie de nos usages quotidiens".