Kassovitz transforme une rue de Papeete, le temps d'un film sur Ouvéa

PAPEETE, 13 octobre 2010 (AFP) - Le cinéaste Mathieu Kassovitz a métamorphosé une rue et un bâtiment officiel de Papeete pour "L'ordre et la morale", son film retraçant les événements sanglants d'Ouvéa en 1988, dont le tournage approche de sa fin.


Adapté du récit du capitaine Philippe Legorjus du GIGN, incarné à l'écran par Kassovitz lui-même, le film relate l'attaque de la gendarmerie de Fayaoué, sur l'île d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, par un groupe d'indépendantistes kanaks qui tuèrent quatre gendarmes et en retinrent 30 en otages dans une grotte isolée pendant dix jours, au printemps 1988.

L'assaut final, par les gendarmes d'élite du GIGN, causa la mort de 19 Kanaks et de deux militaires.

Le film devait être réalisé en Nouvelle-Calédonie, mais après quelques résistances de personnalités politiques, la production avait décidé de le tourner en Polynésie.

Mathieu Kassovitz a cependant reçu depuis le soutien du président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Philippe Gomès, venu le rencontrer à Anaa, l’atoll polynésien isolé où le tournage avait débuté fin août.

De son côté, le président de la Polynésie française Gaston Tong Sang a ouvert son palais aux équipes de tournage, qui l'ont transformé pour les besoins du film en haut-commissariat de Nouvelle-Calédonie.

Une rue de Papeete va être métamorphosée en rue de Nouméa tandis que l’hôpital psychiatrique désaffecté de Vaiami, après 21.000 euros de travaux, va ressembler à la gendarmerie d’Ouvéa de l’époque.

Trois tonnes de plâtre ont été utilisées pour recréer la grotte d'Ouvéa, dans une cocoteraie de l’île de Moorea, proche de Tahiti, mais il n'est pas encore certain que les scènes retraçant les événements soient tournées à cet endroit.

"90% du film se tourne en Polynésie française, c’est énorme et c’est la première fois qu’on a un film aussi important ici", a déclaré à l’AFP la productrice exécutive, engagée sur place, Marie-Eve Tefaatau.

Certains Kanaks qui jouent dans le film sont des descendants des morts d’Ouvéa.

Dave Djoupa est le fils de Wenceslas Lavelloi, tué le jour de l’assaut. Agé de neuf ans à l'époque, il s’est proposé lui-même pour jouer le rôle de son père, qu’il considère comme "un martyr du pays".

"Le film peut servir à montrer vraiment comment s’est passée l’affaire d’Ouvéa, parce que le scénario se base sur les deux parties : les rescapés de la grotte et le capitaine Legorjus. Il peut servir aussi à la réconciliation, parce qu’il y a eu des morts des deux côtés", a déclaré Dave Djoupa à l’AFP.

Avec ses tentes, Anaa a pris l’allure d’un camp militaire pour les 300 acteurs, figurants et techniciens qui y ont séjourné pendant un mois.

L’atoll de 460 habitants ne dispose pas d’eau potable et n'est habituellement desservi que par un vol par semaine.

Plusieurs acteurs, dont Mathieu Kassovitz, ont reçu une formation intensive de krav maga, un art martial israélien, pour gagner en réalisme dans les scènes de combat.

Le film, dont la sortie est prévue le 21 septembre 2011, vise une sélection au prochain Festival de Cannes, avait indiqué en septembre la production, Nord-Ouest Films.

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Rédigé par Par Mike LEYRAL le Mardi 12 Octobre 2010 à 23:32 | Lu 1490 fois