KNKY, l'artiste caméléon


PAPEETE, le 27 octobre 2015 - La galerie Winkler accueille pour la première fois l'exposition individuelle de KNKY, un artiste aux multiples influences qui joue de son anonymat. Du 29 octobre au 10 novembre, venez découvrir des œuvres originales, entre cultures urbaine, océanienne et américaine !


Du street art à la pop, en passant par "la culture du Tiki" comme il le clame, les influences de KNKY (prononcer "Kanaky") sont nombreuses et originales. Une belle créativité que l'artiste doit à ses multiples voyages qui ont enrichi ses connaissances. Né en Nouvelle-Calédonie en 1972, sa signature fait référence à sa terre natale, qui nourrit en outre ses réalisations. Cependant, tel un caméléon, il s'amuse à changer de pseudos car, dit-il, il n'a "pas de problème d'ego". Josh, Ratboy, Van Nenn, Surfer, KNKY, KANAKY ou Slumdog sont en réalité une seule et même personne. Il change ainsi régulièrement d'identité sur les réseaux sociaux afin d'être toujours en "mouvement".

KNKY commence le graffiti à l'âge de 14 ans, puis se spécialise dans l'impression. Il choisit la rue comme lieu d'expérimentation et s'exprime aussi bien par le biais de stickers, de pochoirs, de sérigraphies, de bombes aérosols, etc. Très vite, il aime décorer des planches de skate et de surf, et se découvre une vraie passion pour les autocollants. D'ailleurs, il a monté voilà dix ans environ sa petite entreprise "Tahitian Design", qui réalise "des stickers pour des marques internationales, locales ou personnels." Il raconte : "Surfeur dans l'âme, j'ai grandi sur le Caillou, baignant dans l'univers des bandes dessinées. Mon père mélanésien était un jeune branché pendant l'occupation des États-Unis, et c'est donc tout naturellement que j'ai adopté la culture américaine, celle des super héros, etc. Quant à ma mère, d'origine vietnamienne, elle a dû me donner le goût du travail."

LE RECYCLAGE AU CŒUR DE SON ŒUVRE

Le recyclage est l'un des éléments fondateurs de son art. Son exposition a été réalisée uniquement à partir de produits dérivés posés sur la toile. Il n'y a aucune "perte" dans son œuvre, tout est réutilisé : l'encre, les chutes de papier issues de son atelier d'impression, les éléments qu'il chine au gré de ses voyages, etc. Dans ses supports, nous retrouvons, pêle-mêle, d'anciens patrons de couture, des pages de bandes dessinées, de vinyles… parce que la texture ou le graphisme du papier l'ont séduit.

Au-delà de la technique, KNKY s'approprie sans tabou le street art, le surf, les motifs polynésiens, la culture populaire américaine, ou encore les mangas japonais. L'ensemble signe son appartenance au monde qui l'entoure. Parmi la trentaine d'épreuves d'artiste, les gravures et les autocollants, le spectateur s'étonnera de ce tableau de Paul Gauguin détourné façon Andy Warhol, avec une vahine aux allures très "pop", s'amusera de Silver Surfer (le Surfeur d'Argent), ou encore sourira de ces Mickey et Minnie revisités, le tout marqué par de nombreuses références et touches humoristiques, mais aussi des clins d'œil, comme par exemple celui contre le vandalisme qu'il dénonce.

"UN VOYAGEUR ET UN IMPRIMEUR"

Le métier de steward lui a permis de parcourir une grande partie du globe : l'Asie, les États-Unis, le Japon, l'Europe, les Mascareignes, l'Indonésie... Fort de ses rencontres et de ses découvertes, il a pu perfectionner ses différentes techniques avec des copains imprimeurs. "Je suis un voyageur et un imprimeur. C'est justement pour répondre à ces deux facettes de ma personnalité que j'ai choisi ce style de vie singulier", confie-t-il. Et d'ajouter : "Je n'ai pas fait d'école d'art, j'ai appris en autodidacte, afin d'être libre dans mon art. Je n'apprécie pas qu'on me colle des étiquettes."

Á 43 ans, KNKY réside depuis quinze ans en Polynésie et fait partie de la communauté Crewzing, composée notamment des artistes locaux Tahe ou Hell Ton John. Aujourd'hui, il possède un talent indéniable et expose régulièrement dans des galeries à Tokyo, mais également lors du Marché international d'art contemporain consacré au surf (MIACS) à Biarritz, pour la cinquième année consécutive. Une grande marque japonaise de l'électronique, qui a décidé de miser sur l'art urbain, est par ailleurs son sponsor principal. Multiplicité des images et mixité des symboles sont sa marque de fabrique, ne manquez pas sa première exposition individuelle, à découvrir dès jeudi.

Infos pratiques

Du 29 octobre au 10 novembre
Cocktail vernissage jeudi 29 octobre, à partir de 18 heures

Galerie Winkler
17 rue Jeanne d'Arc, Papeete, Tahiti
Ouvert du lundi au vendredi de 9 heures à 12h30 et de 13h30 à 17 heures
Le samedi de 8h30 à midi

Contact : 40 42 81 77






Rédigé par Dominique Schmitt le Mardi 27 Octobre 2015 à 17:39 | Lu 2667 fois