Jugé pour vol avec violence, un schizophrène déclaré pénalement irresponsable


Tahiti, le 8 juillet 2024 - Un homme sans emploi de 23 ans a été déclaré pénalement irresponsable au terme de sa comparution immédiate lundi. Le prévenu, qui était poursuivi pour avoir frappé un homme et lui avoir volé son sac, a en effet été diagnostiqué comme étant atteint de schizophrénie paranoïde.
 
Le tribunal correctionnel a jugé, lundi en comparution immédiate, un homme âgé de 23 ans qui était poursuivi pour un vol avec violence n'ayant entraîné aucune incapacité totale de travail. Le 14 mai dernier, vers 4 heures du matin et alors qu'il faisait une “petite balade” nocturne dans le centre-ville de Papeete, cet individu sans emploi avait agressé un quinquagénaire qui se rendait à son travail.
 
Après avoir abordé la victime, il lui avait arraché son sac et lui avait porté plusieurs coups de poing et de pied. Interpellé peu de temps après l'agression, le jeune homme avait expliqué lors de sa garde à vue qu'il s'en était pris au quinquagénaire car ce dernier lui avait causé des problèmes un an auparavant. Une affirmation contredite par la victime qui n'avait jamais vu son agresseur avant cette fameuse nuit.
 
“Trouble psychotique chronique”
 
Jugé lundi en correctionnelle après avoir donc effectué un peu moins de deux mois de détention provisoire, le prévenu, qui semblait parfois absent à la barre, a reconnu les faits sans cependant être en capacité de fournir plus d'explications que celles qu'il avait données lors de sa garde à vue. Interrogé sur son parcours de vie, le jeune homme a indiqué qu'il vivait dans sa famille fa'a'amu après avoir été exclu de sa famille biologique en raison de sa violence. La présidente du tribunal a d'ailleurs expliqué que le jeune homme avait déjà été condamné le 21 mars dernier à 117 heures de travail d'intérêt général pour des violences commises sur un autre homme. Des faits perpétrés sur la voie publique comme ceux pour lesquels il était jugé ce lundi.
 
Alors que le jeune homme venait d'expliquer que ses accès de violence venaient d'“un coup”, la magistrate a ensuite fait état des conclusions de l'expert psychiatre qui l'avait examiné dans le cadre de cette affaire. Et selon le spécialiste, le prévenu, récemment hospitalisé dans le secteur fermé de Tokani car il entendait des voix, est atteint d'un “trouble psychotique chronique” : la “schizophrénie paranoïde”. Il souffre de “solitude affective”, se sent “isolé sur le plan social” et présente un “émoussement affectif” doublé d'un “discours très pauvre”. Son discernement était donc “aboli” lors de la commission des faits.
 
Un prévenu “vulnérable”
 
Au regard de ce constat, le procureur de la République a assuré lors de ses réquisitions qu'il ne pouvait que “prendre acte” de cette expertise alors qu'en “temps normal”, les faits commis auraient valu “six à huit mois de prison ferme” à un individu ne souffrant pas de pathologie psychiatrique.
 
Constitué pour la défense du jeune schizophrène, Me Diana Kintzler est sans surprise revenue lors de sa plaidoirie sur la pathologie dont souffre son client, un homme qui avait dit “tout et son contraire” durant sa garde à vue et qui a passé plusieurs semaines en détention provisoire. L'avocate a ensuite suggéré au tribunal d'envisager une “mesure de protection” et non de la répression pour une personne “vulnérable” sur le plan psychique et donc social.
 
Après en avoir rapidement délibéré, le tribunal a donc déclaré le prévenu pénalement irresponsable.
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 8 Juillet 2024 à 16:40 | Lu 3012 fois