Jugé pour avoir étranglé sa compagne


Tahiti, le 22 février 2022 – Le procès d'un ancien manutentionnaire de 62 ans, poursuivi pour avoir étranglé sa compagne à Tiarei le 30 novembre 2018, s'est ouvert jeudi devant la cour d'assises. L'accusé, qui s'était lui-même dénoncé en appelant la gendarmerie après avoir tué sa concubine lors d'une dispute sur fond d'alcool et de jalousie, encourt la perpétuité.
 
“Elle n'avait aucune chance de s'en sortir et a dû se voir partir”. C'est par ces mots qu'un enquêteur de la Brigade de recherches (BR) de Faa'a a commenté devant la cour d'assises le calvaire vécu par une femme morte étranglée par son compagnon le 30 novembre 2018 à Tiarei. Le procès de son concubin, qui doit durer deux jours, s'est ouvert jeudi matin en présence de quatre des cinq enfants de la victime.

Ce soir de novembre 2018, c'est l'accusé lui-même qui avait contacté la gendarmerie en déclarant qu'il venait de tuer sa compagne par strangulation. Arrivés au domicile du couple au pk 45 à Tiarei, et tel que l'a expliqué le directeur d'enquête de la BR à la cour d'assises en ce premier jour de procès, le corps de la victime se trouvait sur leur lit. “Son corps était encore chaud mais elle ne respirait plus”. Placé en garde à vue, l'accusé avait reconnu les faits en expliquant qu'il avait étranglé sa compagne pendant “10 à 15 minutes” car elle l'avait insulté.
 
Double vie

Les investigations menées par les enquêteurs avaient permis d'éclaircir le contexte dans lequel les faits avaient été commis. L'accusé, veuf depuis un an de la mère de ses quatre enfants, tentait de se remettre de la perte de son épouse dont le corps était enterré dans son jardin. L'homme avait rencontré sa nouvelle compagne deux mois avant les faits alors qu'elle attendait un bus. Après avoir bu quelques bières ensemble, ils avaient décidé de se revoir, puis avait entamé une relation sentimentale. La victime, mère de cinq enfants, continuait cependant d'entretenir une relation avec un autre homme. Selon l'enquêteur de la gendarmerie, elle menait une sorte de “double vie” en revenant au domicile de son premier compagnon à l'aube afin de s'occuper de son dernier enfant, un garçon âgé de dix ans.
 
Le jour du drame, le couple avait passé la fin d'après-midi à boire à la plage avec le fils de l'accusé et des amis. C'est en prenant le chemin de retour que la situation s'était envenimée. Selon ses déclarations, l'accusé avait dû subir des insultes et des brimades de la part de sa compagne qui était alcoolisée. Une fois à la maison, et alors que la victime lui avait dit d'aller déterrer sa femme “dans le trou”, l'ancien manutentionnaire avait décidé de “la faire taire”. Alors qu'elle se trouvait sur leur lit, l'homme s'était mis à califourchon sur elle et l'avait étranglée durant de longues minutes. Lors de sa garde à vue, il avait d'ailleurs rapporté que sa concubine avait réussi à dire : “Je ne reverrai plus mes petits-enfants”. Constatant ensuite qu'elle ne respirait plus, il l'avait remise au centre du lit, l'avait embrassée et avait ensuite saisi son téléphone pour appeler les gendarmes. Son fils, qui venait de rentrer de la plage, avait complètement perdu la tête en apprenant que son père avait tué sa compagne.
 
“Dernier souffle de vie”
 
Interrogé au début de son procès jeudi matin, l'accusé a expliqué qu'il n'avait pas “voulu tuer” la victime, qu'il s'était juste “allongé sur elle” et qu'il regrettait de lui avoir “ôté son dernier souffle de vie”. L'homme a rapporté une enfance précaire passée dans une famille monoparentale au sein de laquelle les fins de mois étaient difficiles. Il a ensuite abordé sa carrière de manutentionnaire passée dans la même entreprise durant les trente dernières années. 

Alors que des taux importants d'alcoolémie avaient été relevés chez la victime et l'accusé le soir des faits, le directeur d'enquête a expliqué jeudi à la cour que la “relation du couple” était “clairement basée sur l'alcool”. Si l'accusé avait sombré dans l'alcool depuis le décès de sa femme, suivi de près par celui de sa mère, la victime souffrait quant à elle d'une addiction plus ancienne mais demeurait cependant une “mère exemplaire” pour ses enfants. Le couple avait prévu de se marier deux mois après les faits. 
 
Un accusé calme et tranquille
 
Après l'audition particulièrement limpide du directeur d'enquête, le fils de l'accusé a été entendu à son tour. Le jeune homme, très précis dans ses déclarations, a indiqué qu'il avait complètement “pété les plombs” lorsqu'il s'était rendu compte que son père avait étranglé sa belle-mère. Il a cependant exprimé son étonnement quant à la nature des faits et la personnalité de son père, un homme plutôt calme et tranquille qu'il n'avait “jamais vu comme ça”.
Vendredi matin, la matinée sera consacrée à l'audition des différents experts cités dans le dossier, dont le médecin légiste qui avait examiné le corps de la victime après son décès et qui avait conclu à une mort par asphyxie et anoxie cérébrale.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 24 Février 2022 à 18:06 | Lu 2017 fois