Jugé en appel pour cinq heures d'évasion de prison


Tahiti, le 5 août 2021 - La cour d'appel se penchait ce jeudi sur un détenu du centre de détention de Tatutu qui s’était présenté avec quelques heures de retard aux grilles de la prison après avoir bénéficié d’une permission de sortie. En première instance, en avril dernier, l'évadé de quelques heures avait été dispensé de peine, mais le ministère public avait fait appel.
 

Il était rentré de permission en retard et avait été dispensé de peine par le tribunal correctionnel en avril dernier. Ce détenu, né en 1977, a été condamné à de multiples reprises depuis 2001, surtout pour des faits de vol. Le 25 juin 2020, il avait bénéficié d’une permission de sortie pour aller voir sa sœur. Un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) l’avait suivi puis ramené avant 15 heures au centre de détention de Tatutu à Papeari.
 
L’homme considérant que la durée de la permission était trop courte, était prêt à prendre le risque d'aller voir sa mère, souffrante selon les dires de sa sœur. Il s’était éclipsé après le départ de son CPIP pour finalement se présenter aux portes du pénitencier à 19h35 : plus de 4 heures 30 après la fin de sa permission.
 
"Monsieur connaissait bien les règles"
 
En droit français, revenir en retard de permission est constitutif d’une évasion. Suite à sa petite escapade, le détenu avait passé 20 jours "au mitard" (en cellule disciplinaire) et s’était vu retirer l’équivalent de 10 jours de crédits de réduction de peine. Libérable en juin 2022, le tribunal correctionnel l’avait dispensé de peine au motif que la prison avait déjà pris des sanctions.
 
"Le texte est clair là-dessus. Il peut y avoir des sanctions disciplinaires sans préjudice de la peine infligée par un tribunal", rappelle le ministère public, qui avait fait appel. Rappelant que "monsieur connaissait bien les règles", l’avocate générale précise que le motif de permission était "pour voir sa sœur et pas sa mère", et qu’il n’y avait aucune garantie qu’il était vraiment allé voir sa mère : "Il n’a apporté aucune preuve de l’état de santé de sa mère souffrante."
 
De l’autre côté, l’avocate de la défense justifie le geste de son client : "Il avait la boule au ventre quand son conseiller l’a ramené à Tatutu à 14h30. Il a la quarantaine passée, ses parents sont âgés. Et puis l’on parle de permission de 24 heures mais généralement, ils sortent le matin pour revenir dans l’après-midi."
 
Le parquet général évoquait hier une peine de prison supplémentaire de deux mois. La décision sera rendue le 2 septembre prochain.

Rédigé par Valentin Guelet le Jeudi 5 Aout 2021 à 18:44 | Lu 2733 fois