Femmes kanaks
SUVA, vendredi 9 mars 2012 (Flash d’Océanie) – La Journée internationale des femmes a été marquée ce jeudi 8 mars 2012 en plusieurs points d’Océanie, avec un leitmotiv : la lutte continue, aussi bien sur le plan des violences faites aux femmes de cette région que sur celui de la parité en politique, où ces douze derniers mois, des espoirs ont à nouveau été déçus.
Sacrifiant à une tradition désormais bien établie, les femmes de la capitale fidjienne ont défilé, mercredi soir, dans les rues de Suva, armées de seules bougies et flambeaux, pour une fois encore faire passer le message revendiquant le droit de se promener dans les rues seules, la nuit tombée, sans courir le risque de se faire agresser.
Nouveauté cette année : outre la capitale, cette manifestation, organisée par le centre national de crise pour les femmes (Fiji Women’s Crisis Centre, FCC), avait été étendue à d’autres points de l’archipel, comme Nadi (Ouest de l’île principale de Viti Levu) ou Savusavu (île de Vanua Levu, plus au Nord), afin de renforcer le thème choisi au plan mondial cette année : la défense de droits des femmes en milieu rural.
Cette année aussi, à Fidji, ces manifestations ont reçu le soutien de l’australienne Penny Williams, ambassadrice mondiale pour les femmes et les filles, venues à cette occasion soutenir le mouvement fidjien.
Elle a aussi, au cours de son séjour, présenté une publication consacrée, sous forme d’étude, aux violences faites aux femmes en Mélanésie et a Timor oriental.
Le constat dressé par cette étude, a-t-elle insisté, est encore alarmant et tend toujours à montrer que dans cette région de l’Océanie, qui inclut la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Vanuatu ou encore la Nouvelle-Calédonie et Fidji, « les violences conjugales faites aux femmes semblent encore être la norme ».
L’ambassadrice a néanmoins salué les efforts réalisés ces derniers mois à Fidji, où de nouvelles lois ont été mises en place afin de mieux protéger les femmes des abus, y compris ceux perpétrés au sein du foyer conjugal.
Au plan régional, les organisations dominantes, comme le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basé à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) ou encore le Secrétariat du Forum des Îles du Pacifique, ont-elles aussi marqué cette journée mondiale et, entre autres, encouragé une poursuite des efforts en vue de faire progresser la condition des femmes océaniennes dans les domaines social, politique et économique.
« Les femmes océaniennes sont confrontées à de nombreux défis : celles qui vivent dans les zones dites rurales t dans les îles éloignées sont souvent isolées et marginalisées, des services de base comme l’éducation et la santé sont souvent limités, très peu d’entre elles participent institutionnellement à la gouvernance locale et il leur est particulièrement difficile d’exercer leurs droits humains », a souligné depuis Nouméa le Directeur Général de la CPS, Jimmie Rodgers.
Faire émerger des « modèles »
Au Forum des Îles du Pacifique (FIP), à Suva, le message délivré à l’occasion de cette journée a voulu mettre en avant le « point critique » auquel se trouvent la plupart des pays océaniens en matière de promotion de l’égalité des genres et le fait que le FIP considérait toujours cet objectif comme une priorité.
« L’égalité des genres est cruciale pour le développement durable de notre région », a souligné le Secrétaire Général du FIP, le Samoan Tuiloma Neroni Slade.
Selon lui, l’un des leviers permettant de faire avancer cette cause pourrait être l’émergence de « modèles » féminins pouvant inspirer les nouvelles générations de femmes.
« L’an dernier, pour la première fois dans les quarante années d’histoire du Forum, une femme (Andie Fong Toy) a été nommée au poste de Directrice Générale Adjointe », a rappelé cette organisation régionale.
« Je suis persuadé que Mme Fong Toy représente un modèle pour les jeunes femmes désireuses de se lancer dans une carrière nationale et régionale de servie public », a estimé M. Slade.
Toutefois, ces douze derniers mois, certains espoirs de voir avancer la cause de la femme ont été déçus, en particulier en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dan ce pays, un texte visant à « réserver » aux femmes 22 des 109 sièges du Parlement avait été adoptée sur le principe fin novembre 2011.
Mais fin février 2012, la loi censée donner corps à ce concept a finalement été mise de côté par les députés, tous des hommes à l’exception de la seule élue femme de cette assemblée papoue : Mme Carol Kidu (originaire du Queensland, Australie), qui a par ailleurs annoncé récemment sa décision, à 63 ans, de se retirer de la vie politique après quinze ans de mandats électifs.
Ce projet de loi, qui pourrait être remis à l’ordre du jour par un Parlement au cours des mois à venir, ne pourra donc pas concerner les élections législatives, prévues en juin 2012 dans le plus grand pays de l’Océanie insulaire (sept millions d’habitants).
À Samoa, sur une question similaire concernant une éventuelle modification de la Constitution pour accorder une place plus grande aux femmes au sein de l’assemblée législative (avec cinq sièges réservés, soit dix pour cent du total des circonscriptions), les députés ont récemment exprimé des réticences et se sont interrogés sur la nécessité d’une telle mesure.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, par ailleurs, le phénomène de ce qui ne peut être décrit que comme des exécutions sommaires de femmes accusées de sorcellerie continue à susciter les plus vives inquiétudes.
Les dernières statistiques disponibles concernant cette seule cause de décès font état, chaque année, de pas moins de deux cent victimes, principalement dans les régions isolées et reculées de Hauts-Plateaux.
Rebondissant sur cette journée 2012 internationale des femmes, l’organisation humanitaire Amnesty International a une nouvelle fois exhorté le gouvernement papou à s’attaquer sérieusement à ce phénomène, en s’appuyant au besoin sur les ONG locales.
Outre l’ignorance et les croyances en milieu tribal, une autre cause a ces derniers mois été identifiée comme contribuant à ces assassinats : l’existence d’une vieille loi relative à la sorcellerie, toujours présente dans le code pénal, et qui semble faire croire à de nombreux dirigeants locaux, villageois ou coutumiers, qu’ils sont fondés à se faire justice eux-mêmes.
La rapporteure spéciale des Nations-Unies pour les violences faires aux femmes, Rashida Manjoo, devrait se rendre prochainement dans ce pays, sur l’invitation du gouvernement, afin dans un premier temps de tenter de dresser un bilan de ce phénomène et ensuite d’obtenir des engagements concrets de l’exécutif.
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Sacrifiant à une tradition désormais bien établie, les femmes de la capitale fidjienne ont défilé, mercredi soir, dans les rues de Suva, armées de seules bougies et flambeaux, pour une fois encore faire passer le message revendiquant le droit de se promener dans les rues seules, la nuit tombée, sans courir le risque de se faire agresser.
Nouveauté cette année : outre la capitale, cette manifestation, organisée par le centre national de crise pour les femmes (Fiji Women’s Crisis Centre, FCC), avait été étendue à d’autres points de l’archipel, comme Nadi (Ouest de l’île principale de Viti Levu) ou Savusavu (île de Vanua Levu, plus au Nord), afin de renforcer le thème choisi au plan mondial cette année : la défense de droits des femmes en milieu rural.
Cette année aussi, à Fidji, ces manifestations ont reçu le soutien de l’australienne Penny Williams, ambassadrice mondiale pour les femmes et les filles, venues à cette occasion soutenir le mouvement fidjien.
Elle a aussi, au cours de son séjour, présenté une publication consacrée, sous forme d’étude, aux violences faites aux femmes en Mélanésie et a Timor oriental.
Le constat dressé par cette étude, a-t-elle insisté, est encore alarmant et tend toujours à montrer que dans cette région de l’Océanie, qui inclut la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Vanuatu ou encore la Nouvelle-Calédonie et Fidji, « les violences conjugales faites aux femmes semblent encore être la norme ».
L’ambassadrice a néanmoins salué les efforts réalisés ces derniers mois à Fidji, où de nouvelles lois ont été mises en place afin de mieux protéger les femmes des abus, y compris ceux perpétrés au sein du foyer conjugal.
Au plan régional, les organisations dominantes, comme le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, basé à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) ou encore le Secrétariat du Forum des Îles du Pacifique, ont-elles aussi marqué cette journée mondiale et, entre autres, encouragé une poursuite des efforts en vue de faire progresser la condition des femmes océaniennes dans les domaines social, politique et économique.
« Les femmes océaniennes sont confrontées à de nombreux défis : celles qui vivent dans les zones dites rurales t dans les îles éloignées sont souvent isolées et marginalisées, des services de base comme l’éducation et la santé sont souvent limités, très peu d’entre elles participent institutionnellement à la gouvernance locale et il leur est particulièrement difficile d’exercer leurs droits humains », a souligné depuis Nouméa le Directeur Général de la CPS, Jimmie Rodgers.
Faire émerger des « modèles »
Au Forum des Îles du Pacifique (FIP), à Suva, le message délivré à l’occasion de cette journée a voulu mettre en avant le « point critique » auquel se trouvent la plupart des pays océaniens en matière de promotion de l’égalité des genres et le fait que le FIP considérait toujours cet objectif comme une priorité.
« L’égalité des genres est cruciale pour le développement durable de notre région », a souligné le Secrétaire Général du FIP, le Samoan Tuiloma Neroni Slade.
Selon lui, l’un des leviers permettant de faire avancer cette cause pourrait être l’émergence de « modèles » féminins pouvant inspirer les nouvelles générations de femmes.
« L’an dernier, pour la première fois dans les quarante années d’histoire du Forum, une femme (Andie Fong Toy) a été nommée au poste de Directrice Générale Adjointe », a rappelé cette organisation régionale.
« Je suis persuadé que Mme Fong Toy représente un modèle pour les jeunes femmes désireuses de se lancer dans une carrière nationale et régionale de servie public », a estimé M. Slade.
Toutefois, ces douze derniers mois, certains espoirs de voir avancer la cause de la femme ont été déçus, en particulier en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dan ce pays, un texte visant à « réserver » aux femmes 22 des 109 sièges du Parlement avait été adoptée sur le principe fin novembre 2011.
Mais fin février 2012, la loi censée donner corps à ce concept a finalement été mise de côté par les députés, tous des hommes à l’exception de la seule élue femme de cette assemblée papoue : Mme Carol Kidu (originaire du Queensland, Australie), qui a par ailleurs annoncé récemment sa décision, à 63 ans, de se retirer de la vie politique après quinze ans de mandats électifs.
Ce projet de loi, qui pourrait être remis à l’ordre du jour par un Parlement au cours des mois à venir, ne pourra donc pas concerner les élections législatives, prévues en juin 2012 dans le plus grand pays de l’Océanie insulaire (sept millions d’habitants).
À Samoa, sur une question similaire concernant une éventuelle modification de la Constitution pour accorder une place plus grande aux femmes au sein de l’assemblée législative (avec cinq sièges réservés, soit dix pour cent du total des circonscriptions), les députés ont récemment exprimé des réticences et se sont interrogés sur la nécessité d’une telle mesure.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, par ailleurs, le phénomène de ce qui ne peut être décrit que comme des exécutions sommaires de femmes accusées de sorcellerie continue à susciter les plus vives inquiétudes.
Les dernières statistiques disponibles concernant cette seule cause de décès font état, chaque année, de pas moins de deux cent victimes, principalement dans les régions isolées et reculées de Hauts-Plateaux.
Rebondissant sur cette journée 2012 internationale des femmes, l’organisation humanitaire Amnesty International a une nouvelle fois exhorté le gouvernement papou à s’attaquer sérieusement à ce phénomène, en s’appuyant au besoin sur les ONG locales.
Outre l’ignorance et les croyances en milieu tribal, une autre cause a ces derniers mois été identifiée comme contribuant à ces assassinats : l’existence d’une vieille loi relative à la sorcellerie, toujours présente dans le code pénal, et qui semble faire croire à de nombreux dirigeants locaux, villageois ou coutumiers, qu’ils sont fondés à se faire justice eux-mêmes.
La rapporteure spéciale des Nations-Unies pour les violences faires aux femmes, Rashida Manjoo, devrait se rendre prochainement dans ce pays, sur l’invitation du gouvernement, afin dans un premier temps de tenter de dresser un bilan de ce phénomène et ensuite d’obtenir des engagements concrets de l’exécutif.
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