Tahiti Infos

Journée de la forêt à Atimaono


Le ministre de l’Agriculture, Taivini Teai, a planté le premier pied de ‘uru.  Crédit : Tom Larcher
Le ministre de l’Agriculture, Taivini Teai, a planté le premier pied de ‘uru. Crédit : Tom Larcher
Tahiti, le 29 mars 2024 - Le ministre de l'Agriculture a présidé ce jeudi 28 mars la clôture de la Semaine de la forêt, non loin de la cocoteraie de Atimaono. À cette occasion, une centaine de pieds de 'uru ont été plantés par les jeunes lycéens présents pour l’événement. Un acte symbolique pour une plante symbolique, ici, en Polynésie.

Je fais ça comme je l’ai appris”, soufflait Taivini Teai, ministre de l'Agriculture, avant d’enfourner un premier pied de tumu ‘uru dans la terre, non loin de la cocoteraie de Atimaono. Ce jeudi 28 mars, il célébrait en compagnie d’élus et d’élèves des lycées agricoles alentour la Journée internationale des forêts, qui vient clore la Semaine de la forêt.
 
Cette Semaine de la forêt avait été initiée par l’entreprise Aoa avec l’inauguration de ses sentiers pédagogiques et la présentation des 230 hectares de forêt du domaine public dans lesquels ils effectuent actuellement une action de restauration dans la vallée de Mo’aroa, non loin de là. Pour la clôturer, le ministère de l’Agriculture a décidé d’une action symbolique : la plantation d’une centaine de pieds de 'uru, des variétés huero et rare. “Nous avons planté une centaine de pieds de 'uru qui viennent de la cellule recherche innovation et valorisation de la direction de l’agriculture (DAG) pour mettre en avant les techniques de développement agricole qui ont été mises en place par la DAG”, déclarait le ministre de l’Agriculture.
 
Ces pieds, ce sont des pieds “in vitro” venant tout droit des laboratoires de la direction de l’agriculture. À terme, ils devraient permettre d’avoir une forêt de 'uru de deux variétés “d’ici 5-6 ans, au bénéfice de la population mais aussi de l’agrotransformation”. Deux variétés pourquoi ? Car la forme du fruit est importante dans le processus de transformation, que ce soit en frites ou en farine. Limiter les variétés revient donc à limiter les formes de fruits trop disparates, et par conséquent à faciliter le traitement des fruits par les machines de transformation.
 
Une action symbolique
 
Cette action était importante pour la centaine d’élèves des Maisons familiales rurales (MFR) de Papara et de Vairao et les élèves du lycée agricole John-Doom de Taravao venus aider à la tâche, comme en témoignaient leurs professeurs. “D’autant plus que ce sont de futurs agriculteurs ou agronomes, donc ça prend toute cette symbolique”, expliquait un professeur d’histoire-géographie du lycée agricole John-Doom. Plus jeune, le professeur avait lui aussi participé à plusieurs actions similaires “comme beaucoup d’autres Polynésiens”. Des actions qui se feraient de moins en moins nombreuses chez cla jeunesse d’aujourd'hui, déplorait-il.
 
La plantation d'arbres fait pourtant partie intégrante de la culture polynésienne, rappelait le ministre de l'Agriculture. Notamment lors d’une naissance, où il était coutume d’enterrer le placenta du nouveau-né et d’y planter un arbre. “C’est une symbolique forte de reconnexion avec la terre mère et la terre nourricière”, disait Taivini Teai. L’arbre choisi pour l’action de ce 28 mars, le 'uru, est lui aussi une référence culturelle au Fenua, racontait Tevaiti-Ariipaea Pomare, ministre des Finances. “C’est un arbre mythique en Polynésie, tout le monde connaît la légende.” Cette légende à laquelle il fait allusion, c’est celle de Ruata’ata, ce père de famille qui se transforma en tumu ‘uru par chagrin de voir sa femme et ses enfants souffrir de faim.

Le tumu ‘uru est un arbre qui détient de nombreuses propriétés, dont certaines médicinales.  Crédit : Tom Larcher
Le tumu ‘uru est un arbre qui détient de nombreuses propriétés, dont certaines médicinales. Crédit : Tom Larcher
Un arbre riche en propriétés
 
Depuis, les tumu ‘uru ont accompagné les ancêtres des Polynésiens d'île en île, car grandement appréciés pour les diverses propriétés qu'ils possèdent : “On peut utiliser le tronc pour construire des pirogues, l’écorce pour faire du tapa, la gomme et la sève pour calfeutrer les pirogues, les feuilles qui ont des propriétés médicinales, qui ont des propriétés de prévention du diabète, mais aussi pour certaines variétés, des propriétés de prévention de cancer de la peau”, rajoutait Taivini Teai.
 
Pour l’instant, au-delà d'être un symbole pour les jeunes, cette forêt devrait surtout servir à des fins alimentaires. Un atout important aujourd'hui, selon le ministre des Finances. “Les forêts sont et seront importantes pour l’économie pour la transition alimentaire et celle-ci nous permettra de réfléchir à des systèmes d’agrotransformation pour plus tard.” Même si ce ne sont pour l’instant pas les impératifs du gouvernement, Taivini Teai évoquait également son intérêt pour une potentielle “valorisation des feuilles de certains ‘uru pour se servir de leurs propriétés cosmétiques et médicinales” dans un futur lointain.

Rédigé par Tom Larcher le Vendredi 29 Mars 2024 à 16:32 | Lu 1688 fois