Jeux de Polynésie : rencontre avec la délégation marquisienne


PAPEETE, le 17 décembre 2018 - Plus de 180 athlètes marquisiens sont à Tahiti pour défendre les couleurs de leur archipel. Après un week-end acharné, les Marquisiens s'imposent dans certaines disciplines, comme le football, par exemple. Comment cette délégation s'est-elle préparée pour ces jeux ? Eléments de réponse avec le chef de la délégation, Ani Peterano.

Les jeux des Marquises se sont tenus en décembre 2016. Aujourd'hui, les meilleures équipes sont à Tahiti pour représenter votre archipel. Comment s'est tenue la préparation pour cette finale Tahiti Nui ?
"Chaque groupe d'île a organisé les mini-jeux pour maintenir les sportifs en action. Il y a eu deux mini-jeux au Nord, le premier a été organisé à Nuku Hiva en 2017 et le second en novembre 2018. Dans le Sud, on a fait notre mini-jeu, au mois de novembre."

Les Marquises regroupent les îles du Nord et celles du Sud. Est-ce que la distance a été un frein pour la préparation des athlètes ?
"Chacun s'est préparé de son côté. Par exemple, les champions de Ua Pou ont un terrain de football pour s'entrainer. Ils ont fait des tournois avec la fédération, ainsi que plusieurs tournois pour rester en forme."

Est-ce que la chaleur de Tahiti ne plombe pas trop le moral de vos équipes ?
"Il faisait un peu chaud quand on est arrivé, mais, je pense que la chaleur va jouer sur toutes les équipes. Un de nos footballeurs nous a dit que cela pouvait être à notre avantage, puisque lors de leur rencontre avec les jeunes de Tahiti, il voyait qu'ils étaient fatigués. Alors que nos joueurs se sont entrainés à différents moments de la journée, même quand le soleil était au zénith. L'objectif était justement d'être prêt physiquement face à toutes les situations."

Parlons à présent des délégations tahitiennes, où on remarque que ce sont plutôt des jeunes de 16 à 19 ans qui affrontent les délégations des archipels, souvent composées d'adultes. Quel est votre point de vue par rapport à cela ?
"Pour le football, par exemple, dans la charte, il fallait que l'on retrouve des joueurs de moins de 20 ans, et là, nous avons eu en face les U17. On nous dit qu'il y a un problème technique parce que la sélection des U19 est en Nouvelle-Zélande. Donc, ils ont mis ces jeunes. Mais, ils ne sont pas mauvais, au contraire, ils ont un bon niveau pour leur âge. Sauf que les nôtres tiennent plus longtemps, du coup, ces jeunes craignent un peu les rencontres avec les grands. Mais, je trouve que cela peut être dangereux aussi pour ces jeunes, s'il y a trop d'écart au niveau de l'âge, même si techniquement, ils sont très bons."

Dans toutes les disciplines, on voit que les sélections tahitiennes ne sont composées que de jeunes. Cela ne vous dérange pas ?
"Normalement, les jeux de Polynésie permettent aux champions de chaque archipel de se rencontrer. Sur Tahiti, il n'y a pas de jeux des archipels, du coup, ils ont pris les plus jeunes."

Pourquoi ?
"Je pense que s'ils avaient pris les plus grands, il y aurait eu trop d'écart entre les archipels et Tahiti, parce que les moyens ne sont pas les mêmes. On sait que les séniors de Tahiti sont beaucoup plus forts que ceux des archipels, et s'ils jouent, les athlètes des archipels éloignés n'auront pas envie de venir sur Tahiti. Après, si on veut voir le niveau de nos archipels, ça aurait été mieux d'affronter les séniors. Mais, on sait aussi qu'on va se faire massacrer (rires)."

Comment se passe votre séjour à Tahiti ?
"Nous sommes arrivés mardi dernier, et nous sommes très contents de l'accueil, de l'hébergement, de la restauration, même si au départ, on devait se rendre dans une salle paroissiale protestante. Mais finalement, nous sommes contents d'être venus directement, et nous avons la chance de nous trouver dans les dortoirs, puisque nous avons tout à notre disposition. Alors que certaines équipes se retrouvent dans des classes, et ce n'est pas évident pour elles."

Aux Marquises, vous êtes entourés de verdure, ce qui n'est pas le cas de Tahiti. Est-ce que vous avez des athlètes qui se plaignent de maux de tête, dus à la pollution ?
"Pour l'instant, je n'ai eu aucune remarque de ce type. Et puis comme un artiste l'a dit : 'Gémir n'est pas de mise aux Marquises'".

À l'heure, où nous parlons, les Marquises sont à la 3è place du classement général provisoire. Quel est votre petit secret pour tenir jusqu'au bout ?
"Peut-être l'amour de son fenua Enata."

Les Marquisiens sont-ils fair-play en général ?
"Il y en a qui le sont et d'autres non. Une fois, j'avais assisté à un match de handbal et je n'ai pas aimé la réaction d'un de nos joueurs, lorsqu'ils ont joué contre Moorea. J'en ai fait part à l'entraineur."

Vous réunissez votre délégation tous les jours, pour faire le point ?
"Non pas du tout. Cette année, nous avons pris avec nous un jeune, Lionel Tehaamoana, qui retransmet tout ce que nous faisons sur notre page facebook "Henua Enana". Avec lui, nous faisons un bilan de ce qui se passe chaque jour, et s'il le faut, je vais voir les responsables des équipes. Et quand il y a un souci, ils viennent me voir."

Quel serait votre message ?
"Je souhaite un joyeux noël à toute la Polynésie, et bien évidemment à l'archipel des Marquises. Passez une belle année 2019."



Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 17 Décembre 2018 à 16:55 | Lu 1051 fois