Jeux de Polynésie : rencontre avec la délégation des Raromata’i


PAPEETE, le 20 décembre 2018 - Plus de 170 athlètes des Raromata’i sont à Tahiti pour défendre les couleurs de leur archipel. Pour ces jeux de Polynésie, quelques champions des Îles-Sous-Le-Vent manquent à l’appel. Pour le responsable de la délégation, Tony Hiro, il faudrait que cet événement perdure dans le temps. Interview.

Comment vous êtes-vous préparés pour cette finale Tahiti Nui ?
"À part les autres disciplines, le football s’y est pris un peu tard, parce que nous avons aussi à cette même date, une manifestation à Huahine, le "Toa Mo’a". Ça fait 4 ans que cet événement a lieu et il attire même des communes de Punaauia, de Papeete… avec comme discipline, le futsal, le foot à 8. Et là, on nous annonce que Raiatea a été qualifié en football. Donc, les équipes de Raiatea s’étaient déjà inscrites au mois de juillet pour Huahine, ce qui fait que pour ces jeux de Polynésie, on ne s’est pas bien préparés et on le voit dans les résultats de football, où nous ne sommes pas à l’aise. C’est la première fois que Raiatea n’est pas sur le podium, au classement. C’est un peu décevant, mais bon, on a essayé de sélectionner l’avenir, les U20, avec trois vétérans. Par contre, pour le basket-ball, on sera en demi-finale… et pour les autres disciplines, on a pu aussi se préparer correctement, parce qu’on nous a annoncé en février que les Jeux de Tahiti Nui se feront en décembre."

Est-ce que la chaleur en ce moment ne plombe pas trop le moral de vos équipes ?
"Non, en principe quand on est un athlète, on arrive à tenir peu importe les situations."

Parlons à présent des délégations tahitiennes, où on remarque que ce sont plutôt des jeunes de 16 à 19 ans qui affrontent les délégations des archipels, souvent composées d'adultes. Quel est votre point de vue par rapport à cela ?
"Tahiti est en train de se projeter sur ses futures équipes."

Cela ne vous dérange pas ?
"Au contraire, parce qu’il y a toujours un décalage entre les équipes de Tahiti, qui s’entraînent beaucoup et les îles. Pour nous, c’est réconfortant. On ne peut pas se mesurer à la sélection de Tahiti, sinon, ce ne sera pas la peine de venir, puisqu’on saura à l’avance qui remportera les jeux."

Dans certaines disciplines, comme pour le volley-ball, par exemple, les joueurs de Raiatea aiment provoquer leurs adversaires, comme cela a été le cas avec l’équipe de Tahiti.
"Je n’ai pas vu cette attitude, de toute manière, je vais en parler avec le coach. J’ai vu le même scénario à Bora Bora et je leur ai dit qu’un athlète ne se comportait pas comme cela. À notre époque, dès qu’on faisait le bras d’honneur, on était sanctionné par un carton rouge. La provocation n’est pas une bonne chose."

Comment se passe votre séjour à Tahiti ?
"Nul n’est pas parfait. Il n’y a pas d’organisation parfaite, mais on essaye d’être à la page. Il faut vivre avec. J’ai vu la déclaration du coach de tennis de table, quand il disait, qu’on dormait bien, qu’on mangeait bien et qu’on jouait bien. Je crois que c’est significatif. Il y a d’autres qui rouspètent, et je leur dirai qu’il faut vivre avec ce que l’on a."

À l'heure, où nous parlons, les Raromata’i sont 3e au classement général provisoire. Quel est votre sentiment ?
"C’est assez difficile parce que les sites de compétition sont espacés. En plus, nous avons des îles qui n’ont pas pu venir à ces jeux, comme Maupiti. Les champions de Maupiti en tū’aro mā’ohi, ne sont pas là. J’ai demandé au COPF de mettre des délégations dans chaque île, si on veut faire évoluer le sport. À notre époque, on avait une représentativité dans chaque île des Raromata’i."

Vous réunissez votre délégation tous les jours, pour faire le point ?

"Ils sont assez grands et il faut les responsabiliser."

Tony, vous êtes un ancien ministre des sports. Donc, avec du recul, comment voyez-vous le sport Polynésien aujourd’hui ?
"Il faut que l’on ramène ce qui revient au sport. Il y avait 5 francs sur la canette de bière et ce budget a été noyé dans la masse budgétaire. C’est un appel au gouvernement. Si on ramène tout cela, on aurait aucun souci financier. Les clubs bâtisseurs subissent en ce moment. À l’époque, ces clubs étaient mis en avant et ils se chargeaient de leurs propres installations. C’était une réussite. Aujourd’hui, il n’y a presque plus d’aides."

Quel serait votre message ?
"Je crois que les jeux sont une réussite. Il faut maintenant perpétuer, parce qu’à notre époque, c’était tous les quatre ans. C’est un événement fédérateur."



Rédigé par Corinne Tehetia le Jeudi 20 Décembre 2018 à 10:31 | Lu 498 fois