Jeux de Polynésie : rencontre avec la délégation des Australes


PAPEETE, le 19 décembre 2018 - Plus de 150 athlètes des Australes sont à Tahiti pour défendre les couleurs de leur archipel. Pour ces Jeux de Polynésie, la délégation n’a aucun athlète issu de Rapa, malgré les médailles d’or remportées par celle-ci à Rimatara en août 2017. Michel Paillé, le représentant de cet archipel s’est confé à Tahiti Infos.

Comment vous êtes-vous préparés pour cette finale Tahiti Nui ?
"Ces jeux ont quand même été assez difficiles à mettre en place, étant donné qu’on a été avisé, il y a à peine trois mois. En principe, les délégations sont averties un an à l’avance. Cette année, on a tous été pris de court, mais on a fait ce qu’on pouvait."

Rapa ne fait pas partie de la délégation, pourquoi ?

"En effet. Pour moi, la période des jeux n’est pas adaptée par rapport au bateau et aux fêtes de fin d’année, puisque c’est une période où les familles veulent avoir leurs enfants avec elles. Si Rapa était venue, il aurait fallu que les athlètes viennent 15 jours avant les jeux, pour un retour le 12 ou 14 janvier à Rapa. Je le regrette vraiment, parce que ce sont des athlètes qui méritent d’être ici. Il y a eu des disciplines où ils ont gagné la médaille d’or. S’ils étaient là, il y aurait eu des surprises en futsal et en football, parce que ces équipes ont un potentiel. Le responsable de Rapa est certes déçu, mais ils ont pris la décision de ne pas venir. C’est la raison pour laquelle, nous avons pris les équipes qui ont remporté la médaille d’argent. Donc, Rimatara en football et en futsal masculin, et Rurutu en futsal féminin. Mais ces équipes n’ont pas eu le temps de se préparer."

Est-ce que la chaleur sur Tahiti ne plombe pas trop le moral de vos équipes ?
"Oui et non. Non parce qu’il faut savoir s’adapter, et effectivement, il y a une période fraîche aux Australes, mais ça va, parce qu’actuellement, il pleut beaucoup chez nous. Mais je ne pense pas que cela impactera le moral de mes jeunes."

Parlons à présent des délégations tahitiennes, où on remarque que ce sont plutôt des jeunes de 16 à 19 ans qui affrontent les délégations des archipels, souvent composées d'adultes. Quel est votre point de vue par rapport à cela ?
"J’ai toujours trouvé que cela était une bonne idée, étant donné que les moyens ne sont pas les mêmes."

Dans toutes les disciplines, on voit que les sélections tahitiennes ne sont composées que de jeunes. Cela ne vous dérange pas ?
"Pas du tout. Par contre, je souhaiterais que les délégations tahitiennes viennent dans les archipels au lieu d’aller à l’étranger, pour justement développer le sport dans les archipels. Tant qu’on n’aura pas ces relations, le sport des archipels n’évoluera pas. Il fut une époque, où le football et le volley-ball se déplaçaient dans les îles. Et depuis plus de 10 ans, on préfère balancer l’argent à l’extérieur que de le garder en Polynésie. On sait très bien qu’il y a des coupes du monde à mettre en place, mais il faut aussi trouver les moyens pour développer les archipels, et envoyer les équipes dans nos îles, ce serait une récompense et cela pourrait remonter le niveau des sportifs des îles."

Justement, vous avez été notamment président du club de Vénus, donc vous connaissez un peu les possibilités qui sont mises à la disposition des clubs tahitiens. Donc, vous pensez que déplacer des fédérations tahitiennes dans les îles est possible ? Qui devrait prendre en charge cela ?
"Il y a bien évidemment l’appui du Pays, mais il faut aussi que les clubs fassent des recherches de fonds et il faut que les communes participent également, c’est tout un ensemble. Les îles reçoivent tout le temps des clubs, donc, il n’y a pas de souci de ce côté-là. Il faut remettre ces liens en place."

Comment se passe votre séjour à Tahiti ?
"Nous sommes arrivés le 12 décembre et nous sommes composés de 155 personnes. Notre séjour se passe bien, même s’il y a eu quelques petits problèmes. Mais, on en a parlé en réunion et je n’ai pas envie de déballer tout cela sur la place publique."

Aux Australes, vous êtes entourés de verdure, ce qui n'est pas le cas de Tahiti. Est-ce que vous avez des athlètes qui se plaignent de maux de tête, dus à la pollution ?
"Non, pas du tout. Nous sommes situés dans des logements bien adaptés, où il y a de la verdure. On a eu un petit souci au départ avec un manque de WC et de douches, mais cela a été résolu par la suite."

À l'heure, où nous parlons, les Australes sont à la 4e place du classement général provisoire. Quel est votre sentiment ?
"C’est normal, si Rapa était là, on aurait pu atteindre la 3e place. Je dis qu’aux Australes, il y a beaucoup à faire et il ne faut pas oublier que le sport s’est arrêté il y a plusieurs années, et les anciens se sont arrêtés. Il fallait aussi renouveler les cadres."

Les athlètes des Australes sont fair-play en général ?

"Il n’y a pas plus fair-play qu’eux."

Vous réunissez votre délégation tous les jours, pour faire le point ?
"Je suis avec eux tous les jours."

Quel serait votre message ?
"Je souhaite que les fédérations s’impliquent un peu plus et qu’elles envoient nos sélections dans les îles. C’est ce qui va apporter un plus dans le développement des archipels. Il ne faut pas regarder seulement Tahiti. Il faut que les fédérations aillent vers les îles. Il faut reprendre ce qui a été fait avec Napoléon Spitz et Reynald Temarii, en envoyant des formateurs et des instructeurs dans les îles. Il faudrait relancer aussi les délégués du COPF dans chaque archipel, pour qu’il y ait une communication sincère entre les archipels et Tahiti."


Rédigé par Corinne Tehetia le Mercredi 19 Décembre 2018 à 08:22 | Lu 926 fois