Jeudi noir en prévision


Les organisations syndicales des fonctionnaires d’Etat réunis dans les locaux du STIP à Papeete.
Tahiti, le 17 janvier 2023 – Les syndicats de fonctionnaires d’État se sont rassemblés mardi pour appeler à une protestation commune face au projet de réforme des retraites du gouvernement français. L’intersyndicale appelle, comme en métropole, à une journée de manifestations jeudi. Des fortes perturbations sont à prévoir, notamment dans le secteur scolaire.
 
L’intersyndicale des fonctionnaires d’État en Polynésie appelle à une grève “massive” ce jeudi après la présentation de la réforme des retraites par le gouvernement français la semaine passée. Toutes les organisations syndicales qui représentent les agents de l’État au fenua étaient réunies mardi matin dans les locaux du STIP à Papeete pour s’unir face à ce projet de réforme. Voilà près de douze ans qu’elles n’avaient pas appelé à manifester ensemble.

Se calquant sur les prérogatives de leurs centrales nationales, elles ont annoncé manifester, comme elles, le 19 janvier. “On appelle tous les travailleurs qu’ils soient fonctionnaires d’État ou non, à venir manifester jeudi et faire front commun contre les dangers auxquels nos valeurs sociales font face”, a déclaré Ropati Tiaitau, la secrétaire générale de Solidaire Polynésie face à la presse. Les manifestants sont attendus à 8h30 dans la rue Napoléon Spitz près de l’école To’ata. Une marche débutera ensuite, suivant le front de mer, puis le boulevard de la reine Pomare, jusqu’au haut-commissariat où les membres du cortège déposeront leurs revendications. L’intersyndicale compte d’ailleurs pour la suite se baser sur les décisions des organisations syndicales centrales à Paris pour définir les prochaines journées de grève. Celles-ci vont se réunir dans les prochains jours pour “faire monter crescendo la grève pour faire fléchir le gouvernement”, selon Ropeti Tiaitau. Le conflit ne se limitera donc certainement pas à une journée, mais à plusieurs, en attendant le vote définitif de cette réforme dans l’hémicycle parisien. Le préavis de deux mois déposé par l’UNSA la semaine dernière va d’ailleurs dans ce sens. De nombreuses grèves et perturbations sont à prévoir dans les écoles mais également dans tous les secteurs du service d’État, comme l’aviation civile, la douane, la police…
 
Revendications polynésiennes
 
Ni un jour, ni un mois, ni un an de plus”. Tel est le slogan de la banderole de l’UNSA qui trônait mardi au-dessus des syndicalistes. La revendication principale est simple, la suppression pure et simple de plusieurs mesures de cette réforme, comme le report de l’âge de départ à la retraite (qui passerait de 62 à 64 ans) et l’augmentation de la durée de cotisation. “Pour les métiers pénibles, appartenant à la catégorie dite active, l’âge de la retraite va également augmenter, passant de 57 à 59 ans. Même si on a déjà toutes nos annuités”, s’indigne la secrétaire générale de Solidarité Polynésie.
L’intersyndicale, en plus de réaffirmer les revendications nationales, compte s’appuyer sur des arguments propres à la Polynésie et aux territoires ultra-marins. “Nous avons une espérance de vie bien plus faible ici qu’en métropole”, explique Ropati Tiaitau, “la réforme va donc priver de nombreuses personnes d’une retraite en bonne santéNous souhaitons avoir un niveau de vie et des revenues dignes quand nous arrivons à l’âge de la retraiteAvec la suppression progressive de l’ITR, on est vraiment en train d’appauvrir les fonctionnaires retraités”. Melba Kaua, secrétaire générale adjointe de l’UNSA et porte-parole de l’intersyndicale, a également souhaité prévenir que “si cette réforme passe au niveau national, elle pourrait également être présentée par le gouvernement polynésien”. En Polynésie française, 10 500 fonctionnaires d’État sont concernés par cette réforme.

 

Marurai Agnieray - représentant de Solidaire douane Polynésie

En quoi la réforme va impacter votre profession ?

“Déjà, nous nous opposons fortement à cette réforme. En douane, nous avons les agents sédentaires et ceux dits de catégorie active. Ce sont ceux que vous voyez en uniforme à l’aéroport et au port. J’en fais également partie. Nous travaillons de jour comme de nuit, peu importe la météo. On fait des contrôles de valises, de véhicules et même de conteneurs. Par conséquent, c’est un travail pénible et physique qui peut même être risqué parfois. Les agents sédentaires devront travailler jusqu’à 64 ans, ce qui est déjà injuste. Mais pour ces agents de douane dit “actif” dont la retraite est actuellement à 57 ans et qui passerait à 59, ça l’est encore plus, surtout quand on connait la pénibilité de notre travail. L’avancement de départ à la retraite impactera forcément nos performances.”
 
Quel sera votre taux de participation ?

“Nous sommes 133 agents de douane en Polynésie. Nous, Solidaire douane, on représente une cinquantaine de douaniers. Je ne pourrais pas donner un taux de participation exact, mais on appelle tous nos collègues à manifester et à nous soutenir.”
 

Tania Brandts-Buys- représente de Solidaires finances publiques

Pourquoi s’être associé avec les autres syndicats ?

“Je représente les fonctionnaires de la direction des finances publiques de l’État en Polynésie. On s’est associé avec les autres syndicats pour être plus forts, pour que notre voix soit plus forte et pour montrer un mécontentement général qui nous concerne tous. Solidaire finances publiques va donc se calquer sur les indications prises sur l’intersyndicale qui elle-même va suivre les indications des centrales nationales. Nous nous mobiliserons autant de fois que nécessaire.”
 
Quels sera le taux de participation ?

“Ici, à la direction locale, on est 130 fonctionnaires. Pour l’instant on ne connait pas le taux exact de participation dans nos rangs, mais on espère qu’il sera d’au moins 50%. C’est vraiment une réforme qui nous concerne tous et j’espère que nous serons unis pour ce combat.”
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 17 Janvier 2023 à 19:40 | Lu 1983 fois