Tahiti, le 7 avril 2025 - Ce lundi, le tribunal de première instance de Papeete s'est saisi d'un dossier de trafic de stupéfiants ayant eu lieu en 2023 et portant sur l’importation de près de 4 kg d'ice répartie sur trois opérations. Une affaire complexe où les huit prévenus ont essayé de revenir sur leurs dépositions, assurant avoir subi des pressions de la part des enquêteurs. Une comédie, savamment jouée et orchestrée par un meneur passé maître dans l'art de l'influence.
Le coût de la vie, le manque d'opportunités, ou encore l'adversité, semblent encourager les individus les plus téméraires à tenter le pire. C'est en tout cas ce qui a motivé une femme malade, d'environ la cinquantaine, en pleine procédure de divorce et sans le sou, à s'aventurer dans le trafic de stupéfiants. En effet, le 26 juin 2023, à l'aéroport de Tahiti-Faa'a, celle-ci a été contrôlée par la douane au retour d'un séjour à Los Angeles. Et dans ses valises, 927 grammes d'ice répartis dans des boudins dissimulés dans différents produits de consommation courante : boites de chocolats, de café, jouets, etc. Placée en retenue douanière, la primo délinquante a immédiatement reconnu les faits et a déclaré avoir accepté d'introduire des produits stupéfiants contre rétribution : une somme de 5 millions de francs lui avait été promise en contrepartie du conditionnement de l'ice et du transport de la valise jusqu'à Papeete. Un projet initié quelques mois auparavant par un entrepreneur local, qui aurait financé son voyage, mais aussi celui d'autres complices. Huit au total, sur deux voyages, avec chacun un rôle bien établi. Ou presque.
En effet, l'enquête a révélé qu'un premier voyage avait été réalisé avec succès, le mois d'avril précédent, permettant l'importation de près d'un kilo de méthamphétamines sur le territoire. Une première mission qui a nécessité le concours de la sœur de l'entrepreneur, de son tāne, d'un vieil homme qui n'a d'yeux que pour elle, d'un beau frère et de la quinquagénaire – qui s'est désistée au dernier moment lors de la première opération – pour conditionner et assurer le transport de la marchandise. Une mission rendue possible aussi et surtout par l'intervention d'un autre entrepreneur, désigné quant à lui comme étant “le financeur” lors de l'achat de drogues aux États-Unis. Un premier succès sans bavure qui en appelait nécessairement un autre. Du moins l’ont-ils cru. Arrêtée par la douane lors du deuxième voyage, en juin donc, la quinquagénaire n'a pas mis longtemps avant de lâcher le morceau et dénoncer ses complices. Arrêtés et placés en garde à vue, ces derniers ont également été plutôt coopératifs, n'hésitant pas d'ailleurs à être plutôt généreux quant aux détails des opérations et du rôle de chacun. Une investigation qui a également permis de récupérer 1,851 kilos dans un container en provenance des États Unis, commandé par “l'entrepreneur” et le “financeur”.
Amnésie générale à la barre
Seul problème, ce lundi, devant le tribunal de Papeete, les prévenus ont décidé de changer leur fusil d'épaule et de revenir sur leurs déclarations ou de les nier en bloc. En effet, deux ans après les faits, certains assurent avoir subi des pressions, notamment de la part des enquêteurs. “Je n'ai pas dit ça, ce sont les enquêteurs qui l'ont dit”, ont répété à deux ou trois reprises plusieurs prévenus lors de leur confrontation avec le président du tribunal. Certains n'ont pas hésité à dire que “les conditions de détention en garde à vue sont aujourd'hui déplorables”, voire dangereuses. À l'exemple d'un des prévenus, souffrant de troubles respiratoires, obligé de s'allonger par terre, près de la porte, afin de respirer l'air frais du couloir. Pour d'autres, la détention était tellement longue, et les enquêteurs tellement oppressant, qu'ils disent avoir préféré “donner ce qu'ils voulaient entendre”. Mais dans la plupart des cas, face aux évidences accablantes, tous ont joué la carte de l'amnésie : “Je ne sais pas […] Je ne sais plus”, ou tout simplement “peut-être, je n'ai pas cherché à savoir”. Une attitude générale qui n'a pas manqué d'agacer le président du tribunal au point de le souligner : “C'est incroyable cette affaire, personne ne se souvient de quoique ce soit !” Pour autant, tous sont unanimes sur un point, l'instigateur de ces missions c'est l'entrepreneur.
Un ‘un pour tous, tous contre un’ qui n'a pas plus au cerveau de l'histoire, qui s'est d'ailleurs hâté de rafraîchir la mémoire de ses camarades – ou de ses pions – en rappelant à la barre le rôle que chacun a joué. “Nous étions au restaurant et nous avons parlé de ces projets. Ils étaient au courant de ce qu'on allait faire aux États-Unis. Ils ont tous participé”, a expliqué clairement l'individu. Et pour cause : il explique par exemple que c'est le “financeur” qui a organisé la rencontre avec le dealer afin de récupérer la drogue, que c'est sa sœur qui s'était occupée du rangement de la marchandise et du transport, ou encore que sa fausse maîtresse était en fait celle qui revendait et écoulait les stocks. Et s'il a bien tenté de minimiser son rôle dans cette histoire, le tribunal a vu clair dans son jeu : l'homme est un manipulateur habile et tire les ficelles à sa guise.
Des peines exemplaires requises
Compte tenu des infractions commises et des quantités de stupéfiant importées sur le territoire lors des trois opérations, la Direction régionale des douanes de Polynésie française a requis en tant que partie civile, deux amendes solidaires de 120 millions de francs pour les deux voyages en groupe, et une amende de 222 millions réclamée solidairement à “l'entrepreneur” et au “financeur” dans le cadre de la saisie du container de novembre 2023. Concernant le ministère public, celui-ci requiert 9 ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt pour les deux grosses têtes de l'opération, 7 et 6 ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt pour la quinquagénaire et la sœur de l'entrepreneur, et enfin, des peines allant de 5 à 3 ans d'emprisonnement – certains avec sursis probatoire – pour les autres complices en fonction de leur implication. Le délibéré sera rendu mardi.
Le coût de la vie, le manque d'opportunités, ou encore l'adversité, semblent encourager les individus les plus téméraires à tenter le pire. C'est en tout cas ce qui a motivé une femme malade, d'environ la cinquantaine, en pleine procédure de divorce et sans le sou, à s'aventurer dans le trafic de stupéfiants. En effet, le 26 juin 2023, à l'aéroport de Tahiti-Faa'a, celle-ci a été contrôlée par la douane au retour d'un séjour à Los Angeles. Et dans ses valises, 927 grammes d'ice répartis dans des boudins dissimulés dans différents produits de consommation courante : boites de chocolats, de café, jouets, etc. Placée en retenue douanière, la primo délinquante a immédiatement reconnu les faits et a déclaré avoir accepté d'introduire des produits stupéfiants contre rétribution : une somme de 5 millions de francs lui avait été promise en contrepartie du conditionnement de l'ice et du transport de la valise jusqu'à Papeete. Un projet initié quelques mois auparavant par un entrepreneur local, qui aurait financé son voyage, mais aussi celui d'autres complices. Huit au total, sur deux voyages, avec chacun un rôle bien établi. Ou presque.
En effet, l'enquête a révélé qu'un premier voyage avait été réalisé avec succès, le mois d'avril précédent, permettant l'importation de près d'un kilo de méthamphétamines sur le territoire. Une première mission qui a nécessité le concours de la sœur de l'entrepreneur, de son tāne, d'un vieil homme qui n'a d'yeux que pour elle, d'un beau frère et de la quinquagénaire – qui s'est désistée au dernier moment lors de la première opération – pour conditionner et assurer le transport de la marchandise. Une mission rendue possible aussi et surtout par l'intervention d'un autre entrepreneur, désigné quant à lui comme étant “le financeur” lors de l'achat de drogues aux États-Unis. Un premier succès sans bavure qui en appelait nécessairement un autre. Du moins l’ont-ils cru. Arrêtée par la douane lors du deuxième voyage, en juin donc, la quinquagénaire n'a pas mis longtemps avant de lâcher le morceau et dénoncer ses complices. Arrêtés et placés en garde à vue, ces derniers ont également été plutôt coopératifs, n'hésitant pas d'ailleurs à être plutôt généreux quant aux détails des opérations et du rôle de chacun. Une investigation qui a également permis de récupérer 1,851 kilos dans un container en provenance des États Unis, commandé par “l'entrepreneur” et le “financeur”.
Amnésie générale à la barre
Seul problème, ce lundi, devant le tribunal de Papeete, les prévenus ont décidé de changer leur fusil d'épaule et de revenir sur leurs déclarations ou de les nier en bloc. En effet, deux ans après les faits, certains assurent avoir subi des pressions, notamment de la part des enquêteurs. “Je n'ai pas dit ça, ce sont les enquêteurs qui l'ont dit”, ont répété à deux ou trois reprises plusieurs prévenus lors de leur confrontation avec le président du tribunal. Certains n'ont pas hésité à dire que “les conditions de détention en garde à vue sont aujourd'hui déplorables”, voire dangereuses. À l'exemple d'un des prévenus, souffrant de troubles respiratoires, obligé de s'allonger par terre, près de la porte, afin de respirer l'air frais du couloir. Pour d'autres, la détention était tellement longue, et les enquêteurs tellement oppressant, qu'ils disent avoir préféré “donner ce qu'ils voulaient entendre”. Mais dans la plupart des cas, face aux évidences accablantes, tous ont joué la carte de l'amnésie : “Je ne sais pas […] Je ne sais plus”, ou tout simplement “peut-être, je n'ai pas cherché à savoir”. Une attitude générale qui n'a pas manqué d'agacer le président du tribunal au point de le souligner : “C'est incroyable cette affaire, personne ne se souvient de quoique ce soit !” Pour autant, tous sont unanimes sur un point, l'instigateur de ces missions c'est l'entrepreneur.
Un ‘un pour tous, tous contre un’ qui n'a pas plus au cerveau de l'histoire, qui s'est d'ailleurs hâté de rafraîchir la mémoire de ses camarades – ou de ses pions – en rappelant à la barre le rôle que chacun a joué. “Nous étions au restaurant et nous avons parlé de ces projets. Ils étaient au courant de ce qu'on allait faire aux États-Unis. Ils ont tous participé”, a expliqué clairement l'individu. Et pour cause : il explique par exemple que c'est le “financeur” qui a organisé la rencontre avec le dealer afin de récupérer la drogue, que c'est sa sœur qui s'était occupée du rangement de la marchandise et du transport, ou encore que sa fausse maîtresse était en fait celle qui revendait et écoulait les stocks. Et s'il a bien tenté de minimiser son rôle dans cette histoire, le tribunal a vu clair dans son jeu : l'homme est un manipulateur habile et tire les ficelles à sa guise.
Des peines exemplaires requises
Compte tenu des infractions commises et des quantités de stupéfiant importées sur le territoire lors des trois opérations, la Direction régionale des douanes de Polynésie française a requis en tant que partie civile, deux amendes solidaires de 120 millions de francs pour les deux voyages en groupe, et une amende de 222 millions réclamée solidairement à “l'entrepreneur” et au “financeur” dans le cadre de la saisie du container de novembre 2023. Concernant le ministère public, celui-ci requiert 9 ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt pour les deux grosses têtes de l'opération, 7 et 6 ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt pour la quinquagénaire et la sœur de l'entrepreneur, et enfin, des peines allant de 5 à 3 ans d'emprisonnement – certains avec sursis probatoire – pour les autres complices en fonction de leur implication. Le délibéré sera rendu mardi.