Tahiti Infos

Jean Pellissier raconte la traversée du Tahiti Nui II et III


Photo de l’équipage au complet,  du Tahiti Nui 2, à Constitucion (Chile) et prise  la veille du grand départ, en février 1958. De gauche à droite : Hans Fisher, Alain Brun, Horation Blanco, un ami chilien, Éric de Bisschop, Juanito Bugueño et Jean Pellissier.
Photo de l’équipage au complet, du Tahiti Nui 2, à Constitucion (Chile) et prise la veille du grand départ, en février 1958. De gauche à droite : Hans Fisher, Alain Brun, Horation Blanco, un ami chilien, Éric de Bisschop, Juanito Bugueño et Jean Pellissier.
PAPEETE, le 26 octobre 2017 - De passage au Chili pour l'année internationale géophysique en 1956, Jean Pellissier a rencontré Éric de Bisshop, un aventurier qui voulait démontrer que les Polynésiens avaient été capables de traverser le Pacifique d'est en ouest. Il a embarqué sur le Tahiti-Nui II, un radeau lancé sur les eaux avec cinq membres d'équipage.

En 1957, un radeau en bambou, le Tahiti-Nui I est parti de Tahiti vers le Chili. Éric de Bisshop, à son bord, voulait démontrer ainsi que les polynésiens, grands navigateurs avaient été capables de traverser le grand océan pour rallier Tahiti au continent sud-américain. Mais l'embarcation a coulé lors d'une tempête au large des côtes chiliennes après des mois de navigation.

Un second radeau a été construit, en cyprès cette fois-ci, le Tahiti Nui II. Identique au premier, il partir de Constitucion vers Tahiti en février 1958. Jean Pellissier, aujourd'hui installé en Polynésie, comptait parmi les cinq membres d'équipage. Il raconte dans le livre l'Odyssée des radeaux Tahiti-Nui II et III, Tahiti – Chili 1956 – 1958, paru chez 'Ura Éditions ce qu'il a vécu.

"J'ai écrit ce livre après la traversée, en quelques semaines. Il a été édité une première fois. Il avait eu pas mal de retentissement à l'époque. Nous le rééditons pour rappeler que les Polynésiens sont de grands navigateurs. La Polynésie est un pôle d'attraction d'un point de vue de la navigation", explique Jean Pellissier. La sortie de ce livre est aussi l'occasion d'enrichir la culture maritime du Pays.

À la fin des années 1950, "nous n'étions pas beaucoup de français au Chili", se rappelle Jean Pellissier. "Je suis devenu ami avec Francis Cowan, un grand navigateur polynésien qui avait assisté à l'arrivée de Thor Heyerdahl à Tahiti en 1947." Il s'est vu confier la fabrication du Tahiti Nui par Éric de Bisshop et a embarqué sur le Tahiti Nui I.

Par l'intermédiaire de Francis Cowan, Jean Pellissier a rencontré Éric de Bisshop. "Il manquait deux personnes pour partir sur le Tahiti Nui II, j'ai dit oui. J'ai emmené un ami avec moi." Jean Pellissier avait une vingtaine d'années, il avait "le goût de l'aventure". "Étant océanographe, j'avais beaucoup navigué et connaissait bien les dangers de la mer, mais j'ai dit oui sachant à quoi je m'exposais." Il a quitté son travail.

Le 15 février, à Constitucion, l'ambiance était "poignante". "Il y avait beaucoup de monde, c'était folklorique. On partait tout de mer sur un radeau." Éric de Bisshop, 68 ans, capitaine de l'expédition, Alain Brun, 28 ans, second et navigateur, Jean Bugueno, 29 ans, marin, Hans Fischer, 29 ans, ingénieur des mines, océanographe et Jean Pellissier, 25 ans se sont élancés, escortés.

"Pour pouvoir partir, il fallait que l'on nous remorque jusqu'au vent, en mer. Il y avait une cinquantaine d'embarcations à la rame tout autour de nous." Puis l'aventure a commencé. "On s'est retrouvé sur ce morceau de bois flottant, l'eau était glacée. C'est la particularité des courants de cette région qui rendent l'eau si froide." Les jours ont passés, ils se sont succédé, tantôt bons, tantôt mauvais.

Le Tahiti Nui II est resté en mer longtemps mais il a été rongé par les tarets, des mollusques qui s'attaquent au bois immergé. "Nous avons coulé". Mais, avant cela, l'équipage a eu le temps de construire le Tahiti Nui-III, un radeau de fortune. Jean Pellissier raconte ce périple, sept mois de mer que le lecteur peut redécouvrir page après page, à la veille de la célébration des 60 ans du départ du Tahiti Nui II.

"Nous fêterons ça l'année prochaine, à Constitucion", glisse l'auteur au passage. Devrait être présent le petit fils d'Éric de Bisshop, Franck Goddio. Un archéologue qui a découvert la ville de Thônis-Héracleion (Égypte) et a dirigé les fouilles du site submergé de Canope-est et celles du port antique d'Alexandrie.

Rendez-vous

Dédicace le samedi 28 octobre à la librairie Odyssey.
De 9 heures à midi.
Tél.: 40 54 25 25

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 26 Octobre 2017 à 11:05 | Lu 2689 fois